Ayant l’habitude de voyager dans les pays tropicaux, j’avais tellement souffert de la chaleur dans la vallée du Gange en Inde que je m’étais fait la promesse d’aller dans le Nord pour mon prochain voyage.

     Et je suis parti l’été suivant en Laponie, qui m’a réservé bien des surprises… Il y a quelques années déjà que j’ai parcouru seul et en campant le nord de la Finlande, de la Suède et de la Norvège, mais je ne pense pas que le pays ait beaucoup changé depuis ma visite et ceux qui recherchent une nature sauvage, avec des forêts où règnent encore l’ours, le renne et le loup, une toundra infinie, des marécages immenses, des lacs d’une pureté exceptionnelle sous des cieux aux couleurs surprenantes, des peuples préservant leurs traditions, et surtout l’envoûtant parfum de l’aventure les trouveront dans ces régions septentrionales d’Europe dont les paysages sont dignes du Canada ou de la Sibérie.

    

     Mais attention! Il faut pouvoir supporter la solitude et les insectes!

 

            

 

 

 

 

Y aller!

 

     On peut rejoindre le coeur de la Laponie en quelques heures d’avion, mais que ceux qui ont du temps y aillent par la la route, pour s’adapter à ces journées qui deviennent de plus en plus longues (en été!) et découvrir quelques unes des plus belles villes d’Europe. La route la plus courte, venant d’Europe occidentale, passe par le Danemark et la Suède d’où on peut continuer le long de la Baltique jusqu’en Laponie.

     Je lui préfère l’autre route, bien plus longue qui fait le tour de la Baltique par l’est, passant par l’inoubliable Gdansk, la Lithuanie, la Lettonie et l’Estonie dont Tallin, la capitale est un joyau d’une rare beauté, avec sa ville ancienne la mieux conservée d’Europe. De là on peut rejoindre très rapidement en bateau Helsinki, la capitale finlandaise puis Rovaniemi sur le cercle polaire par le train. Ceux qui ont vraiment beaucoup de temps pourront faire le détour par Saint Pétersbourg avant de rejoindre Helsinki.

 

 

Y circuler

 

      De Rovaniemi, la capitale finlandaise de la Laponie,laponie_transport_de_bois_2.jpg il n’y qu’une seule ligne de chemin de fer qui continue vers le nord, jusqu’à la frontière russe en passant par Kemijarvi. Il y a heureusement des bus qui permettent d’aller presque partout à condition d’avoir de la patience. Il n’est pas rare d’être déposé par un bus à un carrefour et de devoir attendre la correspondance des heures ou bien plus. Il m’est arrivé d’attendre deux jours et j’avais de la chance parce que c’était l’horaire d’été. En septembre, j’aurais attendu une semaine! Enfin, on peut toujours continuer à pied…. Mais il ne faut pas s’écarter des pistes et chemins, les sables mouvants sont nombreux et sont des pièges mortels. 

 

 

Paysages et climat 

 

      Moi qui fuyais les chaleurs tropicales, j’ai été bien surpris de constater qu’à mesure que j’allais vers le nord, il faisait de plus en plus chaud. En Laponie finlandaise, durant mon séjour en juillet, la température dépassait 30° tous les jours. Et il peut y faire 40°! En effet, le sud est de la Laponie subit un climat continental avec des températures extrêmes été comme hiver. En allant plus au nord encore, on se rapproche de la mer de Norvège et le climat devient maritime et polaire, donc plus doux l’hiver mais beaucoup moins chaud l’été. Lorsqu’on voyage vers l’extrême nord, la transition entre ces deux climats est très brutale: il m’est arrivé de partir d’Inari en bus le soir avec 30° et de me retrouver le lendemain matin à Karasjok en Norvège grelottant avec 9°.

     Les paysages correspondent à ces climats: Le sud de la Laponie est très verdoyant avec d’immenses forêts tandis que le nord est désolé, fait de steppes, de marécages et de collines arides. La description que fait Jack London du grand nord correspond parfaitement à ce que j’ai vu bien au-delà du cercle polaire: « Ce n’était pas un spectacle réjouissant. Partout, la ligne douce de l’horizon, les collines toutes basses. Il n’y avait ni arbres ni buissons ni herbes, rien qu’une désolation terrible à cause de son immensité. Cette vue mit promptement la frayeur dans ses yeux »

 

 

Les insectes

 

      Je croyais avoir parfaitement organisé mon voyage dans le nord mais j’avais oublié de me préparer à affronter les terribles insectes des terres arctiques: moustiques, mouches et mouchettes voraces.

     Alors que j’étais parti pour une journée de marche dans la forêt pour voir une église en bois, ces insectes m’ont harcelé et torturé par centaines, se collant à mes yeux et à mes lèvres…Vaincu par eux, je suis rentré, tout penaud au village! Et pourtant, j’avais lu « Le récit authentique des pérégrinations de Charles Bunn, explorateur perdu dans les terres polaires ». Voici ce qu’on y lit: « … Les mouches noires et les gros moustiques voletaient… La piqûre de la mouche noire laisse sur le corps humain une pustule brûlante et empoisonnée, de la grosseur d’un bouton de culotte. Quant au moustique de l’Arctique, il se gorge du sang de sa victime goulûment. Ils piquaient Bunn à travers sa chemise, et s’agglutinaient sur ses jambes nues et son cou…. Ils le torturaient… » Pour avoir subi ce sort dans la région d’Inari, je confirme que cette description est exacte!

                                                            laponie-minedor_2.jpg

 

Et l’aventure?

 

      Pour moi, la véritable aventure, ce fut de rencontrer des Lapons au coeur de la forêt ou des marécages du nord et de partager quelques instants de leur vie. L’aventure est aussi intérieure car se retrouver parfois pendant des heures et des jours dans des paysages désolés, des forêts infinies ou des marécages infestés d’insectes sans rencontrer âme qui vive a de quoi effrayer et est une véritable épreuve J’ai voyagé dans de nombreuses régions inhospitalières, mais jamais je ne me suis senti aussi seul, aussi écrasé par une nature toute puissante qu’en Laponie, en Europe!

     J’ai aussi croisé en Laponie des personnages qui correspondent exactement à l’idée qu’on peut se faire des aventuriers: dans ce pays mystérieux, on trouve aussi de l’or et donc, une fois encore comme dans les romans de London, des chercheurs d’or. J’en ai rencontré deux, avec d’étranges lueurs dans les yeux et qui avaient des projets grandioses. Un français m’a dit avoir déjà « sa » mine et était décidé à se bâtir une cabane pour passer la nuit polaire près de « son » or! Sachant qu’il peut faire -50° dans cette région, et que l’enneigement va d’octobre à juin, je ne pouvais que supposer que j’avais rencontré là le parfait aventurier!

 

Alors, l’aventure vous tente?

Et n{mosimage}’oubliez pas d’emporter un bon livre!