Baisse des indemnités des parlementaires : démagogique?

Lionnel Luca, député UMP (Droite populaire), proposait de réduire d’un dixième les indemnités des parlementaires (députés & sénateurs). Démagogique ? Sans doute, car on peut compter sur eux pour récupérer d’une main ce qu’ils concèdent d’une autre. L’économie de 5 millions d’euros n’est plus à l’ordre du jour. Mais à l’heure où la croissance fléchit, où le plan d’austérité gouvernemental est jugé insuffisant par la Commission européenne, tout est bon à prendre. Mais c’est raté, l’amendement n’est pas passé. Partie remise…

Avec un peu de chance, si le Parlement avait concédé une économie de cinq millions d’euros, il n’en aurait peut-être repris que en 2012, et deux autres en 2013. Un million d’euros, ce n’est pas grand’ chose, mais c’est déjà un petit mieux. Je ne voyais pas évoquer cette proposition de Lionnel Luca, qui tient à son amendement dont j’avais vaguement entendu parler. La raison : aucune chance de le voir adopter. D’ailleurs, le projet a été retoqué.

Mais l’amicale pression d’un certain Marcel Garnier, bientôt jeune septuagénaire normand que je ne connais ni d’Ève, ni d’Adam, me fait me raviser. Dans un communiqué, il propose des lettres-type à envoyer à son député et à François Fillon.

Sans doute aussi efficace qu’une pétition. On peut toujours le faire (pour les fauchés, utiliser le timbre vert, en petite vitesse). Ou alors, ou alors…

Charlie-Hebdo a bien dû abandonner sa page Facebook en raison de l’afflux des messages après la diffusion de son « Spécial Charia Hebdo ». Comme le site du Premier ministre comporte un formulaire afin de faire parvenir un message à ses services, c’est peut-être jouable.

Et puis, cela prend moins longtemps.

Le lien : http://www.gouvernement.fr/premier-ministre/ecrire

Copé pas d’accord

Marcel Garnier avait écrit à François Copé, qui lui a répondu « que cette idée de faire baisser les salaires des parlementaires était démagogique. ». Pourquoi pas « démogagique populiste » ou « populiste démagogique » (sic aux deux pour la redondance) ?

Vous pouvez donc écrire : « je suis résolument populiste et carrément démagogique, mais j’assume, et je souhaite une réduction drastique des indemnités des parlementaires… ».

Récemment, je relevais que le Mexique avait plafonné les émoluments de son président à146 830 pesos par mois (près de 8 000 euros) et qu’aucun édile municipal, aucun élu régional ou national ne pourrait gagner davantage. Sous peine d’une amende allant de 500 à 3 000 fois le salaire minimum et d’une peine progressive jusqu’à 14 ans d’emprisonnement. Pas mal. Déjà un début.

Je signalais aussi qu’un certain Guillaume Peltier, éminence grise de l’Élysée, qui brigue sans doute en vain le Conseil général d’Indre-&-Loire, plus la députation, plus la mairie de Tours (sans grande chances, me signale le blogueur Nericault), s’oppose au non-cumul des mandats pour éviter que les fonctions électives ne soient plus tenues que par des fonctionnaires en dispense de service.

Pas faux. Et alors ? Pourquoi pas aussi des ouvriers et des employés, des chômeurs ?

Mais, effectivement, pourquoi donc un médecin, par exemple, voudrait-il siéger dans une assemblée ? Un superviseur du centre national d’information du National Health Service britannique a commenté un rapport selon lequel environ 4 200 « general practitioners » (médecins de famille) palpaient davantage annuellement que le Premier ministre, David Cameron. Soit au moins 150 000 £ annuellement contre 142 500. Mieux, près de 1 000 généralistes dépassent largement ces sommes (jusqu’à 250 000 £). Imaginez pour les spécialistes ou les chirurgiens estéthiques…

Dites 33

Rien qu’à l’Assemblée nationale française, il y a environ une trentaine de membres des professions médicales, pour 14 au Sénat (dont un médecin du Travail). Pourquoi ? Bien sûr, il y a les avantages autres que les indemnités, les prêts à taux zéro, &c. Et puis, rien n’empêche de siéger rarement et de passer son temps en voyages et colloques rétribués par les laboratoires. Mais il se peut, que sur le nombre, il y ait au moins un passionné de la vie publique. Bravo à elle ou lui…

Est-il si forcément populiste et démagogique de lui signaler qu’il pourrait consentir à une réduction de ses indemnités et laisser la place à, par exemple, une suppléante, une infirmière par exemple, qu’il saurait guider de ses conseils avisés au besoin ?

La liste des médecins sénateurs se trouve sur http://www.senat.fr/senateurs/catpro_42.html

Certains publient une adresse de courriel, je le signale au passage. Comme Bernard Cazeau, Catherine Deroche, Claude Dilain, Gérard Roche, &c.

Pour l’Assemblée nationale, il faut se taper un à un la liste des 577 députés pour dénicher les médecins. Mais voyez Jean-Marie Leguen, Jacqueline Fraysse, Catherine Génission, Gérard Bapt ou Valérie Fournon, Jean-Pierre Door, Jean-Marie Rolland, Yves Bur (dentiste), Bernard Debré, Jacques Domergue. Cherchez les autres… Après juin 2012, voyez Roselyne Bachelot-Narquin…

Trouvez les autres

Pour le Sénat, c’est assez simple de trouver les sénatrices et sénateurs par catégories professionnelles. Vous avez cinq hommes de presse (bon, honoraires pour les journalistes). Mais huit vétérinaires, trois pharmaciens, et même, surprise, une aide soignante, Patricia Schillinger (PS-Verts, Haut-Rhin). Elle cumule sa fonction avec celle de maire d’Hegenheim (3 000 h), ce qui ne doit pas lui rapporter lourd, sauf en sollicitations de toutes sortes, réunions, &c. Le plafond de sa salle de délibérations municipales s’était effondré en 2009. Mais je m’égare…

Pas tant que cela en fait. On peut être populiste, démagogue, sans entonner l’antienne du « tous pourris ».

Un peu à la louche, Le Parisien avait calculé que, pour un couple de cadres au revenu mensuel de 7 000 euros mensuels, le plan Sarkozy-Fillon d’austérité représentera 16 159 euros de dépenses supplémentaires. Mais avec une perspective de croissance ramenée à 0,6 %, hypothèse haute à mon sens, l’un des deux se retrouvera bien vite au chômage. Idem pour le couple de deux salariés avec deux enfants et 4 000 euros de revenus mensuels.

Je sais, je sais, les parlementaires vont aussi payer plus cher leurs repas (s’ils ne sont pas remboursés d’une manière ou d’une autre).

Mais comme la Commission européenne incite à faire plus et pire pour 2013, ne serait-il pas possible de demander un petit effort, déjà à la majorité parlementaire UMP et Nouveau Centre. Après tout, peu leur chaud : bien peu d’entre elles et eux seront réélus fin 2012. Enfin, Copé, si, même un âne, pourvu qu’il soit de droite, serait réélu dans les Hauts-de-Seine ou à Meaux (77).

Pour les nouvelles et nouveaux, pour quelques années au chaud, ils ne verront même pas la différence.

Bon, peut-être verra-t-on des sénateurs n’ayant pu inviter autant de députés que de candidats convives au restaurant du Sénat venir munis de petites poches en plastique, et de gourdes, histoire de ravitailler les confrères parlementaires ayant dû passer leur tour, mais, hein, on ne peut tout avoir. Au fait, le Château Poujeaux 2001, de Moulis-en-Médoc, y est-il toujours en cave ? Le 2010 reste abordable : 25 euros le col (par 24 miminum) à la propriété.

Rassurez-vous, nos parlementaires n’en reviendrons pas au râpeux litron de Père Goulou (« le régal du palais ») ou de Kiravi (« séduisant vin de France ») de sitôt. Ne pleurons pas déjà dans nos chaumières.

Ne pas se décourager

Un Luca chassera l’autre. L’amendement Luca, signé par 21 UMP sur 307, a été retoqué. Bernard Accoyer, UMP, a considéré qu’un parlementaire cumulant des mandats peut fort bien abandonner une part de ses indemnités. Volontairement, bien sûr. Lionnel Luca est vice-président du conseil général des Alpes-Maritimes. Pour un simple conseiller général, dans son département, c’est 2 500 euros mensuels environ.

Et puis, tiens, au fait, l’indemnité téléphonique annuelle d’un parlementaire était, en 2008, de 4 780 euros pour ceux d’Île-de-France, de 6 610 pour les autres hexagonaux, et de 10 000 pour ceux des DOM-TOM. Ils n’ont pas de forfait ? Ils n’utilisent pas Internet ? Ils les ont conservé, ces indemnités ? Ou le montant a été simplement gelé ? Tiens, vous pourriez poser la question à Bernard Accoyer : [email protected]. Enfin, c’est ce qu’il indique sur sa fiche de l’A.N.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

6 réflexions sur « Baisse des indemnités des parlementaires : démagogique? »

  1. 10 % c’est pas assez

    30 % comme Hollande l’a promis pour le président et les ministres

    Et aussi pour les DIRCAB et cadres fonctionnaires szupérieurs des deux Palais et des ministères.

  2. Je croyais que cela changerait depuis que la gauche a emporté les sénatoriales ?
    Ils pourraient faire un exemple ! Par exemple 30% comme le suggère le candidat socialiste ?
    Ah oui ! Où mais ais-je la tête, ce ne sont que des promesses électorales !!!!
    Droite gauche « mem bitain mem pareille »

  3. « La nuitée à plus de 200 euros ne sera finalement plus taxée. Cette nouvelle taxe de 2%, mise en place le 1er novembre, sur l’hôtellerie de luxe va être supprimée, ont annoncé ce jeudi les organisations patronales du secteur, à l’issue d’une rencontre avec le secrétaire d’État au Tourisme Frédéric Lefebvre. L’information a été ensuite confirmée au Figaro par le ministère du Budget. [u][b]«Compte tenu de la hausse de la TVA, cette taxe perd de sa légitimité»(!!!!!!)[/b][/u], explique-t-on à Bercy. »

  4. On pourrais déjà réduire le nombre de député et autre sénateur il sont plus nombreux en France qu’au State

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