Bien évidemment, l’illustration est un montage, et non, Big Ben, ne penche pas vers l’Italie, mais plutôt vers l’Écosse. Mais le lent mouvement de Big Ben, constaté dès 2002, s’accélère. Cependant, avant que l’inclinaison de Big Ben (0,26°) rejoigne celle de la tour de Pise (3,99°, vers le sud et non vers le nord), il faudrait attendre, au train où vont les choses, environ 4 000 ans. D’ici là, la tour Eiffel aura peut-être « choisi » de pencher vers l’une, l’horloge, ou l’autre, le campanile pisan.

Depuis 2004, après léger redressement et travaux de stabilisation, la tour de Pise, le campanile séparé de sa cathédrale, n’oscille plus guère. Mais depuis la même année, c’est Big Ben, la tour du Parlement britannique, qui a « comme un petit air penché », désormais discernable en y prêtant une forte attention.

Pour le moment, Big Ben ne fait pas encore l’objet des soins reçus par sa « sœur » pisane. Mais selon un rapport révélé par le Sunday Telegraph, son sommet s’écarte déjà de 4,35 cm de la verticale. Et sans doute, l’an prochain, de plus de 5 cm.

Big Ben est entrée en ses quartiers pour égrener ses Westminster Quarters (mi, sol, fa, si…) en 1859.
La cloche du Gros Bill (Ben Hall, ingénieur et politicien ; ou de Ben Caunt, un boxeur, on ne sait) a donné son nom à la tour du Parlement britannique, construite pour l’accueillir en 1853. Mais dès les années 1860, avec l’instauration du métropolitain (d’abord avec la District Line), puis dans les années 1970, avec une aire de stationnement souterraine, puis de nouveau dans les années 1990 ave le prolongement de la Jubilee Line, des perturbations ont légèrement ébranlé sa sérénité.

« If it ain’t broke, don’t fix it ! » : le dicton américain, qui veut qu’on ne touche à rien tant qu’il n’y a pas péril en la demeure, s’accorde bien avec le flegme tout britannique avec lequel cette encore tendre inclination vers le septentrion est envisagée. Certes, la tour pèse un peu sur le Parlement et des fissures ont déjà été constatées dans les couloirs de la mère des institutions démocratiques. Mais tant que le mouvement ne s’accélère pas, ce sera « wait and see ».

Elle s’enfonce

Il ne suffirait pas de mettre une « cale » sous la tour pour qu’elle ne penche plus, car en fait, elle s’enfonce, fluctuant mais ne coulant pas vraiment encore. Les Britanniques ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes puisque la visite de la tour, soumise à autorisation préalable, leur est exclusivement réservée depuis 2010 (sous réserve d’obtenir une recommandation de leur député). Alors que, pour sauver les lions de Trafalgar Square chevauchés par « les touristes » (comme s’ils étaient les seuls à s’y jucher), il est question d’interdire leur accès au public, la fin des visites de Big Ben n’est pas envisagée. Pas question non plus de faire taire Big Ben pour réduire les vibrations (d’ailleurs, c’est Big Ben qui pourrait sauver les lions de Trafalgar, puisqu’une légende veut qu’ils prendraient vie si la cloche frappait 13 coups…). Pour la tour, Bibisman remarque « je suis surpris qu’on n’ait pas déjà collé cela sur le dos d’Israël… ».

Mais le mouvement s’accélère (de 0,65 à 0,9 mm par an), et certains commentateurs considèrent que cela reflète le « travail de sape des institutions » des députés britanniques.

Certains le prennent à la légère, tel Petev, qui, voici un quart de siècle, revenant d’un pub du voisinage, avait vu avec certitude la tour fortement pencher (« mais, bizarrement, tous les bâtiments alentours penchaient de même, » précise-t-il).

Heureusement, la tour ne s’incline pas « en direction de l’Union européenne », remarque Awkward.

Mais l’inaction, relève Jollyboys, reflète l’attitude des politiciens, qui attendent que les crises aient atteint un point crucial « avant de frapper le contribuable au portefeuille aussi fort qu’ils le peuvent. ».

Les commentaires du lectorat du Daily Mail, plus populaire que le Telegraph, abondent en ce sens. « Rien d’étonnant, il n’y a rien de droit avec ce Parlement », note Steve, de Truro. Dave George l’impute « aux travaillistes » qui, après 13 ans aux affaires, ont tout chamboulé. Bob Rock, du comté de Leister, se rassure : « Elle ne sera jamais aussi tordue que les politiciens qu’elle surmonte. ».

Une HardworkingMum, de Warwick, plaide pour l’alternance : « Peut-être qu’elle penche de droite à gauche en fonction de qui gouverne ? ».

Pour The Sun, Free2SpeakAgain souhaite que la tour ne tombe pas sur le Parlement… « durant les heures creuses. ».

Bref, la tour de Big Ben devient le symbole – mondial, peut-être – qu’il serait grand temps de… remettre les pendules à l’heure !