Les Camerounais tout comme la quasi-totalité des habitants des pays dits du Sud se sont laissés berner durant près d’une décennie par un slogan suffisamment flatteur du système des nations unies : Les OMD ; entendez les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Un concept savamment conçu par les spécialistes de l’Onu, qui visait à amener et surtout à aider les pays en développement à prendre des mesures urgentes, afin de garantir à leurs populations le strict minimum vital à savoir une éducation de base pour tous, et une couverture sanitaire satisfaisante de l’ensemble de leur territoire.
Ainsi, chaque pays se devait de prendre des mesures urgentes telles que la construction et l’équipement des écoles et dispensaires, le recrutement et surtout la revalorisation des conditions de travail des enseignants, infirmiers et médecins. Cependant, si les pays en voie de développement des autres continents se battus pour relever ce challenge, ceux d’Afrique et le Cameroun en particulier sont carrément passé à côté de cette autre opportunité unique.
Car au Cameroun, le personnel médico-sanitaire et surtout les instituteurs qui sous d’autres cieux constituent de petits « Dieux » sont les plus marginalisés. A l’aube des années 2004, le gouvernement camerounais avec l’aide des agences spécialisées de l’Onu a lancé une opération de contractualisation des Instituteurs et d’infirmiers, qui à son terme a permis le recrutement à la fonction publique de près de 15.000 Instituteurs et de quelques 6.000 Infirmiers. Des chiffres très insignifiants, pour un pays qui a gelé les recrutements à la fonction publique pendant près d’une décennie et donc les besoins s’estiment à plusieurs centaines de milliers. Malheureusement, une fois le financement de la communauté internationale rendu à son terme, le pouvoir de Yaoundé va lui aussi stopper l’opération qui pourtant était supposé se poursuivre chaque année. Tout récemment, dans le cadre du recrutement de 25.000 jeunes à la fonction publique que le Président de la République Paul Biya a lancé en prélude aux élections présidentielles de 2011, on a recruté moins de 5000 d’entre eux, et dans des conditions totalement floues (dans un pays où la corruption, le tribalisme et le copinage règnent en maîtres absolus).
Le Cameroun compte à ce jour plusieurs centaines de structures (publiques et privées) de formations du personnel médico-sanitaire et d’Instituteurs. Des structures qui déversent chaque année sur le marché de l’emploi plusieurs dizaines de milliers de chômeurs. Des chômeurs qui pour le plus part choisissent depuis un certain temps d’aller se chercher ailleurs ; notamment dans les pays de la sous-région où ils sont très prisées pour leurs aptitudes. Le président de la République Paul Biya est donc ici interpellé ; lui devrait et de toute urgence stopper cette fuite de la matière grise camerounaise en autorisant le plus tôt possible un recrutement automatique du personnel médico-sanitaire et des Instituteurs (enseignement général et technique) à la fonction publique. Plus loin, le chef de l’Etat camerounais devrait interpeller l’actuel ministre camerounais de la fonction publique qui a à nouveau gelé les recrutements à la fonction publique. Avec un budget 2013 d’un peu plus de 3.000 milliards de francs CFA, le Cameroun peut et bien lancé une autre opération de recrutement de 25.000 jeunes. Pourquoi pas 50.000 ? Surtout que les autorités ne veulent pas structurer le secteur privé, afin de lui permettre de les venir aide.