Boire est quelque chose de vital, sans cette action, notre organisme se dessécherait inévitablement pour devenir aussi sec qu’un morceau de roche. Tout dépend de ce que l’on met dans son gosier. Certaines boissons sont vivement conseillées, l’eau en fait partie, l’alcool aussi mais à une dose modérée et à ne pas dépasser.

Trinquer ensemble est un geste de sociabilité. Parmi les petits bonheurs de la vie, siroter un petit verre de rosé à la terrasse d’un café, sous un soleil estival, bercé par une douce brise, est une façon simple d’atteindre le nirvana. Une soirée sans vodka ou sans cocktail, n’est pas une soirée. L’un ne va pas sans l’autre, telle une France sans son plateau de fromages. « Redbull donne des ailes » dit la marque, mais pas seulement, l’alcool a cette capacité inhibitrice permettant, même aux plus timides d’entre nous, d’oser les interdits, d’aborder cette fille qui semble si inaccessible, par exemple. L’alcool a ses revers, tête dans les cuvettes, trous noirs, moments de honte, violence et dégradation.

Depuis quelques mois, un terme revient souvent dans les émissions de société, le « binge drinking ». Une appellation aux consonances anglophones pouvant se traduire par « biture express » ou une alcoolisation massive dans un délai de temps très courts. Une surconsommation pouvant engendrer des addictions, des comas éthyliques, voire la mort. Un fléau des temps modernes touchant en grande majorité les jeunes gens certainement plus enclins, avec les soirées étudiantes, à boire à outrance.

Au niveau européen, le pays le plus affecté est le Royaume-Uni, selon les chiffres, plus de 35% des jeunes hommes et des filles l’auraient déjà pratiqué. La France, quant à elle, est tièdement soumise à ce problème, de nombreuses lois existent pour contrôler la consommation du jeune public, comme l’interdiction de vendre de l’alcool aux moins de 18 ans.

Au royaume de sa majesté, la question est devenue un réel problème de santé publique. Même si la quantité nécessaire pour devenir une épave humaine dépend de la taille et du gabarit de la personne, le seuil communément admis est de 5 verres en 2 heures, peu importe la boisson. Les plus dangereux et les plus vicelards dans l’histoire, ce sont les cocktails, où la quantité de sucre cache l’alcool et par conséquent, le buveur ne le sent pas, il boit davantage et s’avine sans s’en rendre compte.

L’alcoolisme est un danger pour soi et pour les autres. Prendre le volant en étant dans un état d’ébriété avancé et ce n’est pas seulement votre vie qui est en jeu mais également toutes celles des personnes que vous croisez. Avec des verres de trop dans le nez, c’est bien connu, on risque de devenir beaucoup plus irascible, les coups poings pleuvent plus facilement dès qu’un inconnu vient se mettre en travers de notre chemin. Et que dire, des relations d’un soir sans doute générées par des esprits trop grisés.

Bref, contre tout cet étalage de débauche humaine, le gouvernement britannique de David Cameron a souhaité prendre des mesures restrictives. Des idées pour résoudre un problème qui coute chaque année environ 2.7 milliards de livres à l’Etat, avec ses quelques 1.2 millions d’hospitalisations. Il ne s’agit là que d’une facture mineure car, majorée avec les dégâts publics, les crimes et les réparations, elle s’élève à plus de 20 milliards.

Le gouvernement prévoit d’établir un prix fixe de 50 cents par 10 ml d’alcool, de ce fait, la bière, le cidre ou les faibles spiritueux verraient leur prix doubler. Il prévoit de mettre fin aux promotions du genre « une bouteille achetée, une gratuite » dans les supermarchés. Une taxe pourrait punir les pubs ouvrant jusqu’à des heures trop matinales en prétextant la défense et la quiétude pour le voisinage. On se doute aisément que ce genre de projets ne fait pas que des heureux. Si les associations de lutte contre l’alcoolisme et de médecine exultent de joie, les fédérations de commerçants de détails s’insurgent craignant voir leur chiffre d’affaire s’évaporer. Il est bien beau de s’attaquer aux méfaits de l’alcool, notamment, à sa surconsommation. Rien ne peut justifier tout le mal que peut engendrer une conduite motivée par des litres d’éthanol dans les veines, à tel point que le sang s’y est retrouvé chassé. Mais ces « défonces à vitesse grand V » ne sont-elles pas aussi une façon pour les plus jeunes et les plus désenchantés de fuir la réalité ? La réponse au mal ne serait-elle pas ailleurs que dans la taxation ?