La fonction publique constitue encore le second plus gros employeur du Cameroun après le secteur informel. Ceci, à cause de l’absence d’une réelle politique d’insertion professionnelle des jeunes. Le Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle qui est normalement chargé d’aider les jeunes à s’insérer dans le monde de l’emploi, n’est en réalité qu’une boîte à résonnance qui passe son temps à distraire les jeunes avec des choses du genre Programme Intégré d’Appui aux Acteurs du Secteur Informel (PIAASI) ou encore avec des Section Artisanale et Section Ménagère (SAR/SM) désuètes et inadaptées à l’environnement local. Des initiatives mort-nées totalement vouées à l’échec.
Devant cette situation, à défaut de s’investir dans l’informel ou d’aller en aventure au Gabon ou en Guinée Equatoriale, les jeunes (surtout des familles nanties), sont obligés par tous les moyens de se rabattre sur la fonction publique. Une fonction publique qui quant à elle promeut tout sauf le mérite. Car ici, trois éléments conditionnent les recrutements : le tribalisme, le népotisme et surtout la corruption. Le président de la République s’en est lui-même rendu compte, au point de limoger certains hauts fonctionnaires, ou en les envoyant simplement en prison.
L’an dernier, en quête d’un nouveau mandat de sept ans, Paul Biya a autorisé un recrutement à la fonction publique de 25000 jeunes. Une opération qui au finish ne résoudra aucun problème. Car les « maître-tripatouilleurs » s’en mêleront, et en feront un fond de commerce. C’est ainsi qu’au terme de l’opération, sur près de 350 000 candidats, seuls quelques 20 000 personnes seront officiellement retenues. Les 5.000 autres places, constituant t le « business » des personnes en charge de l’opération. Au jour d’aujourd’hui, cette opération « 25000 jeunes » sert de prétexte au gouvernement pour ne plus recruter à la fonction publique.
Annoncé pourtant pour ce mois de Novembre, le recrutement des Instituteurs Vacataires de l’enseignement général et technique est renvoyé aux calendes grecques. Tout comme celui des infirmiers diplômés d’Etat et aides soignants. Une injustice inadmissible, quand on sait ce qu’ endurent au quotidien ces jeunes gens à travers les établissements scolaires et hôpitaux publics de la République. Vivement que le Ministre de la Fonction Publique prenne ses responsabilités, en organisant et le plus tôt possible des concours de recrutement à la fonction publique ; car le pays dispose suffisamment de moyens pour cela.