Brèves de voyage.

 

          Réserver longtemps à l’avance un voyage à tarif low cost permet des découvertes exotiques en plein hiver. Franchement ce n’est pas de ma faute si d’autres ont eu la même idée. Le Président, Madame et Julia puis DSK et Mme Sinclair étaient sur mes pas. Mais j’ai pu passer un Noël tranquille, ouf !

           Le dépaysement est parfois une utilité surprenante. On laisse derrière soi non seulement la grisaille d’hiver mais celle de la vie quotidienne.  Certes les visages ont des traits spécifiques. Ils ont surtout une physionomie décontractée qui fait plaisir à observer. Des sourires naturels qui changent de la crispation ridée ou de l’indifférence triste. Comme si l’on pouvait spontanément engager la conversation avec ceux que l’on croise. D’ailleurs c’est ce qui arrive dès que l’on a besoin d’un renseignement. Au bout d’une journée, on a l’impression d’être entré dans un autre monde fait de cordialité et d’attention.
           La circulation y est chaotique voir anarchique mais sans cette agressivité méthodique grâce à laquelle on va gagner une minute. La charrette tirée par un âne croise les taxis, les calèches côtoient les autobus au milieu des ballets de 2 roues. Chaque engin évite à tout instant des rencontres fâcheuses surtout que simultanément l’intérêt du piéton est toujours de l’autre côté de la rue ! 
         Et les odeurs ! Inutile, la fausse odeur en passant devant une croissanterie. Ce sont des parfums d’épices, de viandes grillées, l’horrible senteur des tanneries. Des senteurs de vie qui changent des seuls échappements de voitures.
           Ressentir soudain que le temps à une vitesse différente est surprenant. Même la rapidité est alentie. Il est détendu, extensible et au fond, indifférent. Ce n’est pas un régisseur de vie. Un instant, on se demande si l’on n’est pas dans un pays en retard de modernité. Avant d’en conclure que c’est notre précipitation qui est dommageable, fatigante. 
        Bien sûr, c’est l’occasion d’oublier le pressing médiatique dont on perçoit vite la démesure lorsqu’elle ne nous manque pas. La vanité de tout ce que notre esprit transporte s’efface et nous rend une sensation de liberté à laquelle nous n’avons plus le temps de croire.
           Certains trouveront ces brèves de voyage à l’eau de rose. Mais on n’est pas obligé, en quelques jours, de choisir toutes les ressemblances avec notre « art de vivre national » pour se donner bonne conscience.
 
   NB. Pour ceux qui auront le plaisir de se promener dans le jardin  Majorelle, indispensable de visiter le petit musée berbère où la présentation des pièces est remarquable.