Les camerounais se rendront théoriquement aux urnes au mois d’octobre prochain pour élire leur nouveau président de la république. À moins de six mois de cette échéance hautement capitale, difficile pour les spécialistes de prévoir une élection vraiment compétitive, en ce sens que l’opposition y sera une fois encore en rangs dispersés. Toutes choses qui garantiraient sans aucun doute au candidat du parti au pouvoir un vote sans stress.

Arrivé au pouvoir en novembre 1982 à la suite de la démission du président Ahidjo, Paul Biya, 78 ans sonné, serait sans aucun doute candidat à sa propre succession ; en tout cas,  rien ne l’en n’ empêche ! bien que n’ayant pas encore officiellement annoncé sa candidature, plusieurs indicateurs, notamment sa modification de la constitution de mars 2008 nous autorise à croire réellement qu’il tentera en octobre prochain de briguer un autre septennat à la tête du Cameroun. Surtout qu’il est à ce jour le seul à contrôler véritablement le terrain politique camerounais. L’opposition, jadis radicale et unie, n’est devenue ces dernières années que l’ombre d’elle – même et s’est d’ailleurs transformée en une sorte d’associations de mendiants sans idéologie et sans réelle position. Ils sont à ce jour, un peu plus d’une demi-douzaine de personnes à avoir annoncé leur candidature à ces élections présidentielles 2011. Cependant, à l’exception de Bernard Muna de l’Alliance des forces progressistes (AFP), Anicet Ekane du mouvement africain pour la nouvelle indépendance (MANIDEM) et dans une certaine mesure Ahmadou Ndam Njoya de l’Union Démocratique du Cameroun (UDC), qui peuvent relativement être considérés comme des politiciens actifs, toutes les autres personnalités ayant déclarés leurs candidatures ne sont en réalité que des animateurs de la galerie. Aussi, Ni John Fru Ndi, président du Social Démocratic Front (SDF),  première formation de l’opposition camerounaise dit en l’état actuel des choses ne pas pouvoir participer à ce scrutin. Pour lui, les conditions ne sont pas réunies pour la tenue d’une véritable élection au Cameroun ; il réclame notamment un scrutin à deux tours et la reconfiguration de l’Elecam, l’organe chargé de l’organisation de ces élections. Dans une déclaration, l’organe central du parti a indiqué récemment que sans ces changements, « il n’y aura pas élection présidentielle au Cameroun en 2011 » ; reste alors maintenant à voir quelle méthode utilisera le SDF pour empêcher la tenue des élections au Cameroun ; car, le pouvoir de Yaoundé n’entend pas fléchir sur ses positions.

Dans ces conditions troubles, le candidat du parti au pouvoir est bien parti pour être vainqueur à ce rendez –vous électoral. Mais seulement, dans un contexte où la communauté internationale s’est résolument rangée du côté du respect de la volonté du peuple, vivement que les autorités de Yaoundé prennent en compte les revendications légitimes du peuple, afin de ne pas basculer le Cameroun, « arbre de paix » en Afrique centrale, dans une impasse totale.