L'AC Milan n'est plus… ou en tout cas le grand, l'immense Milan AC n'est plus. Ce n'est un secret pour personne, on est arrivé à la fin d'un cycle dans la capitale Lombarde et pourtant, la page semble bien difficile à tourner. Le poids de l'histoire, peut-être, mais pas seulement.
Pour tenter d'expliquer les difficultés que connait actuellement le Milan AC, commençons par des banalités. Des banalités… bien sûr, ce n'est pas ce qu'il y a de plus intéressant mais pourquoi les occulter si elles ne sont pas erronées. Alors c'est vrai, l'effectif Milannais est vieillissant. Abbiati, Jankulovski, Kaladze, Maldini, Gattuso, Ambrosini, Inzaghi et bien d'autres encore, les trentenaires sont légions à Milanello. Les dernières recrues du Milan ne vont d'ailleurs pas dans le sens d'un rajeunissement de l'effectif, Andreï Shevchenko et David Beckham ayant tous les deux également dépassé la trentaine.
David Beckham d'ailleurs, parlons-en. L'international Anglais est venu garder la forme en Italie pendant l'inter-saison de la Major League Soccer, le championnat américain. Cette pige de quelques mois ravit tout le monde, club, joueur, supporters et observateurs. Le Spice Boy n'a rien perdu de son coup de patte légendaire mais il ne changera évidemment rien aux problèmes Milannais, bien trop profonds. D'autant que le schéma tactique préférentiel de Carlo Ancelotti, un 4-3-2-1 façon quilles de bowling n'est pas vraiment idéal pour tirer le meilleur de David Beckham, lui le milieu droit typique de ce bon vieux 4-4-2.
Au delà du fait qu'il ne met pas forcément en valeur sa dernière recrue, le système de jeu utilisé depuis des années par Carlo Ancelotti peut également porter à discussions. Le technicien Milanais semble s'être véritablement enfermé dans ce schéma ne s'autorisant que de temps en temps une petite fantaisie en changeant un milieu offensif pour un attaquant ce qui, sur le terrain, ne change pas grand chose. Si ce schéma de jeu a fait ses preuves au niveau de l'efficacité, il n'a jamais vraiment apporté beaucoup de spectacle à San Siro. Bien sûr l'AC Milan nous offre régulièrement de grands matchs, de belles victoires avec 4 ou 5 buts inscrits ou face à des grands clubs, comme par exemple le dernier derby face à l'Inter la saison dernière, mais il le doit en majeure partie à des joueurs de très grand talent à commencer par Ricardo Kaka, Ballon d'Or 2007. La saison passée, ce système terriblement axial et les mauvais résultats de l'équipe ont bien failli coûter sa place à Carlo Ancelotti. Peut-être qu'un nouveau coach pourrait effectivement changer les choses, mais il aurait bien du mal à changer radicalement le jeu du Milan. Il suffit de regarder l'effectif des Rossoneri pour s'en rendre compte. Comment espérer un jeu occupant toute la largeur du terrain avec un effectif comportant uniquement ou presque des joueurs d'axe? Pour qu'un changement de coach soit efficace il faudrait mettre à disposition de ce coach une belle enveloppe qui lui permettrait de renouveler cet effectif.
Renouveler l'effectif. Voilà précisément ce que le club de Silvio Berlusconi n'a pas réussi à faire lors des derniers mercatos. Ces dernières années très peu de recrues sont parvenus à s'imposer sous la maillot Rossonero. Illustration cet été, Matthieu Flamini, Andreï Shevchenko, Christian Abbiati, Ronaldinho, Marco Borriello, Phillipe Senderos et Luca Antonini ont rejoint les rangs du Milan. Parmi eux, seuls le gardien Abbiati et le Ballon d'Or Ronaldinho sont parvenus à se faire une place. Andreï Shevchenko n'est que l'ombre du buteur d'exception qu'il était il y a quelques années, Marco Borriello est bien loin du niveau qui lui avait permis d'inscrire 19 buts sous le maillot du Genoa la saison passée et Philippe Senderos est dérangé par des blessures qui ne lui ont pas encore permis de porter le maillot Milanais en championnat. Luca Antonini, qui a été recruté pour palier le départ de Massimo Oddo au Bayern a fait quelques apparitions, mais les espoirs fondés en lui n'étaient pas immenses alors que Matthieu Flamini profite des régulières blessures et absences de ses coéquipiers pour apparaitre sur le terrain. En revanche le Français semble rester derrière les Pirlo, Gattuso, Ambrosini et Seedorf dans la hiérarchie des milieux de terrain quand ceux-ci sont aptes à jouer. Ces recrues qui peinent à s'imposer, certains l'expliquent par le poids des anciens dans le club, jugé trop important. Il est en tout cas évident qu'on pardonnera plus une mauvaise prestation à un Filippo Inzaghi, un Paolo Maldini, un Andrea Pirlo ou un Massimo Ambrosini, eux qui ont déjà prouver de quoi ils étaient capable et qui possèdent un argument de poids, leur palmarès.
Tout cela ne favorise absolument pas un renouvellement de l'effectif d'autant que cela fait belle lurette que le centre de formation de l'AC Milan n'a pas sorti un joueur. Et pourtant on y a cru l'an passé, avec les débuts exceptionnels d'Alberto Paloschi. Un but pour son premier ballon en professionnel puis un nouveau but pour sa première apparition en championnat, à tout juste 17 ans. Mais plutôt que de compter sur lui pour la saison 2008-2009 et les suivantes, le staff Milanais a préféré recruter Ronaldinho, Shevchenko et Borriello, annihilant totallement ou presque les espoirs du jeune Italien d'étrenner la tunique de son club formateur. Le petit attaquant a donc été cédé, en copropriété, au club de Parme qui évolue cette saison en Série B.
Pour la première fois depuis de très longues années, l'AC Milan ne s'est pas qualifié pour la Champion's League la saison passée. Cette saison, l'AC Milan pointe à la 3e place du classement à 9 points du leader Interiste. Les coéquipiers de Ronaldinho ont même occupé le fauteuil de leader, c'était au soir de la 10e journée après une victoire face à Naples. Mais au vu des performances des Rossoneri sur le terrain, c'est un bilan qui semble bien flatteur. A de nombreuses reprises, les hommes de Carlo Ancelotti se sont imposés sans briller, profitant même quelques fois de la générosité des hommes en noir qui ont sifflé quelques penaltys assez litigieux en faveur du Milan. Le club va mal, et il est grand temps que ca change! Si Milan n'a jamais été très actif sur le marché en hiver, il ne faudrait pas que les dirigeants hésitent à faire radicalement bouger les choses à l'été prochain…