Je viens de m’inscrire sur C4N ; je devrais écrire, "nous" venons de nous inscrire, car j’écris au nom d’un groupe : la Compagnie breltrenteansdéjà !. Cette Compagnie a été créée pour écrire, mettre en scène et interpréter des spectacles sur la vie et l’œuvre de Jacques Brel. Notre objectif est simple : perpétrer la mémoire de cet immense auteur, interprète et cet homme exceptionnel. Jacques Brel n’est pas mort ! Nous souhaitons chaque jour le démontrer, en nous faisant une petite place au sein de cette société "rabougrie" et "star académisée" ! Alors, pour ce premier article, je me contenterai d’imiter ceux qui parlent à Jacques et le ferai à mon tour, en une sorte de plagiat.  Ecoute Jacques, écoute ! Le temps s’immobilise. Des trams partis de Gand, voguent vers tes Marquises Enlisé sous le vent, un marin d’Amsterdam les regarde passer Au creux de leurs sillages, mille chemins de pluie te portent des prénoms familiers de Paris. Un accordéon rance a conservé le drame d’une valse éclatée.  Ecoute Jacques, écoute ! Un bruit de cathédrale bouge inlassablement au ventre des étoiles. Un morceau de Belgique, ému par le vacarme, embarque pour chez toi. D’invisibles rameurs surgis d’un soir de Brugge, brisent l’eau des canaux qui retombent en déluge. J’ai fait, comme tu m’a dit, un géant brise larmes : il est prêt au combat !  Ecoute Jacques, écoute ! J’ai muré la maison, bâillonné les fenêtres et rangé les chansons.Seule ta guitare encore résonne à demi mots de Flamands espagnols. J’ai amarré l’Askoy au bout d’un terrain vague, à deux pas du vent d’Est, mais… à l’abri des vagues .A l’entour du voilier, des rochers en troupeau dressent des nécropoles.  Ecoute Jacques, écoute ! La pendule arrêtée en mal de sortilège, abrège le passé. Le petit chat est mort. Le muscat du dimanche ne fait plus rien chanter. Si tu levais la tête, tu pourrais voir venir la dérive de l’Escaut parti sans prévenir, des lambeaux d’Italie qui arpentent la Manche… et le Nord est en mai…  Ecoute Jacques, écoute ! Il faut que je te dise : Zangra s’en est allé, il s’est fait la valise. Cela fait je crois bientôt plus de deux ans qu’on ne sait rien de lui. Cependant, certains soirs, on dit qu’à Belonzio, se devine, immobile derrière les créneaux, comme une ombre attristée qui écoute le temps, accoudée à la nuit. Ecoute Jacques, écoute ! Il y a des rumeurs d’avion revenu, pour un soir, de l’arrière saison, un Boeing affrété, par Saint Exupéry, passera au matin ; à son bord y a des filles et du vin de Moselle, des pinceaux, une toile, des cristaux d’aquarelle, un soleil de Provence trouvé à Tahiti, à remettre à Gauguin !  Jacques : tu m’as bien compris ?