Comment donc Bruxelles brusselle, comme le chantait Jacques Brel ? Franchement, j’imagine qu’elle chantonne majoritairement en français (en fait, en novlangue anglo-communautaire, mais c’est une autre histoire). Les Wallons, s’ils se séparent de la Flandre, entendent bien soumettre la question à référendum. Les Français, et même les Bretons, voire les Basques et les Corses,  les Alsaciens, pourraient y trouver leurs avantages…

Combien charge l’homologue bruxellois de Justin Conseil, le minutier des fidéicommis de la pub de Libération ? Il faudrait commencer à s’y intéresser. Quel est le prix du mètre carré à proximité de Louvain (Lovin, siège de l’université catholique), dans le canton francophone voisin du Brabant flamand ? Faudrait voir à « vouère », vu que je vais avoir bientôt une petite fille « aux études » et que la piaule parisienne est hors de prix (en sus, pas question de loger Romane dans la mezzanine, elle sert de débarras). Par le petit bout de la lorgnette, on y voit bien mieux que par le gros bout, et là, je braque ma presbyte courte vue sur la Wallonie-Bruxelles
 
J’aime bien Bruxelles, où je me sens bien, en compagnie de Belges et d’expats d’un peu partout. Pourquoi ne pas y envisager un pied-à-terre, voire s’y installer, non pas pour jouer les « jaunis » (Johnny Halliday, qu’aurait bien voulu, qu’aimerait bien avoir l’air de Bruxelles, mais qui ne l’a pas eu du tout, et joue les très riches en Suisse), mais payer moins de taxes foncières ? Faut « vouère ». J’ai un copain flamand, établi au Québec, au nom ben de chez vous (les Françaises et Français de l’Intérieur, les orientaux de ma Bretagne), Luc Devroye, qui parle un excellent français. Mais apprendre le flamand (le néerlandais), à mon âge, après avoir oublié le russe, et peinant à balbutier le roumain, c’est un peu trop me demander : si Bruxelles tombait dans un giron franco-belge, je pourrais me contenter d’assimiler les phrases les plus courantes et les formules de politesse, histoire de ne point me faire trop mal voir quand j’irais faire des courses au Brabant flamand.
 
Or, c’est toute la question de l’éventuelle scission de la Belgique. Et Bruxelles ?  Sur la RTBF, Eric Defoort vient de, ce dimanche, s’exclamer : « Vous croyez que les Flamands vont vous donner Bruxelles comme ça ? ». L’outrecuidance ! Réplique sèche d’Olivier Maingain :  « On demandera aux Bruxellois ce qu’ils veulent. ». Avis aux célibataires des deux sexes de France, de Bretagne, de Corse, d’Alsace, voire de Navarre, courtiser la Bruxelloise ou le Bruxellois. La ou le charmer, surtout s’il s’agit d’une Flamande ou d’un Flamand, lui faire miroiter tant la Légion d’honneur que la médaille des Francs Arquebusiers de Visé (près de Liège), remise par Paul-Henry Gendebien en personne.
 
Sarkozy boutera les Rroms vers la Flandre, ou les recasera dans les postes abandonnés par les « navetteurs » flamands de Bruxelles (non, là, j’ai proféré une ânerie, c’était juste pour faire un clin d’œil au caricaturiste de la RTBF,  et un autre à François Pirette interprétant un ministre flamand proposant des miradors et des contrôles linguistiques et autres). N’empêche, Michel Quévit (non, cela ne se prononce pas queue-vit, en belge ; zut, une autre, mais je n’ai pas pu m’en empêcher), estime qu’une Belgique réunissant la Wallonie, Bruxelles et la Communauté germanophone, pourrait être viable, même en conservant les multiples ambassades et consulats à l’étranger (bon, pas si Ockrent, nommée ambassadrice, doit conserver un salaire équivalent à celui qu’elle pompe en France, et recaser Kouchner en consul de Belgique en Honduras, je ne leur recommande pas).
Quelle que soit l’issue, Belgique fédérale indépendante ou rattachée par un lien organique à la France, il y aurait moyen de s’arranger (déjà qu’Albert Frère est Grand Croix de la Légion d’honneur, on pourrait penser à des échanges de bons procédés, et les Palmes d’argent de l’Ordre de la Couronne me suffiraient, merci d’avance).
 
Il y aurait des tas davantages pour des Françaises et des Français à aller s’installer en Belgique. Tiens, juste un exemple. Tu habites au nord de la Loire, et tu vas t’installer à Liège. Té, couillon, tu vas à Bouillon déguster la carpe frite, tu es déjà dans le Midi. C’est moins cher et plus copieux qu’une bouillabesse près du vieux port de Marseille, et question transports, c’est sans comparaison. Gaffe à l’accent cependant. Prononcer « belche », c’est se faire prendre pour un Flamand. Voire un flamingant (et le flamingantisme, c’est un truc à se retrouver avec des moufles en béton en pleine canicule, du côté de Bouillon). Seul truc pour l’éviter, s’écrier « ique bén vanne Luxembürg ! », plutôt deux fois qu’une.
Ou alors, apprendre par cœur le premier couplet des F… de Jacques Brel :
Messieurs les Flamingants j’ai deux mots à vous rire
Il y a trop longtemps que vous me faites frire
À vous souffler dans le cul pour devenir autobus
Vous voilà acrobates mais vraiment rien de plus
Nazis durant les guerres et catholiques entre elles
Vous oscillez sans cesse du fusil au missel
Vos regards sont lointains votre humour est exsangue
Bien qu’il y ait des rues à Gand qui pissent dans les deux langues
Tu vois quand je pense à vous j’aime que rien ne se perde
Messieurs les Flamingants je vous emmerde
 
Ce n’est pas ce que le Jacques a fait de meilleur, et je détesterai, à Bordeaux, m’entendre dire « merde pour la reine d’Angleterre » si j’étais un Anglais. Bon, on se gausse, mais il faut balayer devant sa porte : quand on n’est pas capable d’arracher la Loire-Atlantique aux Pays de Loire pour la rattacher à la Bretagne, se moquer des wallingants, c’est jouer l’Hôpital. N’empêche (à la sardine et au hareng, comme à la carpe et la truite), si on me dit que la Belgique ou la Wallonie-Bruxelles allaient se rattacher à la France, je m’exclamerais : Melhaut ! (c’est peut-être du belge pour « melba », en flamand, « melba », comme vous le confirmera Bert Kruismans, dont le cours, Belgie voor beginners, nu echt voor buitenlanders, est le b-a, ba, de l’Assimil belge : voir sur matele.be ; attention, ce n’est pas sous-titré, il cause en « ouallon »).
Raymond Devos, sans Moeskroen (prononcez « moucron » sur place), serait-il devenu Devos, Raymond ? Le Mouscronnois (là, pour la prononciation, je cale), aurait-il  pu faire autant de tours vers le coin de la salle de classe, bonnet d’âne sur la tête, et langue rouge en carton pendue, sans les Tourelles et le Mont-à-leux ? Et que serait l’humour français sans ce « tendeur d’oreille » qu’est Philippe Geluck ? Bon, Bernard Haller était un Suisse, comme Marie-Thérèse Porchet (Joseph Gorgoni), ou Zouc (Isabelle von Almen), mais, franchement, n’ont-ils point été influencés par cet humour typiquement belge que le Québec nous envie ?
Sans compter que si on laisse Uccle aux Flamands, on risque de voir partir Salvatore Adamo, Axelle Red, voire Anouk Grinberg (pour Jean-Michel Folon, c’est hélas trop tard), fuir on ne sait où, peut-être en Roumanie, allez savoir… L’avez-vous remarqué ? sur Google Maps, Uccle figure sous le nom d’Ukkel.
Faut pas rigoler, avec ces chooz-là (prononcez « tchô »), c’est minant, cela fait grimper le mercure et cela pourrait finir par une guerre nucléaire… Pour le moment, n’oublions pas que, lorsque les bornes frontalières sont dépassées, il n’y a plus de limites. Restons donc circonspects. Mais si vous voulez faire du tourisme, allez donc visiter l’exotique Uccle pendant qu’il est encore temps d’en goûter les estranges charmes estrangers. D’ici à quelques années, les bornes risquent d’avoir été déplacées.