Afin de répondre à un besoin de plus en plus grandissant et urgent en structures de formation des jeunes camerounais, le gouvernement s’est trouvé obligé de libéraliser le secteur de l’enseignement , pour permettre aux personnes ayant la capacité, de créer et de gérer eux – même des établissements scolaires et universitaires.
C’est ainsi que plusieurs hommes d’affaire s’y sont investis, et s’en sortent plutôt bien. Cependant, dans un pays où le nombre d’enseignants formés est déjà très insuffisant, cet ordre d’enseignement va se tourner vers certains diplômés du secondaire et du supérieur, le plus souvent, sans aucune formation pédagogique ; recrutés uniquement sur la base de leur diplôme académique. Aussi, dans un pays où plus de trois diplômés sur cinq sont voués au chômage, ceux – ci ont vite vu une réelle opportunité ; mais seulement, doivent bien aussi accepter les caprices de ces promoteurs d’établissements qui pour la plus part ne sont que des hommes d’affaire à la recherche du profit. C’est ainsi qu’à l’exception de quelques rares établissements sérieux, les salaires, déjà dérisoires se payent de façon très irrégulière. « … on n’a pas de choix ; dans la mesure où on a rien de mieux ailleurs » nous lance un jeune enseignant de français titulaire d’une License en lettres modernes françaises ; quant à son collègue de mathématique, il s’y est lancé avec d’autres raisons : « c’est le seul moyen pour moi pour recruter des élèves pour des cours de répétitions que je propose à domicile » car ajoute – t – il « ces cours de répétitions en privé me rapportent quasiment le double de mon salaire dans cet établissement ». Avec le taux de chômage qui ne cesse de croitre dans le pays, il devient même déjà très difficile pour un jeune de se faire recruter dans l’un de ces établissements. A la veille des rentrées scolaires, chaque établissement met sur pied en interne une commission chargée du recrutement de ses enseignants ; et les critères de sélection diffèrent d’un établissement à un autre, comme nous le confie ici Hilaire Koagne, directeur des études dans un collège de Yaoundé « nous nous attardons d’abord sur votre profil ; ensuite, nous faisons éventuellement appel à vous pour l’entretien ; si vous nous convainquez, vous êtes retenu » quant au traitement salarial, là aussi ça dépend de certaines choses ; hilaire Koagne « cela dépend de votre niveau d’études et aussi de la matière à enseigner. Cependant, nos tarifs horaires pour les vacataires varient entre 750 F.CFA et 1300 F.CFA (1 euro égale 650 F.CFA) ; quant aux permanents, leurs salaires mensuels oscillent entre 40000 et 60000 F.CFA » cependant, il convient de préciser que ces salaires ne sont pas payer pendant les vacances annuelles de trois mois !
À côté de ces salaires dérisoires, il faut ajouter l’obligation infaillible de résultats à laquelle sont assujettis ces enseignants. Les établissements privés étant un peu comme des structures commerciales, seuls les bons résultats suffisent pour attirer un grand nombre d’élèves. Chaque enseignant se doit alors malgré la précarité, de donner tout le meilleur de lui – même s’il veut conserver son emploi ; surtout qu’ici, le licenciement n’est jamais abusif.
Enseigner dans le privé au Cameroun relève d’un sacrifice purement patriotique ; car, il est difficile à ce genre d’enseignant de se loger convenablement, de se nourrir correctement, ou encore même de s’habiller comme l’exige la déontologie du métier. Et malheureusement, face à cette marginalisation flagrante de l’intelligentsia, les autorités affichent un silence complice !
Les gars je prefererai rester chez moi, que de travailler pour un salaire horaire de 1600 frs cfa.