Bachar El-Assad, le despote du moindre mal général ?

   

Alors que la répression s’accentue en Syrie, le reste de la planète semble hésiter ou se taire. Car une révolution en Syrie aurait des implications démesurées et complexes. D’où, certainement, la tétanie des grandes diplomaties, toutes obsédées par le mille-feuille ethnique syrien et ses risques d’implosion. De quoi se pencher sur les très nombreux soutiens dont dispose encore le régime, y compris et surtout à l’intérieur de ses frontières.

 

Alors que les troubles continuent d’agiter le pays, les réactions internationales brillent, pourtant, par leur timidité, leur gêne, voire leur hypocrisie.

Est-ce à croire que pour beaucoup de chancelleries la révolte syrienne serait le soubresaut arabe de trop ?

 

Un pays géopolitiquement complexe

Paradoxalement si tel était le cas, il n’y aurait là que continuation d’une sorte de principe d’exceptionnalité dont bénéficie la Syrie depuis de nombreuses années.  Officiellement en guerre contre Israël,  membre avec l’Iran du fameux axe anti américain, tel que défini par la diplomatie américaine, base arrière de groupes terroristes, comme le Hezbollah ou le Hamas ; la Syrie ne cesse de jouer les doubles, voire les triples emplois.

Et pourtant devant les récents évènements on sent une gêne chez les différents acteurs diplomatiques d’importance de la région. Ainsi malgré l’hostilité officielle entre les deux pays, les Etats-Unis sont très ennuyés par ce qui se passe à Damas.

Et de fait l’administration Obama tergiverse sur l’attitude à adopter vis-à-vis d’un régime plus inoffensif en son état actuel que s’il venait à disparaitre.

Poursuivant, et malgré l’aggravation de la répression, Hillary Clinton, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, continue de qualifier le régime Alaouite  de  « réformateur », en référence aux timides réformes économiques récemment engagées.

Israël se tait, de peur de jouer contre ses propres intérêts. Bien qu’un affaiblissement syrien entrainerait un affaiblissement de l’Iran, l’Arabie Saoudite ne bronche guère plus en ce moment. L’Iran reste muet devant ce qui se passe à Damas, de peur de voir se réaliser le pire pour lui.

Bref bien que despotique le régime des Assad ne souffre que d’assez peu d’animosité sur la scène internationale. Le thème d’un complot international à l’œuvre derrière ces évènements, tel que le soutient le régime étant, de toute évidence, une pure invention paranoïaque. Dans la réalité il n’a guère que les manifestants syriens qui aient à sincèrement souhaiter des changements en Syrie.

Un régime bénéficiant encore de nombreux soutients internes

Mais cet ensemble de soutients extérieurs ne serait rien sans les différents atouts dont bénéficie le régime au sein même du jeu politico-économique du pays.

Car au refus, implicite, de voir chuter Bachar El-Assad de la part des grandes diplomaties, correspond, bel et bien,  un égal désir de statu quo de la part de certains  des acteurs de la société syrienne.

Et de fait qu’on en juge.

Le régime dispose du soutient sans faille de l’armée et des différents services secret, très nombreux et omnipotents en Syrie. Cet étau plus que de soutenir le régime semble même l’incliner vers la moindre des politiques réformatrices possible.

Mais au-delà de ces soutiens, le régime peut compter sur certaines élites sunnites, parmi les plus riches et influentes. En effet la timide libéralisation de l’économie, loin de favoriser l’activité économique n’a, en réalité, entrainé qu’un pillage encore plus systématique des richesses du pays par une minorité de privilégiés. Cette dernière, majoritairement sunnite, n’a aucune envie de changement.

 

L’argument ethnique et religieux

La minorité kurde regarde également d’un œil inquiet l’éventualité d’un renversement du régime. Représentant 15% de la population les Kurdes ont toujours été les plus mal lotis du pays. Et pourtant le régime a récemment fait une promesse qui pousse les kurdes dans le camp de l’attentisme face aux récents évènements. En effet promesse leur a été faite d’octroyer la citoyenneté à environ 250000 kurdes vivant dans la province d’Hasaka.

Reste la minorité chrétienne (12% de la population). Là aussi les récents exemples irakien ou égyptien lui font craindre le pire dans l’éventualité d’une chute du régime.

Les cas chrétiens ou kurde renvoyant à une complexité ethnique syrienne de bien plus grands danger que ce qui prévalait en Tunisie, et dans une moindre mesure en Egypte.

Ne pas secouer plus que de raison l’enchevêtrement ethnique de ce pays limitrophe du Liban, constituant, à coup sur, le plus obsessif des réflexes pour tous les acteurs de la région.

On le voit donc les manifestants syriens semblent, aujourd’hui, assez seuls. Le despote qu’ils rêvent de chasser bénéficiant encore de nombre de soutiens.

 

http://www.turquieeuropeenne.eu/article4746.html

http://www.latribune-online.com/suplements/international/50326.html

http://levif.rnews.be/fr/news/actualite/international/al-assad-calme-le-jeu-en-syrie/article-1194981022035.htm

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/le-dilemme-syrien-de-l-92554

Grégory VUIBOUT