La question revient régulièrement à l’ordre du jour : peut-on dépénaliser les drogues dites douces ? La gauche semble plutôt favorable à cette solution, avec des exceptions comme Manuel Valls. Daniel Vaillant, ancien ministre de l’intérieur, y est tout à fait favorable. La droite y est plutôt opposée.

C’est en fait beaucoup plus qu’une opposition droite-gauche, c’est un vrai choix de société. Il faut peser le pour et le contre et ce n’est pas simple. Les partisans de la légalisation du cannabis pensent que c’est le seul moyen de mettre à mal le trafic et donc, comme à Sevran où le maire réclame cette mesure, de rétablir l’ordre et la sécurité. Comme la prohibition aux Etats-Unis dans les années trente, l’interdiction favorise le trafic et la criminalité. Il faut se mettre à la place des maires de cités dites sensibles qui sont désemparés face aux violences des trafiquants ; à Sevran, on tire dans la rue en pleine journée, les écoliers ne sortent plus en récréation à cause des balles perdues. Des renforts de police ne règleront pas le problème, on le sait. D’autant que si renfort il y a, ce ne sera que pour un temps très court. C’est aussi un problème de santé publique. Les avis sont partagés sur la nocivité du cannabis et on sait que ses effets sont redoutables au volant. Les députés de droite craignent que la légalisation ne fasse augmenter fortement la consommation, c’est à mon avis une erreur. Pour certains, le fait de légaliser la vente du cannabis est un abandon des pouvoirs publics face à la délinquance. C’est un fait, mais on sait que les dealers ne vendent pas que de « l’herbe », la lutte contre les trafics devra donc continuer. Un autre problème qui se pose : si l’état autorise la dépénalisation, comment va s’organiser la vente des ces produits devenus légaux. Cela suppose un contrôle de l’état de la production contrôlée à la distribution. Un autre argument qui risque de peser en cette période pré-électorale : une majorité des Français est opposée à la légalisation. On va donc continuer à fermer les yeux pendant plusieurs années, mais je suis persuadé qu’on finira par y venir, de même qu’on finira par autoriser les mariages des homosexuels et l’euthanasie.