Malgré la générosité que la nature a eue vis-à-vis du Cameroun, il reste encore curieusement l’un des pays les plus pauvres du monde. Une situation totalement paradoxale, quand on sait quelles potentialités dispose ce pays d’Afrique centrale.
Officiellement, pour justifier cet état de chose, les autorités brandissent régulièrement les diverses crises économiques qu’a connu le monde ces dernières années. Un prétexte non fondé, dans la mesure où le pays de Paul Biya contrairement à ses voisins d’Afrique centrale n’a jamais ou presque connu de crise politique majeure. Il est donc en Afrique centrale, un véritable arbre de paix. Et, fort de cette posture, le Cameroun devrait avec ses innombrables ressources naturelles être incontestablement parmi les pays les plus développés d’Afrique. Mais hélas !
Le fait c’est qu’à son arrivé au pouvoir en 1982, reprochant à tort ou à raison à son prédécesseur Ahmadou Ahidjo d’avoir été durant son règne très autoritaire, le président Paul Biya institue un laisser-aller qui plongera le pays quelques années plus tard dans un marasme économique sans précédent.
Un laisser-aller qui s’est traduit par une administration inerte et inefficace, au sein de laquelle le népotisme, le tribalisme et surtout la corruption sont les seuls maîtres mots. C’est ainsi en 2004, le pays de Samuel Eto’o remporte une première place mondiale, non pas en football, mais en corruption. Et, depuis, le Cameroun fait tout, pour demeurer dans le peloton de tête de ce classement publié chaque année par l’ONG allemande Transparency International.
Au Cameroun, la corruption est devenue presqu’une religion. Elle est présente dans tous les domaines de la société. Dans l’administration, elle est érigée en règle, et se pratique à ciel ouvert. Il est devenu difficile de réussir un concours administratif, ou de gagner un marché public, sans glisser une enveloppe au responsable en charge de l’opération. Aussi, au Cameroun, tout le monde sait combien on paie si l’on désire intégrer une grande école (ENAM, EMIA, ENS, ENSET…). Le mérite n’ayant plus de place.
Malgré tous les efforts que les autorités déploient quotidiennement pour barrer la voie à ce fléau aux conséquences néfastes sur l’économie, la corruption continu de progresser dans le pays. Le président Paul Biya a mis sur pied ces dernières années la Commission Nationale Anti-corruption (CONAC) qui ne se contente jusqu’ici que de publier de simples rapports annuel. Dans sa dernière publication faite au mois de Novembre dernier, la CONAC a épinglé une fois encore plusieurs hautes personnalités du pays en charge de la réalisation des grands projets lancés tout récemment. L’on a ainsi appris que l’argent qui était destiné au dédommagement des populations riveraines au barrage de Lom Pangard ou du port en eau profonde de Kribi a été détourné par des fonctionnaires véreux. Un préjudice estimé à plusieurs centaines de millions de francs CFA. Dès lors, on comprend que les fonctionnaires camerounais n’ont plus peur de la prison. Car au jour d’aujourd’hui, près d’une trentaine de hautes personnalités du pays dont un premier ministre et de nombreux ministres croupissent derrière les barreaux, pour des histoires de détournement de fonds publics et corruption.