En cette année Brassens, il me parait urgent de se replonger dans son œuvre pour y trouver un art de vivre. Si on écoute bien ses textes, on s’aperçoit qu’il prône une philosophie qu’il s’est d’ailleurs appliqué à lui-même.

Anarchiste revendiqué, Brassens était avant tout un anticonformiste, ce qui lui valut bien des déboires à ses débuts. Une de ses premières chansons, « la mauvaise réputation », situe bien l’état d’esprit du personnage qui ne se déplace pas pour le 14 juillet ou qui protège les voleurs de pommes.

L’armée, la religion, le mariage ont été les cibles privilégiées depuis le début alors qu’il fut le chantre de l’amour libre et de l’amitié.

Mais il aimait aussi parfois se contredire ou apporter un angle de vue différent.

Quelques exemples pour clarifier mon propos : dans « l’hécatombe », il se réjouit de voir la police malmenée par une bande de mégères en furie ; « Quand il s’agit de rosser les cognes, tout le monde se réconcilie ». Ce qui ne l’empêche nullement de remercier un policier qui a pris soin de lui dans la chanson « l’épave ».

De même, pour la religion. Il n’était pas du tout croyant et il l’explique clairement dans « le mécréant » mais il avait plusieurs amis prêtres. Dans la chanson, « la messe du pendu », il glorifie un prêtre qui s’est insurgé contre un lynchage.

Il n’a jamais voulu se marier ni avoir d’enfant. Il  revendiquait un amour sans entrave et refusait que l’épouse devienne une « femme de ménage », il l’explique très bien dans « la non-demande en mariage »

« De servante n’ai pas besoin, et du ménage et de ses soins »

C’était un apôtre de la tolérance : dans sa superbe chanson « Pénélope », il va jusqu’à inciter à l’adultère la femme fidèle qui attend sagement son mari à la maison. Allant même jusqu’à revendiquer sa préférence pour les femmes infidèles.

Même dans ses chansons les plus passe-partout, il réussit à glisser un petit message. Ainsi, à la fin du « gorille », il se permet un petit coup de griffe contre la peine de mort :

« Car le juge, au moment suprême,
Criait : "Maman !", pleurait beaucoup,
Comme l’homme auquel, le jour même,
Il avait fait trancher le cou. »
 

Antimilitariste, fustigeant le patriotisme et le chauvinisme, il se serait sans doute senti mal dans la société d’aujourd’hui.

Georges Brassens a toujours été pour moi un maître à penser et si parfois j’ai des doutes, je me replonge dans ses chansons pour trouver une réponse. Il est rare que je n’y trouve pas une réponse.

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