Accablant ! Selon le Telegraph qui publie (ou pas ? ou s’interroge encore ?) deux articles sur le scandale des ballets roses (très jeunes mineures) ou bleus (très jeunes garçons) mettant en cause le défunt animateur Jimmy Savile et d’autres personnalités du show biz ou de la société civile, notamment de Jersey, de véritables réseaux pédophiles auraient bénéficié de l’indulgence de la BBC ou de la police de sa majesté, qui fréquentait, au moins occasionnellement, la plupart des mis en cause.

Pour qui est né vers la fin du siècle dernier, les balles roses et ballets bleus n’évoquent pas grand’ chose. Il s’agit de parties fines entre adultes et très, très jeunes gens, de l’un ou l’autre sexe. C’est bien, semble-t-il, se qui se passait dans la Grande-Bretagne du siècle dernier, voire de la décennie 2000, et la police tout comme la Beeb, la BBC, s’il faut en croire le Telegraph et d’autres titres, avaient soit dissimulé, soit outrageusement minimisé les faits.

200 victimes, toutes âgées de neuf à environ 22 ans, garçons et filles : tel est le dernier recensement en date des plaintes visant à titre posthume le seul Jimmy Savile, qui était un peu à la Grande-Bretagne ce que l’animateur français Jacques Martin était à la France, à la Belgique et la Suisse francophone.
Mais il y a les autres, et les autres.
Soit d’autres plaintes encore et d’autres noms.

À Jersay, Jimmy Savile n’était pas le seul à fréquenter non seulement Le Haut de la Garenne, mais aussi d’autres établissements hébergeant des enfants réputés difficiles, en difficultés diverses. À présent, selon New Scotland Yard, soit la police métropolitaine, la hiérarchie de la police de Jersey couvrait les agissements de pédophiles déjà notoires sur l’île. Deux anciens policiers locaux, Graham Power et son adjoint Lenny Harper, ont dénoncé à leurs collègues de la métropole que diverses personnalités, tant du monde de la radio-télévision que de l’univers des notables de l’île, profitaient sexuellement des très jeunes enfants des institutions de l’île anglo-normande. Il s’agissait d’un véritable « réseau pédophile intouchable ». Savile n’était que « le sommet de l’iceberg ». Décoré par le Vatican et de l’ordre de Malte, mais aussi par le gouvernement, familier des Royals (Élizabeth II, Charles et Diana, &c.), Savile faisait bénéficier de son « expérience » des membres des clubs nautiques huppés de l’île et quelques personnalités du show biz.

Les enfants qui se plaignaient étaient battus, brimés, ostracisés. Ceux des adultes qui tentaient de donner l’alerte voyaient leur carrière compromise. Il y avait au moins 150 suspects ou mis en cause. La haute société de Jersey « s’est débarrassée des bons flics » a commenté Carrie Modral, une travailleuse sociale. Un personnage très en vue, accusé de viol, avait été blanchi par le parquet de Jersey et son chef, Wilam Bailhache, faute, dit-il à présent, de preuves suffisantes pour être assuré de ne pas risquer un acquittement.

Hier, samedi soir, The Telegraph avait aussi brièvement mis en ligne un article intitulé « Jimmy Savile: Secret of BBC’s first sex scandal » faisant état des libéralités d’éditeurs musicaux à l’endroit d’animateurs radiophoniques ou télévisuels. Les éditeurs fournissaient des prostituées en échange de passages fréquents sur les ondes de leur production. L’annonce Google renvoyait sur une page d’erreur 404 sur le site du Telegraph.

Mais dans The Observer (édition dominicale du Guardian) d’autres accusations visent tant la BBC que d’autres noms de l’univers audiovisuel. La BBC, s’il faut en croire divers intervenants, tenterait encore à présent de minimiser l’ampleur du scandale. L’affaire, à présent les affaires, n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis la fin du mois dernier.

Robert Mendick et Laura Donnelly, du Telegraph, mettent aussi sur la sellette, nominativement, divers cadres hauts placés de la BBC mais aussi une ancienne ministre de la Santé, Edwina Currie, peut-être abusée par l’entregent de Savile, comme tant d’autres. L’ancienne ministre considère à présent que Savile aurait menacé de chantage divers membres du personnel de l’hôpital de Broadmoor et de la Leeds General Inrimary.

Le magazine Panorama, de la BBC, est très attendu. Il devrait faire le point sur les diverses accusations visant à présent tout un panel de personnalités et il avait été annoncé différé (et diffusé en novembre alors qu’il avait été initialement prévu pour lundi 22 octobre  prochain. Finalement, la BBC maintient qu’il sera diffusé lundi.

L’avocat d’une douzaine de victimes de Savile, Alan Collins, estime que dès le début des années 1970, les penchants du présentateur étaient connus de nombreux de ses collègues à la BBC. La chaîne publique pourrait se voir exiger de lourdes compensations et dommages et intérêts.