Tout commence en février dernier dans la ville de Koudougou,  avec le décès d’un jeune élève dont les populations ont attribué la responsabilité aux forces de l’ordre.

Il s’en est alors suivi des manifestations dans les rues de cette ville du Centre-Ouest du pays. Puis, la contagion a vite  gagné tout le pays. Un malheur ne venant seul, les militaires ont immédiatement emboité le pas aux civils en organisant eux –aussi  une série de manifestations, pour réclamer un meilleur traitement. C’est ainsi que des mutineries ont éclaté dans différents camps militaires du pays ; au point de pousser à un moment le président Blaise Compaoré au pouvoir depuis 1987 à fuir son palais de Ouagadougou pour aller se refugier dans sa ville natale.

Les populations, principales victimes de ces mouvements,  descendront également dans la rue pour manifester leur ras-le-bol face à au pillage et à l’insécurité dont elles  souffraient de la part de ces militaires mutins. Pour tenter de désamorcer cette bombe, après de nombreuses négociations infructueuses avec les soldats révoltés, l’homme fort de Ouaga a limogé son gouvernement et a mis sur pied un nouveau gouvernement à la tête duquel Adolphe Tiao qui jusqu’ici était diplomate en service en France.

Malheureusement, à ce jour, plus d’une semaine après la mise sur pied de ce nouveau cabinet, rien ne semble évoluer dans le sens du retour de la paix ; bien au contraire ! D’ailleurs, l’entrée dans la danse des forces de police ces derniers jour en est l’illustration  parfaite. Il faut noter que ces désordres ont déjà causé la mort de plus d’une dizaine de personnes.
Ce soulèvement du peuple Burkinabè contre son chef est sans aucun doute l’expression la plus authentique  du malaise social profond dont souffre ce peuple plutôt dynamique depuis plus de deux  décennies aujourd’hui. Il reste tout de même à déplorer le silence complice de la communauté internationale face à ce qui convient désormais d’appeler la révolution du peuple burkinabè. Il est peut – être vrai que son excellence Blaise Compaoré est parfois cité comme un « bon élève » de la France en Afrique ; mais alors, allons – nous immoler la soif de liberté du peuple Burkinabè au non de la « France – à – fric» ?