Woody Allen signe son retour avec son nouvel opus « Blue Jasmin » : le portrait de Jasmin, (Cate Blanchett), cette New-Yorkaise née sous une bonne étoile qui partage sa vie avec un richissime homme d‘affaires, Alec Baldwin.
Le vent de prospérité changeant bien souvent de côté, voilà que la couleur rose de leur vie commune se met à se ternir : le caractère volage du mari à la mode Strauss Kahnienne a fini par porter le coup de grâce à leur histoire dite d‘amour. Les malheurs, dont celui de l’arrestation pour fraudes de son mari, s’enchaînent à une fulgurance inouïe et explosent d’un coup à la figure de la Miss.
Après avoir connu une vie de luxe à la Madoff, Jasmin se retrouve carrément sur le carreau. Adieu son palace de la Côte Est, ses mondanités, son bling bling, sa vie au parfum glamour et bonjour la médiocrité dans laquelle elle s‘engouffre écoeurée, en Chanel.
Couverte d’opprobre, il lui faut revenir sur terre après avoir longtemps plané ; elle court chercher refuge chez sa sœur, Ginger, (Sally Hawkins), à qui elle n‘avait voué jusque là que mépris et condescendance.
Du bout des lèvres, elle côtoie ce monde bas de gamme devenu son quotidien et qui ne lui revient pas ; elle s’engage éperdument dans une fuite en avant dans l’espoir de retrouver le prestige d’antan ! De vodka en vodka, d‘anti dépresseurs en anti dépresseurs, de démarche en démarche, son supplice ne s’émousse pas ; il ne fait qu’empirer malgré toute la rage déployée pour mener sa croisade contre la déchéance.
Spoliée de la dimension principale autour de laquelle s’articulait toute sa vie, Jasmin est nue ; sa vie ne vaut presque plus la peine d‘être vécue. Constamment habitée par le néant elle se met à flirter avec la folie.
Et voilà qu’au moment de saisir l’ultime échappatoire à ses déboires, le sort s’acharne à nouveau sur elle au point de lui réenfoncer à nouveau la tête sous l’eau ! Une pluie diluvienne de désillusions finira sans doute par avoir raison de sa ténacité.
Il faut dire que Woody Allen nous dresse à travers ce drame un tableau de la nature humaine empreint d’une totale noirceur. Se rebiffer par instinct de conservation contre le malheur qui, à tout moment peut faire basculer une vie est une condition nécessaire mais qui peut s’avérer si insuffisante pour aider à se relever ; la précarité des mécanismes humains mis en place doit y être pour quelque chose !
Malgré le dénouement favorable des soubresauts passagers, d’une toute autre teneur, dans la vie de Ginger, il n’en demeure pas moins qu’il rajoute une dose supplémentaire de noirceur à la peinture de la nature humaine.
La mise en scène quant à elle où se juxtaposent tout au long du film des bouts de vie du passé et du présent, avec une Jasmin, tour à tour hautaine, cynique, ou démunie est d’une grande fluidité. Fragile comme la fleur blanche, Cate Blanchett est peut-être partie pour décrocher un grand prix d‘interprétation.
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Bonjour Coquelicot,
Merci pour cet article que j’ai lu avec plaisir.
Vous écrivez [quote]…Woody Allen nous dresse à travers ce drame un tableau de la nature humaine empreint d’une totale noirceur.[/quote]
Personnellement, je n’ai trouvé aucune noirceur dans le film. Bien le contraire, beaucoup d’humour et de dérision. De plus, tout ce qui arrive à Jasmin est bien mérité… non?
Bonsoir Serge,
Même les quelques notes d’humour et de dérision que vous soulignez, m’ont paru empreintes de profond pessimisme.
Aucune noirceur me dîtes vous alors que la vie comme les fameux liens qui sont censés unir certains êtres ne reposent que sur le faux, les mensonges, etc.
Tout ce qui arrive à Jasmine est mérité, je dirais oui et non. Sous l’emprise de l’amour, on peut très bien comprendre certaines de ses réactions, même la plus fatale, (à la Mme Cahuzac).
Peut-être que j’ai tort mais j’avoue que je n’y ai pas vu trop d’humour.
Merci à vous