De toute évidence, le problème est là. Il est bel et bien présent et les conséquences qu’il engendre ne font que s’annoncer de plus en plus terribles à chaque seconde qui s’écoule. Ce serait un crime de le nier et un euphémisme flagrant de prétendre que nous n’en sommes pas les initiateurs et que l’avenir, que notre avenir, ne dépend pas de celui-ci. Contrairement aux cinq premières de l’histoire terrestre, la sixième extinction, qui nous menace présentement, serait la seule ayant été causée par les habitants de la planète et non par un processus naturel. On parle ici d’habitants bipèdes, assez civilisés dirait-on, vivant en société, omnivores, suffisamment évolués pour concevoir l’existence d’une force supérieure invisible mais pourtant incapables de veiller à la conservation de la biosphère, d’un cycle naturellement réglé pour que chaque être vivant y trouve son compte et que la biodiversité subsiste. On dit qu’un individu dont le véhicule est en panne a plus de chances d’obtenir de l’aide s’il se trouve sur une route presque déserte que sur une autoroute bondée. C’est ce qu’on appelle le partage de la responsabilité. C’est à croire que la planète n’est pas tombée en panne sur la bonne route. Il est fort probable que la population humaine se sente impuissante, qu’elle soit sincèrement convaincue de ne pas détenir le pouvoir et de ne pas posséder les compétences permettant sa rédemption. Cela parait être la plus simple et la plus réaliste des explications. Cependant, si l’humain en est vraiment certain, il devra retrouver un peu d’espoir et se retrousser les manches puisqu’il paraîtrait, selon certains, que cette situation est remédiable.
La planète est, avouons-le, dans un état catastrophique. La sixième extinction élimera une espèce sur trois dans les prochains siècles et a apparemment déjà commencé son grand ménage : sur 41 415 espèces, 16 306 sont menacées, sans compter les 785 autres qui se sont déjà éteintes.
Les conséquences seront sans précédent, causant la multiplication des maladies infectieuses, la disparition des grands mammifères, la fin des régions tropicales comme étant le berceau des nouvelles espèces et, s’étalant sur plusieurs millions d’années, l’anéantissement complet de la biodiversité.
Heureusement, l’humanité, ce bourreau insouciant, survivra, rendant ainsi notre inquiétude inutile. Toutefois, on tend à croire qu’elle récoltera ses semences. Au sens abstrait, bien sûr, puisque concrètement, les récoltes ne risquent pas d’être fréquentes.
Effectivement, d’ici 15 000 générations, il semblerait que nos descendants soufreront toujours de notre actuel mode vie excessif considérant qu’au moins 5 millions d’années sont nécessaires pour que la planète se remette d’une importante extinction comme celle dont il est question. Si tout cela ne paraît qu’être des prédictions de diseuses de bonne-aventure pour certains, d’autres ont pris ces faits au sérieux et se sont engagés à contribuer à la reconstruction de la faune et de la flore. C’est notamment le cas de Willie Smits, un écologiste hollandais défenseur de la forêt et des animaux, qui a vu sa vie bouleversée après avoir fait la rencontre d’un orang outan, un animal qui, soit dit en passant, est en voie d’extinction. L’orang outan en question avait été jeté à la poubelle, mourant. C’est en Indonésie que Smits lui a sauvé la vie et c’est également là qu’il a initié son projet de reforestation. À Samboja Lestari, une région située à 44 km de la ville de Balikpapan, la terre était envahie de mauvaises herbes et se voyait brûlée par d’énormes feux chaque année en raison de la déforestation faite par les pays occidentaux qui font, à en juger par les dégâts, une consommation démesurée d’huile de palme. La situation des habitants de la région était tout aussi dramatique : 50% d’entre eux étaient sans emploi et la criminalité était constamment à la hausse. Willie Smits précise qu’il a choisi cet endroit spécifique afin de prouver que même dans les pires conditions existantes, il est encore possible de réparer ce que l’on a détruit et qu’il n’y a plus d’excuse possible puisque l’argument de l’impuissance a désormais été réfuté. Après des recherches effectuées sur différents aspects tels que la biodiversité, le carbone, le climat et les coûts, la première étape du projet a été d’encercler la région d’une plantation de cannes à sucre. Étant résistante au feu, cette plantation a permis la restauration des sols et l’implantation de plusieurs espèces différentes d’arbres. On estime d’ailleurs aujourd’hui la diversité des arbres de Samboja Lestari dix fois supérieure à celle des Pays-Bas. Après trois ans, on note que la quantité de nuage au dessus de la région a augmenté de 11,2% et les précipitations de 20%, permettant ainsi à 400 000 personnes d’avoir accès à l’eau potable. Cela s’explique par la formation de produits chimiques naturels sur les feuilles des arbres qui initient la création de gouttes d’eau, permettant ainsi l’accumulation de nuages. Chaque arbre planté peut être observé par satellite et 10% d’entre eux sont mesurés chaque année afin de s’assurer de l’efficacité et de la continuité du projet. Les résultats sont d’autant plus mesurables à travers la population, qui a été entièrement impliquée dans la reconstruction de sa région. Les cannes sucres implantées fournissent des ressources financières considérables à 658 familles et chaque famille détient maintenant sa propre terre et peut produire des fruits, des herbes et de l’huile tant qu’elle en a besoin. On a également réunit les familles en groupes de vingt afin qu’elles puissent veiller à ce que personne ne détruise la forêt en décidant du sort qui attend ceux qui souhaiteraient s’opposer au bien-être du projet. Smits souligne d’ailleurs l’importance d’impliquer la communauté locale afin de permettre au système de durer et de s’assurer que son implantation soit faite avec un grand respect de la culture de la région. L’écologiste soutient également qu’il est primordial que la forêt perdure et se régénère, mais qu’il aussi important que les bénéfices résultants de cet effort reviennent entièrement à la communauté.
Récipiendaire du Prix Nobel de la paix en 2004, Wangari Muta Maathai est une militante écologiste et politique africaine réputée pour sa force de caractère et sa détermination à établir la paix et la justice. Fondatrice du mouvement de la Ceinture verte, un projet visant au reboisement de différentes régions, Maathai a commencé par planter sept arbres à l’occasion du Jour de la Terre dans le but d’honorer les femmes environnementalistes du Kenya, son pays natal. Le mouvement en question est à l’origine de la plantation de plus de trente millions d’arbres qui ont permis de prévenir l’érosion des sols et de freiner l’avancée du désert en Afrique. Militant également pour les droits de la femme et l’égalité entre les peuples, elle souligne qu’il est d’une importance capitale de protéger les êtres humains avant la nature elle-même, puisque qu’ils font partie de la biodiversité. Selon elle, la pauvreté pousse certains peuples à dégrader l’environnement puisqu’ils n’ont pas les ressources financières nécessaires pour adopter un mode de vie écologique. Elle déclare que la plus grande réalisation du mouvement dont elle est l’initiatrice « […] a été d’éveiller les citoyens ordinaires, en particulier les ruraux, aux problèmes écologiques.»1. En effet, on peut aisément croire que ce mouvement a eu des répercussions positives sur l’ensemble du peuple africain puisqu’en 2005, le projet de la Grande Muraille Verte a vu le jour, ayant pour principaux objectifs de veiller à la conservation de la biodiversité, la restauration des sols, la satisfaction des besoins domestiques des communautés ainsi que l’inversion du flux migratoire vers les zones restaurées. Il s’agit de l’implantation d’une vaste bande de végétation de 15 km de large et 70 km de long, reliant la République du Sénégal à la République de Djibouti. Les responsables du projet précisent qu’il s’agit de la réponse de l’Afrique face aux changements climatiques, en vue d’une diminution de la pauvreté et de la conservation de la faune ainsi que de la flore africaine.
Un réchauffement global, une production excessive de gaz à effet de serre, un déboisement incroyablement rapide, des glaciers qui fondent, le niveau des mers qui augmente, la sécheresse des pays du sud assoiffant la biosphère en entier; en effet, le problème est facilement constatable. Toutefois, une seconde évidence peut être constatée : plusieurs projets sont déjà en branle depuis un bon moment et se révèlent être d’une grande efficacité. Évidemment, le travail ne fait que commencer. Il est cependant indéniable qu’un effort considérable a été fait de la part d’une grande partie de la population. Il suffit maintenant de l’encourager, de le valoriser et de prendre soin de ce que nous n’avons pas encore détruit. Ce ne sera pas aisé, admettons-le, mais des gens ont déjà démontré que rien n’est impossible et que l’avenir de la planète ne dépend que de notre volonté à la rendre meilleure.
1. Ethirajan ANBARASAN, «La Kényane Wangari Muta Maathai: Aux arbres, citoyens!», Courrier de l’UNESCO, [En ligne], http://www.unesco.org/courier/1999_12/fr/dires/txt1.htm (Page consultée le 6 mai 2010)
Médiagraphie
LAPOINTE, Pascal, Agence Science-Presse, [En ligne], http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2007/09/18/6e-extinction (Page consultée le 2 mai 2010) S.B., L’Alsace.fr, [En ligne], http://www.lalsace.fr/fr/article/2659895/L-homme-est-responsable-de-la-6-sup-e-sup-extinction-des-especes.html (Page consultée le 3 mai 2010) Save The Ourang Utan, [En ligne], http://savetheorangutan.org/wp-content/leaflet_samboja_lestari_fr.pdf (Page consultée le 3 mai 2010) TED Ideas worth spreading, [En ligne], http://www.ted.com/index.php/talks/willie_smits_restores_a_rainforest.html (Page consultée le 3 mai 2010) ANBARASAN, Ethirajan, Courrier de l’UNESCO, [En ligne], http://www.unesco.org/courier/1999_12/fr/dires/txt1.htm (Page consultée le 6 mai 2010) Grande Muraille Verte, [En ligne], http://www.grandemurailleverte.org/historique.php (Page consultée le 6 mai 2010) Wikipédia, [En ligne], http://fr.wikipedia.org/wiki/Wangari_Muta_Maathai (Page consultée le 6 mai 2010)
C’est vrai rien est impossible ,le nombre fait la force ,mais …le temps que les consciences emergent,il y a du boulot !
Quand je vois ,le nombre de gens en liesse dans la rue quand une coupe du monde de football
a été remporté,l’amour qui s’en dégage,ils pourraient soulever des montagnes,par contre,on emeut pas grand monde avec les indiens du Brésil que l’on massacre allègrement ,on va sacrifier 500 Km de leur forêt pour un barrage …où vont-il aller ? se sédentariser ?
Ces premières nations extraordinaires qui savent preserver la nature et qui ont tant de chose à nous apprendre sur la civilité justement..ces « Sauvages »,mais qui sont les sauvages ? exusez moi de ce débordement ,mais votre article ne me laisse pas indifférente
comme vous pouvez le constater,merci pour cet article très dense,et très profond et vive la nature !
A propos pour ceux qui s’intérressent au sort des Amérindiens et qui souhaitent faire un geste en leur faveur : http://www.okamag.fr
Merci pour cet excellent article.
Mais pas d’accord avec « Heureusement, l’humanité, ce bourreau insouciant, survivra » : je dirais pour ma part « malheureusement », car nous ne méritons pas de survivre à nos atrocités, destructions, tortures en tous genres.
Mecarryce, je trouve pour ma part qu’il ne s’agit pas d’amour des supporters, mais de surexcitation et de fierté facile (« on » a gagné !!!). Pas un de ces citoyens devant les tribunaux où nous, écolos militants, comparaissons pour avoir voulu défendre leur santé et autres justes causes.
L’opium du peuple. Ces foules en délire me mettent en fureur …
Ah que Coucou Mathilde !
Vous avez pas vu les pelles qu’ils se roulent à cette occasion ?(j’exagère bien évidemment)
Les statuts de races,religions,sociaux s’envolent …
Il faudrait pouvoir les cueillir encore sous l’emprise de l’opium Foot.
« Venez les copains,on va reboiser le désert de Gobi !c’est bon pour le Foot !Ah bon ?,oui,venez c’est par là …
Un petit délire en passant …
Mathilde, je suis d’accord avec toi pour ce qui est de »Heureusement, l’humanité, ce bourreau insouscient, survivra ». En fait, c’était de l’ironie et non pas l’expression d’un véritable soulagement.
Sandrine!
je vous en prie, le boureau court à toute vapeur aux catastrophes.
Les deséquilibres qu’il a causés aux écosystémes sont trés graves et trés sous-estimés.
Survivre , aprés toute cette criminalité écologique appartient au domaine de l’iréel.
Je m’explique:
imaginer un être humain avec des poumons à moitié detruit, avec du sang à moitié intoxiqué, soit des cellules hépathique à moitié demolies. Pourrait-on nous permettre de penser encore une espérance de vie.
Nous devons plutôt preparer nos priéres pour le grand meeting avec des tsunamis et des ouragans .
La preuve, me diriez vous !
oui bien entendu , mais c’est simple : Nous sommes devenus allergiques à la medecine à l’alimentation à la communication sociale et personnelle , bref nous sommes devenus un lourd fardeau pour notre conscience.
Enfin il ne reste qu’un seul espoir pour esperer survivre: c’est de prendre conscience qu’il est encore temps de ne plus fuir nos responsabilités les plus sacrées et de ne pas la laisser à la portée des imbéciles,comme le sont la plupart des responsables de notre malheureuse planéte.