Bush dans toute sa splendeur

Sarkozy, Fillon, Bachelot et toute la clique ? Des petits joueurs ! Non, sérieux, avec leurs franchises médicales qui prétendent être prévues pour financer les plans cancer et Alzheimer, une bande d'amateurs on vous dit.

Ils veulent démanteler la Sécurité sociale pour la livrer à leurs amis du secteur privé, mais ils n'assument pas, ils n'osent pas le dire, ces honteuses. Prenez au contraire les vrais pros : au hasard, George W. Bush. "Je crois dans la médecine privée, pas dans la gestion par le gouvernement fédéral du système de santé", dit-il franchement.

Gloussons au passage en constatant à quel point la médecine privée a prouvé sa faillite aux Etats-Unis, justement. Mais bon, Bush est croyant, alors il croit. En dieu, en la médecine privée, en la guerre. Et il n'est pas stupide (si, d'accord, un peu, mais pas tant que ça): le système de santé américain est sinistré et la guerre en Irak est une immense tragédie, mais pas pour ses amis les riches, des labos pharmaceutiques ou du complexe militaro-industriel, qui peuvent applaudir des deux mains une politique qui conforte à ce point leur indécente domination.

Donc, Bush croit en la médecine privée. Aussi, quand le Congrès vote une rallonge de 35 milliards d'euros à SCHIP (State children's health insurance program – programme d'assurance d'Etat pour la santé des enfants), financée par une augmentation de 0,61 dollar de la taxe fédérale sur les cigarettes, pour étendre la couverture à 4 millions d'enfants supplémentaires, il brandit son véto. L'explication la plus claire de sa position se trouve dans ce sarko___bushbrûlot d'extrême gauche qu'est Le Figaro : "de son point de vue, si le programme était étendu, un tiers des nouveaux bénéficiaires renoncerait à leur assurance privée au profit de Schip."

Vous imaginez la catastrophe que tous ces jolis profits envolés pour les assureurs ? Alors tant pis si 72% de l'opinion américaine est en faveur du texte, Bush s'asseoit royalement dessus avec son véto quand même. Ironie de l'histoire : au moment où il refuse d'accorder ces 35 milliards pour la santé des enfants, il en réclame 42 pour les guerres en Irak et en Afghanistan. En attendant celle d'Iran. Non, vraiment, Sarkozy a encore bien du chemin à faire avant d'arriver aux chevilles de son modèle. Mais laissons-lui un peu de temps : il n'est élu que depuis mai.

Et Bush, malgré son calamiteux premier mandat, a été réélu. Nos néo-cons français peuvent donc nourrir tous les espoirs.