dit Caton l’Ancien.
Buste de Caton l’Ancien
C’est dans un article de Jacques Attali que j’ai découvert ce personnage antique, homme d’État et écrivain romain né en 234 av J.C au municipe de Tusculum et mort en 149 av J.C., municipe signifie la marie de la ville de Tusculum. Quel est l’intérêt de cet homme né d’une famille paysanne obscure et moyennement aisée, c’est qu’il était un homme obstiné qui ne lâchait jamais le morceau répétant sans relâche la même chose à la fin de ses discours au Sénat Romain, il prononçait cette phrase «Et ceterum censeo Carthaginem esse delendam», «je pense que Carthage doit être détruite». Célèbre pour son éloquence et la force de persuasion de ses discours, il parvint à convaincre le Sénat de détruire Carthage en utilisant le fameux argument de la figue, cueillie à Carthage et encore fraîche malgré son voyage jusqu’à Rome, prouvant ainsi que Carthage n’était pas si éloignée, ni si inoffensive que le pensaient certains sénateurs. De cet exemple, on peut tirer la réflexion philosophique suivante,
«si l’on désire quelque chose il faut le répéter souvent pour le faire comprendre et admettre».
On pourrait presque déclarer que c’est la méthode Coué appliquée aux autres par la suggestion, la persuasion, la répétition.
C’est ce que fait un inconsciemment un enfant qui demande à sa mère un jouet qu’elle lui refuse de façon permanente et puis elle fini par le lui acheter.
C’est aussi la méthode qu’emploi la majorité, Sarkozy en premier, en répétant constamment que l’augmentation de l’âge départ à la retraite doit être relevé à 62 ans par suite de l’évolution de notre durée de vie vers des âges de plus en plus élevés, ce qui en fait n’est pas le problème mais seulement un argument de financement des retraites, plus l’âge de départ augmente plus le financement des retraites est moins important c’est l’évidence, si l’on porte l’âge à 90 ans il n’y a plus de retraités ! Il faudrait avant tout accroître la contribution de son financement à une plus large partie de la population. L’argument de l’âge est porteur, il est évident qu’il faut le prendre en compte, mais il faut l’intégrer dans une réflexion globale sur le financement de la retraite prenant aussi en compte ses différents aspects sociaux, pénibilité, âge d’entrée dans la vie active, licenciements à 55-58 ans, réemploi des séniors, cela forme un tout, ce que n’a pas fait le gouvernement répétant sans cesse le problème de l’âge qui a fini par être admis par une large majorité de Français. Une tout autre déclaration médiatique répétée inlassablement aurait été également plébiscitée
Un autre fait corrobore la méthode de Caton, ce sont les 35 heures. Qui s’est intéressé à ce qu’elles contenaient comme progrès social, sur la qualité de vie, sur le chômage, et sur la productivité, peu de salariés. Nous le voyons bien actuellement si elles n’avaient pas été tuées, il y aurait moins de chômage, puisque le but des 35 heures était de partager le travail au plus grand nombre possible. Quelles aient été mal faites c’est évident, vouloir l’appliquer à tous était une hérésie, on ne peut dans une opération tenir le bistouri à deux, mais il est des métiers ou le partage est possible, elles devaient être améliorées et non tuées. Le patronat n’a cessé de clamer qu’elles représentaient une catastrophe argument repris inlassablement par la droite et que la population a cru d’autant plus qu’elles conduisaient à une réduction de salaire pour ceux qui ne pouvaient faire d’heures supplémentaires. On ne peut travailler moins avec le même salaire. Or, que se passe-t-il actuellement, les salaires n’ont pas été augmentés ou très peu, le chômage est au plus haut et les entreprises qui ont licencié ne sont pas prêtes à réembaucher.
En fait toute la politique fonctionne de cette façon par l’application de la méthode Caton. Quels sont ceux qui peuvent juger de la valeur des arguments électoraux des politiques peu, par ce que la vie sociale est complexe, et que c’est bien souvent celui qui a le meilleur support médiatique qui l’emporte. Il est plus important pour un parti politique de dominer l’audiovisuel et la presse que d’avoir un programme de gouvernance qui comme chacun sait ne peut être tenu. Pour être efficace il faut répéter la même chose un nombre incalculable de fois et les médias sont le relais de cette chose. Ce n’est que par la volonté de montrer son ambition à être que l’on domine les autres. Les échecs forgent la réussite l’exemple de François Mitterrand en ait une preuve. L’ambition marquée de Ségolène Royal fera son œuvre même si elle a déclaré s’effacer devant Dominique Strauss Kahn et Martine Aubry. Cette obstination à montrer sa volonté d’être présidente de la république est entrée dans l’esprit des Français et bien que rejetée par ses compagnons politiques elle finira par s’imposer et l’emporter.
Imposer ses idées est un combat sans relâche par ce qu’elles sont perçues différemment suivant les couches de la population, les unes feront tout pour les combattre, et les autres les prendront à leur profit, et d’autres les jugeront sans intérêt, en d’autres termes elles seront exploitées bien souvent contre leur auteur, ou rejetées. Modifier une orientation politique est très difficile, voire impossible sans une pression populaire importante, et comment l’obtenir pour en faire comprendre l’intérêt par la répétition inlassable du bien fondé de cette modification. L’exemple du CPE basé sur une période probatoire de deux années avec un licenciement sans motif autre que celui de se séparer du salarié, c’est ce que j’en ai retenu, était une hérésie de Dominique de Villepin a bien été abandonné sous la pression de la rue, c’est ce qui montre la force populaire agissant inlassablement finie par être reconnue.
La dictature du prolétariat…Non merci!
[b]libertinus[/b] bonjour,
A quoi voyez que ce que j’ai écrit est la dictature du prolétariat, expliquez-moi, SVP.
Bien à vous,
AZnido
Désolé Anidolm , je n’en éprouve pas l’envie….
libertinus,
Enfin, je n’ai pas écrit cet article pour vanter les mérites du prolétariat, c’est simplement une réflexion philosophique sur la transmission de son souhait aux autres par la persuasion et la répétition inlassable du souhait, et pour lequel j’ai donné des exemples.
C’est dommage que vous ne souhaitez pas me faire comprendre votre argumntation
Bien à vous,
Anido
« Et ceterum censeo Novus Ordo Seclorum Pyramidem esse delendam »
[img]http://www.cfr.org/content/dap/FAcallout_042210.gif[/img]
JE PENSE QUE LA PYRAMIDE DU NOUVEL ORDRE MONDIAL DOIT ETRE DETRUITE
ET ELLE LE SERA CERTAINEMENT !!!!!!!!!!!!!
Veritas Le Nouveau
[b]Veritas[/b],
Nil volentibus arduum
Bien à toi,
Anido
ou a coeur vaillant rien d’impossible ;
ce que Jésus a dit sous une autre forme :
« ce sont les violents qui s’emparent du royaume de Dieu »
ou « tout est possible à celui qui croit »!
il s’agit seulement de ne pas croire n’importe quoi : that is the question !!!
[b]Veritas[/b],
« tout est possible à celui qui croit »
Tiens cela rejoint le thème de cet article.
Bien à toi,
Anido
Anido,
Pour moi, la methode Caton, c’est surtout celui qui defendit le peuple contre les exces des patriciens, un censeur severe contre les moeurs dissolues et les guts de luxe
Caton, accusé jusqu’à quarante-quatre fois, fut toujours renvoyé absous.
A quatre-vingts ans lorsqu’il se vit forcé de se justifier pour la dernière fois: « Romains, dit-il, il est bien difficile de rendre compte de sa conduite devant les hommes d’un autre siècle que celui où l’on a vécu. »
Un censeur integre et honnete, aux moeurs simples qui ne depensait pas l’argent public (contrairement à son ennemi, Scipion l’Africain.
Pour l’eloquence, je laisse la parole à Cicéron (entretiens de Claris Oratoribus) : « Je ne considère Caton ni comme citoyen, ni comme sénateur, ni comme général d’armée; il s’agit de l’orateur. Que de dignité quand il loue, que d’austérité quand il blâme! Que de finesse dans ses pensées, que de délicatesse dans ses paroles et ses instructions! Plus de cent cinquante oraisons qui nous restent de lui (c’est tout ce que j’en ai pu découvrir jusqu’à présent) sont remarquables par l’intérêt du sujet et la manière dont elles sont traitées. Qu’on choisisse encore parmi elles ce qu’il y a de plus digne d’estime, et l’on y trouvera toutes les beautés de l’éloquence . Son style est trop vieux, et ses termes quelquefois barbares; mais arrangez les mots, rendez-les nombreux, ce que les premiers Grecs n’ont pas toujours fait, et vous ne trouverez personne au-dessus de Caton. »
libertinus, rien à voir donc avec la dictateure du proletariat, mais l’honneur du peuple, tout simplement
[b]AgnesB[/b] bonsoir,
Quel bel éloge vous faites de Caton.
Je ne suis pas allé jusqu’à chercher qui était cet homme ni ce que Cicéron disait de lui, raisonnant simplement sur la portée de la répétition inlassablement répétée pour, par des exemples, montrer son efficacité.
Je n’ai donc pas compris le propos de libertinus.
Il n’a pas souhaiter s’expliquer, je le regrette.
Bien à vous,
Anido
[b]L’art oratoire de Caton
[/b]
«Un seul homme représente pour nous l’éloquence autochtone, Caton le Censeur. Très admiré par Cicéron, étudié avec passion par les archaïsants du IIe siècle, il revit dans de nombreux fragments et montre ce que peut faire l’esprit latin sans le secours de l’art grec.
C’est un esprit moraliste et didactique. Caton définit l’orateur « un homme de bien qui sait parler », et en effet l’enseignement moral tient une large place dans ses discours. S’il veut exhorter des soldats à se dévouer pour la patrie, il leur fait un vrai cours de morale :
Cogitate cum aminis vostris, si quid vos per laborem recte fecetritis, labor ille a vobis cito recedet, bene factum a vobis, dum vivitis, non abscedet. Sed si qua per voluptatem nequiter feceritis; voluptas cito abibit, nequiter factum illud apud vos semper manebit. («Quand on se donne de la peine pour accomplir une bonne action, la peine s’en va, le bien reste. Lorsque au contraire on agit mal en vue d’un plaisir, le plaisir disparaît et le mal demeure. »)
La même solennité pédantesque se retrouve dans ses distinctions entre l’amour et la passion, entre les mots festinare et properare :
Qui unum quicquid mature transigit, is properat; qui multa simul incipit, neque perficit, is festinat. (Faire tout en temps utile, c’est se hâter; tout commencer et ne rien finir, c’est se presser. »)
La race romaine aime aussi à railler : Caton est un satirique qui prend tous les tons qu’on rencontrera plus tard chez Horace et Juvénal, de l’invective ardente à la plaisanterie amusante. Tantôt il raille spirituellement les généraux trop gros qui ne peuvent plus combattre, les bavards « qui ont la rage de parler, comme les hydropiques celle de boire », les raffinés qui chantent des vers grecs en dansant et en prenant de belles poses. Tantôt il s’élève et s’échauffe; il se déchaîne contre les magistrats cruels, il flétrit les concussionnaires :
Fures privatorum furtorum in nervo atque compedibus aetatem agunt; fures publici in auro atque in purpura. (« Les voleurs privés vivent dans les chaînes, les voleurs publics dans l’or et la pourpre. »)
La suite après,
La suite,
Tantôt il s’abaisse jusqu’à des jeux de mots populaires, à des calembours (Fulvius Nobilior, qu’il appelle Mobilior). C’est toujours la satire romaine, âpre et bouffonne tour à tour. L’ironie est si naturelle chez lui qu’elle s’exerce quelquefois aux dépens de ses propres clients. Quand il plaide pour les Rhodiens révoltés, il trouve le moyen de dire des vérités désagréables à la fois aux Romains et aux Rhodiens; lorsqu’il intervint en faveur des exilés achéens qui demandent à rentrer dans leurs foyers, c’est avec un dédain cruel : « Que nous importe que ces vieillards soient enterrés par des fossoyeurs grecs ou romains. »
Mais cette éloquence, si originale par sa gravité dogmatique et sa verve satirique, n’ignore pas toute espèce d’artifice. Caton est bien trop rusé pour négliger les moyens de faire valoir ses idées; Cicéron a raison de louer chez lui l’abondance des figures, car, sans avoir consulté les manuels de Tisias ou d’Isocrate, il a ses procédés de composition et de style. Pour mieux frapper ses auditeurs, il emploie la prétérition. Dans le discours où il rend compte de ses dépenses, il représente faisant ses calculs avec son secrétaire, et lui disant d’effacer tout ce qui prouve ses économies, car, dit-il, le peuple ne veut pas que les magistrats soient économes : Dele; nolunt audire. – L’amplification, si chère à Cicéron, ne lui est pas non plus inconnue. Qu’on lise le passage où il retrace le supplice infligé par un préteur à des citoyens romains :
Quis hanc contumeliam, quis hoc imperium, quis hanc servitutem ferre potest?… ubi societas? ubi fides majorum?… Quantum luctum, quantumque gemitum, qui lacrumarum, quantumque fletum factum audivi!… (« Qui pourrait supporter cette injure, cette tyrannie, cette servitude?… Où sont les droits de alliés? Où est la bonne foi des ancêtres?… Quels deuils, quels gémissements, quelles plaintes, quelles larmes! etc. »)
La suite,
Ce n’est pas encore le développement large et majestueux de Cicéron dans les Verrines; mais il y a déjà là une abondance et une chaleur voulues. – Enfin, le style lui-même est plus travaillé qu’on ne pourrait s’y attendre. Caton ne se contente pas de la première expression venue, il cherche ses mots, les redouble, les accumule comme Cicéron; parfois c’est un bavardage stérile, parfois aussi cela donne plus d’énergie à son éloquence :
Decem funera facis, decem capita libera interficis, decem hominibus vitam eripis, indicta causa, injudicatis, incondemnatis. (« Tu commets dix meurtres, tu fais périr dix citoyens libres, tu enlèves la vie à dix homme, sans défense, sans jugement, sans condamnation. »)
Il y a là un art un peu gauche, mais déjà ingénieux.»
RENÉ PICHON, extrait du chapitre V (La prose archaïque) de son Histoire de la littérature latine. Deuxième édition. Paris, Hachette, 1898, p. 123-126.