L’épidémie de choléra était jusque là circonscrite essentiellement dans la région septentrionale du pays ; on y a dénombré l’an dernier plusieurs milliers de morts. Mais, depuis quelques jours, la maladie des mains sales a envahi plusieurs localités du sud du pays dont Yaoundé la cité capitale du Cameroun. Au jour d’aujourd’hui, elle a fait de nombreuses victimes, principalement dans les quartiers insalubres de la ville. André Mama Fouda, le ministre de la santé publique a tout récemment reconnu lui – même le retour du choléra dans la région du centre, au cours d’une communication spéciale organisée à Yaoundé. Compte –tenue  de l’insalubrité et la promiscuité qui caractérisent les grandes villes camerounaises, il est à craindre le pire dans les tous prochains jours. Afin d’en savoir un peu plus sur cette insalubrité, nous avons effectuée une petite balade dans plusieurs quartiers de Yaoundé.

* photo futura – science.com

 

 

Nous sommes au quartier Ekounou ; plus précisément au lieu dit « deux chevaux » ; il est à peine six heures du matin ; des jeunes gens de tous sexes confondus, sortent d’une piste donnant sur l’axe principal portant sur la tête pour certains des bidons, et d’autres de grandes cuvettes. Ils sortent tous du petit marigot du coin appelé ici « source », à la recherche de l’eau ; car nous lance un jeune homme « c’est depuis près de quatre jours que les robinets sont secs ; il nous est très difficile d’avoir de l’eau ici, même à la source, il faut sortir tôt pour se trouver une place ; il y’a une très longue file d’attente là bas… ». Sur les lieux même de cette « source », nous constatons qu’il ne s’agit en réalité que d’une petite mare d’eau aménagé par des riverains, dont s’y abreuvent même les animaux !

Un peu plus loin là, à Nsam  plus exactement, c’est plus grave ; les habitants de ce quartier populaire sont sevrés du précieux liquide depuis près de deux mois. Pour se laver, il faut se battre à se trouver un peu d’eau dans un petit marigot insalubre du coin ou encore dans un puits d’eau, si l’on en dispose. Quand à l’eau à boire, il faut acheter chaque jour un important stock d’eau d’origine douteuse, vendue dans des sachets en plastique à 50 F.CFA. Aussi, comme dans d’autres quartiers partageant les mêmes difficultés, des camions citernes des sapeurs pompiers distribuent chaque jour aux populations, une maigre ration journalière en eau vraisemblablement potable.

Aussi, presque dans tous les quartiers, il ruisselle notamment en cette saison des pluies, des eaux noires, provenant parfois des latrines mal aménagées, dégageant au passage des odeurs nauséabondes. Egalement, ici, le puits d’eau n’est souvent distant des latrines que de quelques centimètres, ce qui favorise malheureusement une communication rapide entre ces deux aménagement  ennemis. En outre, malgré le travail énorme que font les autorités en matière de collecte et de traitement des ordures ménagères, on retrouve encore dans certains quartiers inaccessibles,  des tas de déchets amassés près des domiciles où on y retrouve même des excréments provenant des habitations ne disposant pas de latrines, véritable réservoir du vibrion cholérique.

Ces quelques exemples non exhaustifs illustrent à suffisance dans quelles conditions d’hygiène vivent les habitants de Yaoundé. A l’exception de quelques quartiers chics où l’eau potable est régulièrement disponible, dans la majeure partie des cas, trouver de l’eau potable est un véritable calvaire. Aussi, par manque de moyens et en l’absence d’une véritable campagne de sensibilisation, les populations camerounaises semblent ne pas craindre le choléra ; car, malgré que l’épidémie soit déclarée dans la ville, les habitants continue de manger des fruits sans laver, à manger sans toute fois bien se laver les mains avec du savon,  toute  chose qui explique notre crainte de voir l’épidémie gagner toute la ville.

A ce jour, on dénombre dans les hôpitaux de la cité verte et de Melen plusieurs dizaines de malades du choléra. Officiellement, on parle de plus de cinquante cas déclarés dans la région du centre, dont une quinzaine de décès.

On ne le dirait jamais assez, le choléra est une maladie de la saleté. Donc,  le meilleur moyen de l’éviter est de se laver les mains après les toilettes avec de l’eau propre et  du savon, les essuyer avec un tissu propre ; aussi, laver les fruits et légumes avant de les consommer, et surtout ne pas toucher aux malades du cholera, même décédés. Cependant, si l’on fait déjà la maladie, il est conseillé de boire beaucoup d’eau afin de ne pas se déshydrater.