C’est théoriquement pour encourager la délation intelligente que la police britannique va diffuser des cartes à gratter odorantes afin de localiser des plantations artisanales de cannabis. L’effet pervers pourrait être que les consommateurs partent en maraude afin de se fournir directement chez le producteur à moindre prix… Mais cela flattera les destinataires, considérés détectives « en herbe ».
« Scratch and sniff card inside » : grattez et humez. Les cartes parfumées à une odeur de plant de cannabis seront postées par la police aux habitants de zones susceptibles d’accueillir des plantations artisanales de marijuana.
Parmi les indices listés, la fréquence de visites nocturnes, l’éclairage de jour comme de nuit, la condensation constante sur les parois des serres, l’abondance de câbles électriques au sol ou menant à des réverbères ou autres éclairages publics. La méthode d’envoyer des cartes odoriférantes à gratter viendrait des Pays-Bas où 30 000 cartes ont été acheminées à des détectives « en herbe ».
Plus d’une douzaine de zones de test a été déterminée au Royaume-Uni. Le recto de la carte indique que les producteurs sont liés à des réseaux criminels qui ne font pas pousser que du cannabis et que les plantations peuvent se trouver « juste sous votre nez ».
On ne sait pas si, en s’adressant au site dédié (www.crimestoppers-uk.org), du nom de l’association ayant fait avaliser cette opération par la police, il est possible d’obtenir de telles cartes, mais c’est à essayer.
En fait, les plantations clandestines, au Royaume-Uni, ne sont pas, de loin, que le fait de petits producteurs isolés. Les gangs mafieux ont reconverti nombre de ruines industrielles. Et pas vraiment en les équipant d’éoliennes ou de panneaux solaires fort repérables. Soit les compteurs électriques sont trafiqués, soit l’alimentation provient du réseau public.
De 2010 à 2012, plus d’un million de pieds de marijuana ont été saisis par la police outre-Manche. Parfois en plein tissu urbain, dans des maisons ou des appartements abandonnés. Votre voisin souvent absent est peut-être un planteur de cannabis : ne cherchez pas plus loin… Comme dans l’affaire des viandes de cheval ou avariées, privilégiez les circuits courts.
L’association assure que l’odeur diffusée est totalement exempte de principe actif stupéfiant (THC). Elle mène aussi une campagne pour démanteler des réseaux de trafiquants de chair humaine, en particulier des prostituées. À quand la diffusion de petites culottes et strings fortement humectés ?
Rien n’est encore envisagé pour reconnaître à l’odeur de la viande de cheval mélangée à du bœuf. Mais divers signes permettent de détecter, de par leur train de vie, leur nombre de véhicules ou des voyages en Océanie ou aux Maldives, la possession d’un anneau dans un port de plaisance huppé, les contrevenants que l’on voit habituellement en salopette ou pantalon de velours et couvre-chef informe sur la tête. La détention de divers mandats électifs quelconques, de décorations, est un indice supplémentaire.
Cela étant l’association n’a pas que des initiatives prêtant à sourire. L’un des premiers produits qu’elle a commercialisé est une solution translucide contenue dans un petit flacon qui permet, selon une formule individualisée, d’identifier les réels propriétaires des objets en étant enduits.
Résultats incertains
Ce Property Protector a certes été assez largement commercialisé à 20 livres le flacon, avec des autocollants à placer en évidence (« Voleurs,attention ! ») sur sa porte ou divers objets de valeur, mais il n’est pas indiqué combien d’objets ont été restitués par la police, censée être équipée d’une lampe luminescente spéciale, et d’un scanner.
Il n’est pas indiqué si le produit peut être utilisé pour identifier des produits alimentaires.
L’association Crime Stoppers s’était auparavant distinguée par une campagne incitant les musulmans à « protéger notre communauté contre les drogues illégales » en appelant l’oumma à dénoncer les trafiquants anonymement (mais, contrairement à notre montage ci-dessus, aucune carte à gratter n’avait été diffusée). Un exemple à suivre pour Manuel Valls ou le ministre des Cultes y verrait-il une stigmatisation ?
Selon la Metropolitan Police, le nombre de fermes de cannabis décelées en 2011 serait proche d’une vingtaine par jour ; un chiffre qui aurait augmenté de 15 % l’an dernier. Le phénomène s’urbaniserait avec 1 200 découvertes à Londres entre 2010 et fin 2012. Mais la police britannique ne détaille pas ce qu’elle considère être une « plantation » de type « ferme ».
Cet article n’a rien de nouveau, ils le font depuis 5 ans déja.
Allo réveil quoi allo réveil !