Nous sommes au quartier « sous – manguier Nkomo » à Yaoundé ce 09 juin 2011. Il est à peine 19 heures ; des bruits assourdissants sortent d’un snack bar bien connu de la place. L’ambiance est comme celle d’un samedi soir ; et pourtant, nous ne sommes que jeudi. 

Mais contrairement aux  autres jours, la clientèle est majoritairement jeune ; on dirait même mineure. Tous se trémoussent, en s’embrassant de façon flagrante même sur le trottoir pour certains, au mépris du regard  moqueur des pauvres passants qui reviennent d’une journée de dur labeur.

L’alcool coule à flot ! Même les filles dont on dit la santé délicate assassinent sans pitié aucune, des bouteilles de bière pour certaines et des bouteilles de Whisky pour les plus nanties. Tous scandent à l’unisson un même message : « enfin libérés ! » ; une façon pour ces derniers  d’enterrer toute la misère qu’ils disent avoir  enduré tout au long de l’année scolaire.

Ces élèves qui pour la plus part viennent de terminer les épreuves du BEPC (Brevet d’étude du Premier Cycle) proviennent de toutes les classes sociales filles comme garçons. D’ailleurs c’est un rendez – vous bien attendu !

Le phénomène tend à se généraliser dans tout le pays ; même les zones rurales qui jusqu’ici étaient relativement épargnées ne restent plus en marge de cette mode. Après la dernière épreuve de chaque examen officiel, les élèves camerounais se donnent rendez – vous avec une autre épreuve, la dernière, mais cette fois au bar !

Ici, on boit de façon suicidaire, jusqu’à des heures creuses de la nuit ; ensuite, une fois emporté par les alcools, on se livre à des bagarres et même régulièrement à des actes de violence sexuelle contre les filles du groupe. Si le phénomène semble ne rien dire aux autorités, c’est avec beaucoup de regret que les parents admirent cette déviance. C’est le cas de cette femme  rencontrée en face de cette boite de nuit ce jeudi 09 juin qui ne cache pas sa fureur face à cette situation : « c’est très grave ! Et c’est regrettable pour notre pays. Que fêtent ces enfants alors que les résultats ne sont même pas déjà connus ? »  martèle cette dame avant de conclure «  si c’est cela qu’on  leur enseigne à l’école c’est qu’il faudrait revoir totalement le système éducatif camerounais »

Ces enfants, bien qu’inconscients sont bel et bien encouragés par certains de leurs enseignants, qui y voient une occasion en or pour escroquer ces derniers. Toutes choses qui illustrent à suffisance la précarité dans la quelle vit l’enseignant camerounais, qu’il soit du privé ou du public.

L’Etat, garant de l’éducation de la jeunesse se trouve ainsi interpellé, face à cette bacchanale qui risquerait au fil des années de se formaliser. Les parents eux- aussi devraient à leur niveau prendre toutes les mesures nécessaires, afin que  leurs enfants ne se livrent pas à cette déviance !