Les camerounais se rendront en théorie aux urnes en octobre prochain, pour élire à la tête de leur pays un nouveau chef. À un peu moins de quatre mois de ce rendez – vous très attendu, les tractations vont bon train sur le terrain ; tant du côté des formations politiques que de l’administration. Egalement, la nouvelle institution chargée de l’organisation de ce scrutin (ELECAM) s’attèle au quotidien à tout mettre en œuvre pour permettre au plus grand nombre de camerounais de participer à ce scrutin. C’est ainsi que des caravanes mobiles sont dispatchées sur tout le territoire national dans des carrefours et autres lieux publics, pour faciliter la tâche aux potentiels électeurs. Cependant, malgré tous ces efforts, la participation à cette présidentielle 2011 risque une fois de plus de ne pas être considérable, compte – tenu du faible engouement des camerounais pour le vote.

Aussi, à l’exception de certaines figures plus ou moins importantes de l’opposition qui ont déjà à ce jour fait acte de candidature, les poids lourds de la politique camerounaise entretiennent encore le flou sur leur participation ou non à ce scrutin. Pour Ni John Fru Ndi, président du Social Démocratic Front (première force politique d’opposition), en l’état actuel des choses, il ne lui est pas possible de prendre part à cette compétition. Pour lui, ELECAM ne donne aucune garantie de transparence. Même du côté du parti au pouvoir, il est difficile de savoir qui sera leur plénipotentiaire à ce scrutin. Il est vrai que d’après les textes, l’actuel chef de l’Etat camerounais est le « candidat naturel » du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais).

Seulement, après près de trente ans au pouvoir, certains des adversaires politiques de Monsieur Biya pensent qu’il est temps pour lui de prendre un repos mérité; afin de permettre l’alternance au Cameroun. L’on se souvient aussi que si Paul Biya peut être candidat en cette année 2011, c’est grâce à sa modification de la constitution de 2008 ; car ce septennat  était normalement le dernier, avant que n’interviennent cette  modification de la loi fondamentale camerounaise. C’est ainsi que depuis quelques semaines, certains juristes camerounais estiment et soutiennent que cette modification de l’article 6 de la constitution camerounaise de mars 2008 ne pourrait pas permettre à monsieur Biya de briguer un autre mandat en cette année 2011 ; ceci, compte –tenu du principe de la « non retro applicabilité » des lois.

 Pour ces derniers, monsieur Biya ne peut pas déjà bénéficier de cette modification. S’il désire être à nouveau candidat à sa propre succession,  il devrait tout d’abord – disent – ils – démissionner de ses fonctions de chef de l’Etat.

Actuellement, le débat fait rage au sein de la classe intellectuelle du pays entre les pro et les adversaires de cette interprétation de la loi camerounaise. Depuis quelques semaines, cette affaire fait les choux-gras des medias du pays ; chacun y allant, suivant sa ligne éditoriale et sa sensibilité politique. Devant cet embrouillamini, les pauvres camerounais ne comprennent pratiquement rien et attendent voir quelle sera l’issu de ce feuilleton.