Hier soir, c'était jour de sortie. Baby sitter. Tenue de soirée. Bayrou au Zénith. Le Zénith ! Il est tout de même gonflé Bayrou. Quand tout le monde vous prend pour le clown de la présidentielle, faire son show à la porte de Pantin, faut oser !

 

Mais comment vous raconter un meeting politique ? En apparence, rien ne ressemble plus à une réunion publique politique qu'une autre réunion publique politique. C'est comme au téâtre. Costumes. Lumière. Il faut quelques ingrédients de base pour que la sauce prenne bien.

Des jeunes vendeurs et vendeuses de T-shirt. Cinq euro. Large. XL. Unisexe. Avec un CD en prime. C'est raisonnable. Une buvette. Sandwich unique. Jambon beurre. C'est le sandwich version laïque sans doute.

Des militants. Il y en avait. Beaucoup. Dedans, dehors, sur les gradins, dans la fosse, sur les escaliers, sur la scène, des milliers. Des d'jeunes. Indispensable les jeunes, pour pas faire ringard. Il y en avait. Beaucoup. Déguisés en orange, on aurait dit une armée de Casimirs. Ils sont même restés sur la scène, dansant, chantant, entonnant à tue tête "Bayrou Président, Bayrou Président". Sympathiques les jeunes.

 


Une entrée triomphale bien sur. Elle le fût. Brisant la foule sur son passage, prenant son temps, saluant, embrassant, l'entrée de Bayrou ce soir c'était quelque part entre le chemin de croix et Moïse soulevant les eaux de la mer.

Une musique forcément. Entêtante. Un peu fatiguante à vrai dire.

Des petites phrases évidemment. Il y a celles dont on ne se lasse pas. Celles qui font rire. Les valeurs sûres. Celles qui provoquent immanquablement les applaudissement. Celles dont chaque mot est pesé. Celles qu'on a écrites pour être reprises par les médias. Il y en a certaines quelquefois qu'on sent venir de plus loin. Celles qui brisent l'armure pour laisser entrevoir une parcelle d'humanité.

Des adversaires enfin. Bayrou n'en manque pas. A droite, à gauche, en haut, en bas. Alors, il faut rendre coup pour coup pour faire se lever le public, galvaniser la foule, faire rêver, entraîner derrière soi les militants en délire, voler vers la victoire certaine.

Voilà, c'était ça. Un meeting électoral. Un vrai. Un bon. C'est pas Jean-Jacques Goldman, mais c'est divertissant. Et puis j'allais oublier : il faut un hymne. Un refrain. Un petit air que l'on fredonne en sortant de la salle, dans sa voiture, sur le chemin du retour. "Bayrou en finale, Bayrou en finale, Bayrou, Bayrou, Bayrou en finale". Reste une question : c'est pour qui le coup de boule ?