De nombreux camerounais considéraient jusqu’ici la Commission Nationale Anti – Corruption (CONAC) comme une simple institution impuissante créée pour amuser la galerie. En effet, dans un pays où la corruption est devenue au fil des années presque un sport national, de nombreux camerounais se demandaient bien comment cette jeune structure pouvait faire pour dénoncer sans crainte des cas de corruption au sein de l’administration.

Il a donc fallu attendre ce jeudi 10 novembre 2011 pour que la structure que gère le très révérant Dieudonné Massi Gams rende public un rapport qui risquerait fort bien au cours des tous prochains jours de créer un véritable Tsunami dans le sérail camerounais. En effet, dans son rapport d’activité couvrant la période 2008 à 2010, la Conac a fait état de nombreux cas de détournement de  fonds  publics au Cameroun.

Dans ce document de 300 pages, la Commission Nationale Anti – Corruption du Cameroun s’est penché sur plusieurs dossiers. Par exemple, dans le cadre du projet de construction de la route Ayos – Bonis, l’on  a appris qu’il y’a eu un  détournement de près de 800 millions de Franc Cfa. Ici, la Conac pointe du doigt les plus hautes autorités du ministère des travaux publics qui selon ce rapport auraient au sein de leur administration un gigantesque réseau de détournement de fonds, partant de l’attribution des marchés à la livraison de ceux – ci. Par ailleurs, ce même rapport nous apprend que l’Etat camerounais a perdu durant ces dernières années plusieurs  milliards de francs: « les montants des paiements irréguliers à rétrocéder à l’Etat se chiffrent à près de 15 milliards de Fcfa. Par rapport au marché de base, le coût de la route Ayos-Bonis sera multiplié presque par trois si la tentative de détournement des 15 milliards devenait définitivement effective » a précisé ce rapport.

La Conac a aussi mené des enquêtes au niveau du ministère de l’agriculture où elle a décelé un détournement d’un peut plus de 600 millions de francs dans le cadre du programme maïs. Afin d’être complet, ce rapport de la Conac ne s’est pas limité aux dénonciations ; il dévoile aussi clairement l’identité  des personnalités et des sociétés mises en cause. Reste maintenant alors au président Paul Biya de mettre rapidement à la disposition de la justice ces présumés voleurs de la république. En attendant, les camerounais dans leur immense majorité saluent ce travail courageux de la Conac et n’attendent plus que la réaction du président de la république, surtout quand on sait qu’il n’a pas encore formé un nouveau gouvernement au lendemain de sa réélection. Ce rapport tombe donc à point nommé.