Cameroun : des grandes écoles pour rien !

Le Cameroun est en Afrique subsaharienne l’un des pays qui présente l’une des offres de formations les plus fournies. Ceci, grâce  à ses huit universités d’Etat, ses multiples écoles de formation et ses innombrables structures privées d’enseignement supérieur. C’est ainsi que de nombreux jeunes africains quittent leurs pays pour venir se former au pays de Samuel Eto’o. Parlant des grandes écoles internationalement reconnu, on peut en dénombrer au pays près d’une trentaine ; tous, fournissant des formations dans presque tous les secteurs d’activité. Les plus connues sont l’ENSTP (Ecole Nationale Supérieure des Travaux Publiques), l’ENSP (Ecole Nationale Supérieure Polytechnique), l’ESSTIC (Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication), l’ENAM (Ecole Nationale de l’Administration et de la Magistrature), l’EMIA (Ecole Militaire Inter – Armes), et surtout les deux écoles normales supérieures que sont l’ENS pour l’enseignement général, et l’ENSET pour l’enseignement technique. Aux côtés de ces grandes et prestigieuses écoles figurent d’autres de tailles moyennes qui sous d’autres cieux peuvent elles –aussi être considérés comme des grandes écoles. Il s’agit en l’occurrence des ENIEG (Ecoles normales d’instituteurs de l’Enseignement Général), ENIET (Ecoles Normales d’Instituteurs de l’Enseignement Technique), les CENAJES et bien d’autres.

 

Cependant, de toute cette pléthore d’écoles, seules les diplômés de quelques unes d’entre elles sont directement recrutés par la fonction publique. Les autres, devront se battre eux-mêmes, dans un environnement où le secteur privé est quasi-inexistant ; en attendant le jour que les pouvoirs publics organiseront un semblant de concours à la fois très sélectif et miner de corruption et de népotisme pour disent – ils, les sortir du chômage. Par le passé, lorsqu’un enfant passait avec succès le concours d’entrée dans une grande école au Cameroun, il était sûr d’être à la fin de sa formation  immédiatement recruté à la fonction publique. Mais, à ce jour, avec la crise économique et l’absence de vision politique, c’est tout à fait le contraire.

Ils sont nombreux,  ces médecins, ingénieurs, hauts cadres, tous diplômés des grandes écoles camerounaises, qui après leur formation continuent de squatter dans la maison familiale des années durant, en attendant le jour qu’ils trouveront un petit gagne pain. C’est le cas de Martin, trente ans, diplômé de la FASA (Faculté des Sciences Agronomiques) de l’Université de Dschang, condamné à vendre des habits à la criée, pour subvenir à certains de ses besoins. Pour lui, le Cameroun est l’un des pires pays qui existeraient sur terre : «  comment comprendre que dans un pays qui souffre d’une insuffisance agricole, que des ingénieurs agronomes soient méprisé de la sorte ? Ça ce n’est que du made in Cameroon » nous lance – t –il en furie avant de partager avec nous ses ambitions futures «  je vais me battre et d’ici quelques années, je tenterais de gagner un pays, même de la sous-région, qui serait disposé à reconnaître mon importance, car le Cameroun tue sa jeunesse ! ». Cette déception de Martin est partagée par des milliers d’autres jeunes camerounais, à l’instar de ce jeune infirmier diplômé d’Etat qui dit ne rien comprendre de l’attitude des dirigeants camerounais : «  le Cameroun est le seul pays au monde où les enseignants, les médecins et les journalistes sont les plus marginalisés de la société au détriment des … »

Il est vrai que la crise économique de ces dernières décennies jumelées au fameux « plan d’ajustement structurel » des institutions de Breton-Wood n’étaient pas de nature à favoriser des recrutements à la fonction publique. Cependant, à la reprise, les recrutements devaient être orientés prioritairement vers les secteurs porteurs que sont l’éducation, la santé, l’agriculture et l’industrie. Mais hélas !

Au jour d’aujourd’hui, difficile pour un jeune camerounais de nourrir un rêve réalisable pour l’avenir. Car le tout n’est plus d’aller à l’école ; mais de disposer  des parrains, et des réseaux au sein de l’administration, pour espérer un jour profiter pleinement de son savoir. Vivement que le nouveau président qui sera élu au soir du 09 octobre prochain comprennent qu’on ne délaisse pas des médecins formés, des ingénieurs, et encore moins les enseignants qui sont le socle de la société.

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