La cantine scolaire, ou politiquement appelée la « Pause Méridienne », est-elle en passe de devenir un nouveau symbole d’intégration sociale? Cette pause repas scolaire va-t-elle à terme devenir l’exclusivité des familles « bon chic bon genre », et exclure du fait, les enfants de familles en difficulté, bafouant pour l’occasion les principes d’égalités propres à l’école laïque de Jules Ferry? Une question qui aujourd’hui mérite d’être soulevée suite à la décision d’un élu des Yvelines.

 

 

 

Aujourd’hui quel est le but de l’école publique française?

Enseigner aux enfants les apprentissages fondamentaux, comme par exemple, la lecture, l’écriture, l’arithmétique, etc, mais aussi de leur apprendre des valeurs moins scolaires, comme le respect, la tolérance, l’écoute, l’égalité de tous, etc.

Un panel grandissant d’enseignements à la fois éducativement scolaire, mais aussi en adéquation avec leurs futures aspirations d’hommes, au sein de la pluralité ethnique nationale.

 

Comment se compose une journée type dans les écoles publiques françaises?

 

Arrivé à l’école, puis entrée en classe pour une première partie de l’apprentissage collectif, sans distinction de religions, d’origines ethniques, de différences sociales, etc. Puis « Pause Méridienne » avec repas collectif dans les restaurants scolaires, là encore sans distinctions mais avec au contraire, une vraie mise en avant du principe d’égalité. Retour en classe, pour la seconde partie de l’apprentissage scolaire, puis finalement retour à la maison après une journée bien remplie.

Une journée type, synthétisée au maximum, mais regroupant l’essentiel des informations et autres séquences journalières de nos petites têtes blondes.

 

Focus sur les « cantines scolaires » de France.

En France, il faut savoir que pas moins de 6 Millions d’élèves mangent chaque midi dans les restaurants scolaires. Un chiffre important, s’expliquant par la présence de près  d’un élève sur deux et de deux collégiens sur trois, dans les cantines de nos écoles chaque jour.

Qui plus est, si l’on fait avant toute chose un focus plus précis sur les établissements « primaires », il faut savoir, qu’environ 53 000 établissements de restauration (à la charge des municipalités avec en sus une participation des familles) existent en France. 53 000 établissements, soit un total annuel d’environ 400 Millions de repas distribués.

Des cantines scolaires, assurant la liaison alimentaire des scolaires chaque midi, avec pour vocation entre autre d’assurer un équilibre alimentaire aux enfants et cela en toute transparence avec les familles d’élèves.

Quelle polémique aujourd’hui?

Il faut se tourner vers la région Parisienne, et plus précisément vers la ville de Epône dans les Yvelines, pour que la question de l’égalité dans les cantines se pose. En effet, fort d’une population de 6000 Habitants, le maire de la ville a décidé de mettre en place un nouveau fonctionnement pour les 4 restaurants scolaires dont il a la gérance.

En effet, se fendant d’une déclaration sentant le délit de faciès et surtout de pouvoir économique, le maire de la ville, a décidé, que la priorité de restauration serait donnée aux enfants ayant des parents ACTIFS : "la mairie va donner la priorité aux enfants d’actifs dans ses quatre restaurants scolaires"

Une nouvelle règle mettant clairement en avant le fait que si les deux parents ne sont pas actifs, l’enfant désireux de vouloir se restaurer devra patienter pour savoir si une place lui est réservée. Autrement dit, si un jour donné, beaucoup d’enfants de parents actifs veulent se restaurer dans les cantines, alors les autres enfants ne pourront se restaurer, et devront du fait « sauter » un repas, n’étant pas prévenus au préalable et ne sachant qu’au dernier moment qui aura le droit ou non de manger.

 

"l’enfant dont un seul parent travaille ou aucun des parents ne travaille pourra déjeuner au restaurant scolaire sous réserve des places disponibles"

 

Doit-on craindre de fait une mesure municipale qui sonne comme un effet d’annonce inutile, ou alors une mesure qui se veut bafouer les principes élémentaires d’égalité et de fraternité de France?

« Oui », il est certain que l’égalité des chances est déjà aujourd’hui fortement bafouée dans le système scolaire Français, que cela soit au niveau des infrastructures, ou encore de l’enseignement fourni. Pour autant, faut-il accepter cette différenciation du rang social à l’intérieur même d’un lieu ou le principe de mixité est la principale raison d’être?

 

Quelles conséquences pour nos enfants?

Si d’aventure une telle mesure était appliquée à grande échelle, quels enseignements faudrait-il tirer de notre système éducatif? Celui d’un système dont la politique motrice nationale prône la différenciation sociale? Entretenir la marginalisation et le rejet de certains enfants dès le plus jeune âge, et sans vouloir être utopiste, permet-il d’encourager l’assiduité scolaire et l’intégration de tous dans la société Française?

Ne peut-on légitimement croire que les enfants « interdits » de nourriture, seront ensuite rejetés pour leur manque de moyens, voir railler, insulter, moquer, par les élèves de parents plus riches?

Cela fait des semaines, des mois, voir plus, que nos politiciens cherchent à trouver des solutions pour enrayer la violence scolaire, mais en agissant de la sorte, ne serait-ce pas une recrudescence de cette violence verbale et physique qui risque de pointer son nez? Comment accepter  dans une société où la délocalisation et le taux de chômage n’ont jamais été aussi importants, de voir que les enfants de familles déjà laissées en marge de la vie active française, soient eux aussi condamnés une nouvelle fois?

Et que dire tout simplement à ces enfants, qui le soir venu, poseront cette simple et unique question à leur parents : «  Maman, pourquoi moi je n’ai pas pu manger à la cantine ce midi? »

 

 

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