Cartes bancaires et autres : comment mieux choisir…

Très intéressant comparatif du site suisse Bonus (.ch), qui n’est ni associatif, ni directement commercial, mais n’en dresse pas moins un panorama objectif des cartes de crédit ou débit. En Suisse, les bancaires sont généralement beaucoup plus chères que les autres, délivrées par des chaînes d’hypermarchés, des compagnies aériennes, ou d’autres prestataires de service. Et en France ou en Belgique ? Il semble bien qu’il en soit de même…

En préliminaire, une découverte (libre de toute intention publicitaire), pour moi au moins : les cartes bancaires pré-payées.
Ma nièce en a plus qu’assez de conserver son compte dans une agence bancaire de sa localité d’origine, laquelle lui a consenti un crédit « études » qu’elle rembourse.
Elle a bien tenté d’ouvrir un second compte dans une agence proche de son domicile du même groupe, laquelle, du fait de son jeune âge et de ses revenus provenant surtout de missions d’intérim, lui a infligé de forts agios et coupé tout découvert dès le second incident.
Les chèques qu’elle envoie par la poste parviennent souvent trois jours plus tard et leur date de valeur (celle créditant son compte) creuse le délai.
En fait, pour disposer d’une carte de débit ou crédit, elle n’a pas besoin d’un compte bancaire. La carte Veritas (qui a peut-être des concurrentes), adossée sur le réseau MasterCard, lui permet de faire des virements, ou de déposer en numéraires, chez des commerçants, de quoi la créditer. Elle peut en communiquer le numéro à ses employeurs, et retirer jusqu’à 2 400 euros par jour au besoin mais elle ne peut pas dépasser un montant d’achats ou de retraits supérieur à ce qu’elle a déposé. Cela peut parfaitement lui convenir. Coût : un peu (un cent) moins de 30 euros par an,  mais aucun frais. De plus, en cas de problème, ses parents ou proches peuvent lui virer très rapidement de l’argent sans devoir régler la moindre commission. En fait, cette carte est assimilable à une carte prépayée. Laquelle permet à l’émetteur de disposer d’une trésorerie bien évidemment rémunérée (alors que vous pourriez placer votre argent sur une compte d’épargne).

La Banque postale propose aussi une carte bancaire prépayée, de même que Yuna, Neocash, Corpedia (ouverture à 19,95 euros, valable trois ans, frais de 10 € de clôture de compte anticipée), d’autres. Le montant global est plafonné (mais vous pouvez racheter une autre carte). Celle de la Banque postale est facturée 9 euros la première année (18 les suivantes). Mais elle réservée aux clients de la banque disposant d’un compte courant ou d’un livret A. Pour les habitués contribuant à Come4News, signalons que la carte Neocash (14,90 €) est rechargeable via PayPal…
Pour ces cartes prépayées, un comparatif est disponible en ligne sur Cartes bancaires gratuites (rien n’est gratuit, cependant) mais il est incomplet. La Transcash, si vous voyagez souvent à l’étranger, ne prélève pas de frais de change.

Sofinco, organisme de crédit, propose aussi des cartes Visa (19 euros/an ou 49 pour la Visa Premier). Mais elle est liée à la souscription d’un crédit renouvelable (revolving). Cetelem fait de même (d’autres aussi sans doute).

En revanche, vous ne pouvez pas souscrire une carte de débit ou de crédit auprès d’un organisme ou commerçant sans disposer de compte bancaire. Mais vous pouvez avoir intérêt à ne pas accepter (ou ne pas renouveler) l’offre de carte de votre banque. Ces cartes hors systèmes bancaires sont parfois néanmoins adossées sur l’un ou l’autre des principaux réseaux (Visa ou MasterCard principalement) et vous apportent tous les bénéfices (achats, retraits à l’étranger, assurances en voyage) de leurs concurrentes bancaires. Très souvent, elles sont « offertes » ou bien moins chères.

Avantage aux non-bancaires

La société Bonus s’est livrée à un comparatif. Très majoritairement, les cartes les moins chères sont celles proposée par des prestataires indépendants des banques. Les cartes Coop ou Migros suisses sont gratuites, celles d’Air France KLM ou autres prestataires de produits ou services offrent des avantages supplémentaires aux cartes bancaires.

Conclusion : « les Suisses paient leur carte de crédit bancaire beaucoup trop cher, alors que les prestations proposées par les banques sont de qualité identique à celle des prestataires indépendants. ».

Il en est à peu près de même pour les Français (et peut-être pour les Belges). Pour les Suisses, à frais moindres (moins de 50 CHF/an en moyenne), les MasterCard LeShop Migros ou Visa Bonus font économiser plus de 700 CHF que la plus onéreuse (l’American Express Platinum) et quand même plus de 600 par rapport à une carte basique émise par la banque Crédit suisse dont les frais annuels représentent 155 euros de l’an. Moins bien classée, la Cosy Conforoma (gratuite la première année, facturée 19,90 CHF les années suivantes) reste quand même beaucoup plus avantageuse qu’une bancaire classique, notamment pour les achats et retraits à l’étranger.

Bien évidemment, les cartes de prestataires indépendants doivent être utilisées à bon escient, le plus souvent en tant que cartes de débit, soit de paiement immédiat. Se retrouver avec des débits différés de type revolving est souvent très onéreux.

L’autre solution est de s’adresser aux banques en ligne (ING Direct, Fortuneo, Boursorama) ou même Monabanq (qui se targue de facturer des frais annuels 60 % moins élevés que ceux des banques traditionnelles, en tout cas il en était ainsi début 2011).

Une offre s’élargissant

Pour les prestataires indépendants, le gain retiré tient souvent à la fidélisation des souscripteurs qui sont censés privilégier des achats dans leur réseau. 

Au Canada, l’agence gouvernementale de la Consommation fournit un comparatif des cartes de débit ou crédit. En France, lors d’une recherche, les sociétés rémunérées sur clic (menant au site de l’émetteur de la carte) ont tendance à favoriser telles ou telles cartes (MonaBaq vient en premier, devant Boursorama ou La Net Agence et Fortuneo sur tel site ; le classement diffère sur d’autres).

La carte de crédit telle qu’actuelle est apparue avec Diners Club en 1950, suivie par Amex (1957), avant l’émergence des réseaux MasterCard ou Visa. En Suisse, la carte Coop a été lancée à l’été 2006, suivie par celles de Migros et de Jelmoli. Ces prestataires règlent des commissions à leurs banquiers mais moindres qu’auparavant. Lesquels effectuent davantage de transactions : Migros et Coop engrangent 30 milliards de CHF annuellement.

Banquiers et prestataires trouvent chacun leurs avantages, d’où l’élargissement de l’offre. Mais pour le consommateur, la comparaison très précise est aussi ardue, dans certains cas, que lorsqu’il s’agit de choisir un prestataire de téléphonie mobile. Ainsi, une carte bancaire classique n’entraînera que 1,5 % de frais en cas d’achats à l’étranger, tandis que la carte Coop entraîne un prélèvement de 2,5 %. Les commissions sur les taux de change sont souvent plus avantageuses dans les réseaux bancaires que chez les prestataires indépendants.

Quant aux avantages sur les achats, si on ne peut pas négocier pour l’alimentation ou dans les moyennes ou grandes surfaces, sachez que près d’un commerçant sur quatre est généralement prêt à vous consentir un rabais moyen de 5 % si vous payez en espèces. C’est plutôt un geste commercial (ses dépôts en espèces lui sont peu facturés, mais la différence avec la commission en cas de règlement par carte est très variable, parfois inférieure au rabais consenti).

Que Choisir ? propose un comparatif entre banques mais il faut être abonné pour y accéder. Le magazine 60 millions de consommateurs a fait de même mais ne propose rien de spécifique.

Il est donc, en France, très difficile d’obtenir une vue globale de l’offre. Pour comparer les avantages des diverses cartes de type Amex, Visa, Cirrus, MasterCard, et leurs tarifs courants, c’est encore relativement facile. Pour les confronter aux autres cartes, ou comparer celles-ci entre elles, il faut s’accrocher, et le tableau (tableur ou papier-crayon) à réaliser soi-même s’impose.

Mais pensez aussi à comparer avec les cartes prépayées. Parfois, des avantages y sont liées, comme avec la Skrill de MoneyBrookers qui offre une réduction de 6 euros à chaque achat d’un vol Ryanair. C’est aussi un bon moyen de régler des achats ou de retirer de l’argent au Royaume-Uni ou aux É.-U. car elle peut être créditée en livres ou dollars américains (et même en zlotys polonais).

 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

2 réflexions sur « Cartes bancaires et autres : comment mieux choisir… »

  1. [b]les commissions prélevées sur les transactions effectuées auprès des commerçants sont pharaoniques ceci induit une hausse artificielle des prix (vous ne croyez tout de même pas que se sont les marchands qui vont payer, ils les incluent dans leurs tarifs au final c’est le consommateur qui paye). Alors que tout le monde sait que le fonctionnement de ce « service » est extrêmement économique. Ça va durer combien de temps cette comédie ?[/b]

  2. Eh oui, Zelectron. D’autant qu’aux origines, les cartes pré-payées étaient fort onéreuses, avec des frais de dépôt plutôt lourds. Leur politique s’est depuis assouplie.
    Les cartes Amex étaient peu appréciées des commerçants asiatiques.
    Le truc, pour qui en possédait une, était de la sortir puis de négocier un rabais en proposant de régler en liquide.

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