Moi, pour tout vous dire je m’inquiétais. Il nous avait habitué à des sorties régulières iconoclastes, des confidences maladroites ou des affirmations hautaines. Mais depuis l’avènement de Nicolas 1er, celui qui réapparut parmi les conseillers du Président faisait profil bas. Des interventions milimétrées et calculées, des petites phrases toutes en retenue ou suffisamment vagues. Le calme plat.

En récompense le sénateur de la Meuse était il faut dire président du Groupe UMP du Sénat chargé de dossiers épineux tel la réforme des collectivités.
Alors rangé des voitures le roi des non lieux ? pas si sûr…
Passé au travers du financement occulte du Parti républicain, d’un « recel d’abus de crédit » concernant la construction de sa villa de Saint-Tropez, du recel de corruption dans l’affaire des marchés publics d’Île-de-France, il a su agrémenter ses passages médiatiques de quelques bévues mémorables. Puis plus rien.
En évoquant la nécessité de faire appel à un représentant «du corps français traditionnel» pour présider la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde), il a considéré qu’un candidat socialiste d’origine Kabyle n’était pas le «bon personnage» pour accéder à de telles fonctions.
Ses propos l’assurent au moins d’une chose : Gérard Longuet ne sera pas le prochain Président de la Halde. Les discriminations, l’égalité tout ça ce n’est pas vraiment le truc de ce fondateur du groupe d’extrême droite Occident plutôt disons radicaux.
C’était Occident uber alles, nationalisme à tout va, démocratie caca et coup de poing sur les rouges pour résumer…
Un environnement culturel qui doit assurément laisser des traces même si Gérard Longuet devait réagir : il quitte en effet Occident pour rédiger… le programme économique du Front National… ouf !
Il était comme qui dirait sorti d’affaire, enfin presque.
A croire que l’extrêmisme n’est pas soluble dans l’UDF ou le Parti Républicain. Alors à l’UMP…
Toujours prompt à défendre son parti, celui qui lui a tout donné il faut dire, sa carrière, le pouvoir… il devait être bien déboussolé par cette satanée ouverture. Il s’est pourtant vu bien des fois bénéficier de prestigieuses nominations qui ne vinrent jamais alors… cela aurait été l’occasion de presque rivaliser avec son ex beau-frêre à succès, Vincent Bolloré. A constater que ses adversaires politiques sont mieux lotis que lui, son sang presque pur de français quasi de souche n’a du faire qu’un tour, sa langue aussi. Avec toute cette rhétorique autour de l’identité nationale, ces dérapages choisis sur les origines ethniques ou la criminalité supposée, il faut le comprendre Gérard, la tentation était trop forte. Alors il s’est lancé, comme d’autres avant lui. Sur un sujet déjà éculé et pour tout dire has been même pour les instigateurs. Et à un bien mauvais moment : les régionales difficiles pour son camp, se dessinent déjà et le voilà se révélant plus nauséabond que Georges Frêche himself. Du coup, le voilà critiqué de se spropres amis, Eric Besson et Frédéric Lefevre compris, c’est dire l’isolement du gaillard qui risque d’être invité à de longues semaines de pénitence au plus profond de son département fétiche, la Meuse…
Lui qui confiait volontiers après avoir perdu la Lorraine "Je suis poisson, je sais nager" n’a de cesse, finalement, de nager en eau trouble.