Et non! Pas de blague de mauvais goût aujourd’hui (vous pouvez toujours chercher! Sachez toutefois que si vous en relevez une dans ce titre, l’auteur de ces lignes se défait de toute responsabilité).

Batman… Un personnage dont peu ignorent l’existence (fictive, j’entends) et qui s’est retrouvé, depuis sa création par Bob Kane et Bill Finger, malmené et exploité de toutes les façons imaginables.

Publiée pour la première fois en 1939 dans le numéro 27 de "Detective Comics" (plus connu aujourd’hui sous le nom de "DC Comics"), l’histoire de Batman nous conte les aventures de Bruce Wayne, héritier milliardaire, qui a assisté enfant au meurtre de ses parents.

Traumatisé par cette expérience, il décide, une fois adulte, de lutter contre le crime, et d’exercer sa propre justice en terrorisant les criminels, prenant pour symbole une créature nocturne: la chauve-souris (sa plus grande peur, étant enfant). Il devient le Batman.

 

Depuis, l’histoire du justicier a été revue sous toutes ses coutures, subissant des changements majeurs ou mineurs, et continue aujourd’hui de faire les choux gras des éditeurs de chez DC Comics… Et des sociétés Hollywoodiennes…

 

 

 

Il faudra attendre 1966 avant de voir la première adaptation télévisuelle de Batman, incarné dans celle-ci par un certain Adam West, et ce trois saisons durant.

La série connut un grand succès, car elle sut faire preuve d’un second degré rafraîchissant, incorporant des bulles d’onomatopées durant certaines scènes, conservant ainsi l’aspect "comic" de son modèle. De plus, les gadgets étaient pour l’époque des plus réalistes.

 

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 "Attendez 20 ans, j’aurai l’air moins con!"

 

Et en effet, 23 ans plus tard, exactement, Batman eût l’air moins con.
Car en 1989, Tim Burton se chargea de l’adaptation cinématographique (et de sa suite) qui devint un film très apprécié de tous les publics, à juste titre.

Batman y’était interprété par Michael Keaton, le joker par l’excellent Jack Nicholson.

Cependant, Burton adapta le personnage à sa manière, et ne retint pas la personnalité énigmatique et sombre de l’homme chauve-souris, faisant de celui-ci un héros gentillet et pas mal porté sur l’humour.

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 "Ouais, j’ai l’air moins con!"

 

Le souci de ce genre d’adaptations, est, comme j’aime à le répéter au travers de mes différents articles, qu’il donne lieu à une mode sur laquelle essaie de surfer le premier abruti venu.

L’abruti du jour est Joel Schumacher.

En ce beau jour de 1995, nul doute qu’il dû se frotter les mains à l’idée que son "Batman Forever" sorte en salles. A l’inverse du public qui, lui, déchanta rapidement (le public âgé de plus de 10 ans, tout du moins).

Explications: un batman (Val Kilmer) clownesque et peu crédible, un double-face (Tommy Lee Jones) clownesque et peu crédible,… A l’image d’un film clownesque et peu crédible, pour faire simple.

 

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Schumacher: Si vous voyez cet homme, fumez-le pour moi.

 

La critique fût dans l’ensemble unanime et hésita même (enfin, j’imagine) à sacrer le bonhomme pire réal’, titre farouchement gardé, pourtant, par le fameux Ed Wood (toujours indétrônable, avec son incroyable "Plan 9 from Outer Space").

Bien sûr, M.Schumacher ne s’arrêta pas en si bon chemin, et, non content de transformer de bons acteurs en moules défraîchies (pardon les moules…) le temps d’un film, il réitéra l’exploit avec son fameux "Batman & Robin", summum d’un art en caoutchouc, alias le pire film de Batman que quiconque pourra jamais réaliser (prends ça dans ta gueule Schumacher!).

Mêmes problèmes que dans le précédent, mais galvanisés par la fougue d’un réalisateur probablement persuadé que son précédent métrage était un chef d’oeuvre (c’est un fait, M.Schumacher ne lit pas les critiques).

La où on se dit que le type a perdu la raison, c’est quand il nous tranforme Schwarzenegger en un Mr.Freeze bisounoursesque (néologisme maladroit, mais tellement approprié!), qui, tout au long du métrage, nous pond des blagues pas piquées des hannetons(…), quand il ose pourrir la crédibilité de notre cher M.Clooney pour les années à venir, et quand, clou du spectacle, il habille ses protagonistes de costumes à tétons apparents, et insiste sur les plans fesses et autres festivités lors de l’enfilage de ces combinaisons. Par pitié pour l’équipe de tournage, et par respect pour vous, chers lecteurs, je me passerai d’énumérer toutes les aberrations dont souffre le métrage (et puis, soyons clairs, j’ai pas que ça à faire!).

 

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Une belle panoplie d’andouilles. On remarquera Robin (en bas à gauche): "Toi si tu mates le film, j’te défonce, t’as vu!", et Arnold qui a manifestement compris son erreur lors du shooting.

 

Ca y’était: la franchise Batman était à présent plus basse que terre (pour rester correct), et le paria sombre et mystérieux qu’était notre Bruce Wayne s’était transformé en héros enfantin, que seul un public jeune était en mesure d’apprécier (malgré les plans fesses).

 

Ainsi, quand la Warner annonça son intention de se réattaquer à la franchise aux alentours de 2003, le public averti se mit à rire doucement.

Cependant, la nouvelle tomba: Christopher Nolan, réalisateur britannique de l’excellent "Memento", serait attelé à la direction du projet, qui serait une revisitation plus fidèle au personnage.

Et quand le casting fût révélé, le film s’exposa à des attentes haut placées: Christian Bale ("L’empire du soleil", "American Psycho"), Cillian Murphy ("28 jours plus tard"), ou encore Michael Caine ("Les fils de l’homme"), Morgan Freeman ("Million dollar Baby") et Gary Oldman ("Dracula").

 

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Nolan: Si vous voyez cet homme, embrassez le pour moi!

 

En 2005, le film sortait sur les écrans, et les attentes du public fûrent, dans l’ensemble, comblées.

Bale y campe le milliardaire Bruce Wayne/Batman, dont la genèse se veut plus fidèle au Batman original.

Motivé par le désir de vengeance (vengeance avortée, pourtant) envers le meurtrier de ses parents, et animé par un dégoût véhément du crime et de l’injustice, il entreprend un pèlerinage de 7 ans, durant lequel il apprendra les fondements nécessaires à son combat pour l’opprimé (ou, plus exactement, contre l’oppresseur).

De retour à Gotham City, il est alors prêt à engager la lutte et à instaurer un climat de peur et de désespoir dans les rangs des organisations criminelles en vigueur.

 Epaulé par son fidèle majordome Alfred (Caine) et par Lucius Fox (Freeman), employé à la tête du département de recherches militaires de son entreprise (Wayne Enterprise), il va se confectionner un équipement hautement avancé, et devenir le Batman.

 

L’originalité de cet équipement réside dans sa nature high-tech et militaire; équipement qui reflète lucidement l’avancée actuelle en matière d’armements et de défense (la combinaison en kevlar de Wayne, sorte d’exo-squelette équipé de systèmes hydraulique, assurant force et protection à son porteur).

Ainsi, ce Batman des années 2000 est criant de réalisme, et l’aspect fantastique soutenu par ses prédécesseurs a ici totalement disparu, laissant place à un background des plus contemporains.

 

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  Pour ajouter encore au cadre hautement réaliste de l’oeuvre, le personnage dépeint dans cette version n’est pas un héros à proprement parler, puisqu’il il relève plus du paria, de l’homme qui exerce la justice à sa façon (sans toutefois exercer le rôle du bourreau: "Je ne suis pas un éxecuteur"). Il est la plupart du temps poursuivi par la police, à l’exception du lieutenant Gordon (Oldman) qui collabore avec lui.

Mis bout à bout, ces éléments contribuent à créer un ensemble bien moins manichéen qu’à l’accoutumée.

Puis, quand il n’est pas Batman, Nolan s’attarde à exploiter les doutes de Bruce Wayne, ses peurs, et autres traits de sa personnalité complexe (Bale recevra quelques critiques négatives pour son jeu froid et pas très expressif, qui respecte pourtant le Bruce Wayne des "origines").

 

Après le succès de ce métrage, qui a relancé la franchise Batman de façon inespérée, Nolan s’est remis au travail avec une suite, "The Dark Knight", suite qui approche le chef d’oeuvre (pourquoi, après tout, un film de "super-héros" ne mériterait-il pas ce statut?), sans toutefois s’élever à ce point, restons objectif. 

Résolument adulte, plus encore que son prédécesseur, le scénario introduit de nouvelles implications plus "politiques", ainsi qu’un nouveau personnage de taille: le nemesis de toujours de Batman, le Joker. Double-face est également présent, mais dans une moindre mesure, puisque le film s’attarde beaucoup plus sur le personnage d’Harvey Dent (Aaron Eckhart) que sur son alter-ego criminel.

  Campé par le regretté Heath Ledger ("I’m not there"), le personnage du Joker est une représentation beaucoup plus réaliste et sombre ,également, que la version Nicholson.

Il vous fallait une bonne raison de voir le film, n’est-ce pas?

Cette raison (parmi tant d’autres), c’est bien lui, tant il crève l’écran, jusqu’à en éclipser les acteurs présents avec lui à chacune de ses apparitions. Ledger, décédé avant la fin du tournage, recevra pour son interprétation un Oscar posthume en tant que "meilleur second rôle". 

 

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  Avec une seconde suite prévue pour 2012, la franchise Batman a retrouvé toutes ses lettres de noblesse, et se réaffirme beaucoup plus adulte que ce qu’on a bien voulu nous montrer (infliger, pour certains) quelques années auparavant.

Nolan ne s’est pas contenté de faire renaître un mythe alors souillé par des visions irrespectueuses; il est parvenu à moderniser l’univers du personnage de DC Comics en l’ancrant dans un contexte réaliste. Et, sans aucun doute, suivront une pléïade de suites et autres réadaptations, pour le meilleur comme pour le pire.

 

En attendant, je me contenterai pour ma part de revoir ces deux oeuvres (encore et encore) qui n’ont rien à envier aux nombreuses adaptations de l’univers du justicier de la nuit. Tant que Nolan est à la barre, Batman a de beaux jours devant lui.

 

 

Points positifs:

-un univers beaucoup plus adulte et réel

-des acteurs au poil, principalement dans "The Dark Knight"

-un Batman sobrement high-tech, qui ne verse jamais dans le trop plein de technologies

-des "méchants" réalistes, c’est pas trop tôt!

-une vision de la justice très personnelle qu’a ici notre homme chauve-souris

 

Points négatifs:

-"The Dark Knight" peut-être un peu long (2h30)

-la ville de Gotham change du tout au tout entre les deux volets (sombre dans le premier, très New-yorkaise dans le second), sans explication aucune

 

 

La fiche du film "Batman begins"

La fiche du film "The Dark Knight"

 

La bande-annonce de "Batman begins"

La bande-annonce de "The Dark Knight"