C’est devenu presque une mode au Cameroun ; notamment dans les grandes villes : les cours du soir. Jusqu’ici exclusivement organisés par les institutions d’enseignement supérieur, le secondaire et le primaire s’y sont aussi investis et s’en sortent plutôt bien.
Ils sont plusieurs milliers d’élèves camerounais à avoir opté pour ce mode d’enseignement ; ceci, pour diverses raisons. Dans un contexte où c’est l’écolier qui doit parfois payer lui-même ses frais de scolarité, il lui revient de trouver la formule magique pour associer étude et débrouillardise ; toute chose qui lui permettrait de se faire un peu de sous. Ainsi, en journée, il pratique une petite activité rémunératrice, avant d’aller au cours dans la soirée. C’est le cas du jeune Grégoire, élève en classe de ‘première génie civil bâtiment’ dans un établissement scolaire de Yaoundé, spécialisé dans ce genre d’études : « en journée, je suis ouvrier dans les chantiers de construction, et aux environs de 15 heures, je m’apprête et je vais au cours, pour rentrer chez moi à 21 heures ». Si pour Grégoire c’est un choix personnel, parfois c’est vos parents qui vous l’imposent pour diverses raisons, comme nous explique ici, la jeune Vanessa qui elle-aussi suit les cours du soir : « ma maman est propriétaire d’un restaurant ; chaque jour, je dois l’aider à faire la cuisine en matinée avant de retourner à la maison m’apprêter pour aller aux cours dans l’après midi ».
Fondamentalement, bien que les programmes dispensés ici soient identiques à ceux pratiqués en « cours du jour », il convient de reconnaître qu’ici, les quotas horaires réservés aux leçons sont plus réduits, d’où l’urgence pour l’élève de faire preuve de beaucoup d’attention et d’application. Et même, les frais de scolarité pratiqués pour les cours du soir sont relativement moindres par rapports à ceux exigibles en « cours du jour ». À la question de savoir ce que prévoit la réglementation en matière des cours du soir, un responsable d’un de ces établissements nous confie sous anonymat que la « législation scolaire camerounaise ne défend pas les cours du soir ; et tout le monde sait que ce qui n’est pas défendu est autorisé ».
Dans un environnement où la pauvreté est de loin la chose la mieux partagée au sein de la population, ces cours du soir peuvent apparaître comme une bonne alternative, surtout pour les travailleurs et fonctionnaires voulant poursuivre leurs études ; cependant, les autorités se doivent d’y mettre un peu d’ordre, afin que ces cours du soir ne se positionnent pas comme « une forme d’école au rabais ».