Les Beatles et la méditation transcendantale

La moitié des Beatles, c'est mieux que rien. Les survivants ne renient en tout cas pas le passé: Paul et Ringo ont chanté samedi à New York en soutien à la méditation transcendantale.

Les Beatles étaient une formidable machine à fabriquer de l'argent. Ils le sont d'ailleurs encore aujourd'hui, puisque leurs disques continuent à se vendre sur des rythmes dont rêvent bien d'autres artistes.

Mais ils étaient aussi devenus, plus ou moins consciemment, des maîtres à penser. Plus célèbres que le Christ – une boutade, mais même leurs boutades étaient prises au sérieux -, ils ont connu tout ce dont pouvait rêver un groupe populaire. Leur séparation n'a rien changé à cet état de fait. Et John Lennon est mort, au fond, d'avoir été trop adulé.

La philosophie brouillonne qu'ils avaient développée, et que John Lennon poussa très loin sous l'influence de Yoko Ono – mais pas sous cette seule influence, il était lui-même un grand manipulateur -, était devenue une apparence de pensée, et certains ne manquèrent pas de l'adopter sans trop savoir vers quoi ils allaient.

Peu importe: la popularité autorise tout. Ne demande-t-on pas leur avis sur n'importe quel sujet à des vedettes qui n'ont pas la moindre compétence pour répondre aux questions posées? Les engagements des Beatles n'ont, en fait, jamais concerné qu'eux-mêmes, bien que de nombreux fans se soient sentis concernés au premier chef. Dérive habituelle d'une adhésion totale à ce que sont, ce que font, ceux qu'on aime en dehors de toute réflexion, sans le moindre recul. D'une coupe de cheveux à une mode vestimentaire, d'une musique à la méditation transcendantale, il n'y a qu'un pas.

Franchi encore ce week-end par les survivants du mythe, Paul McCartney et Ringo Starr, restés suffisamment sous l'influence de leur gourou d'autrefois, le Maharishi Mahesh Yogi, pour participer à un concert new-yorkais en faveur de l'enseignement de la méditation transcendantale dans les écoles. David Lynch, le cinéaste, était à l'origine de l'initiative.

Pourquoi pas, après tout ? Il y a bien les Restos du coeur en France. Ce qui, reconnaissons-le, n'est pas tout à fait la même chose, puisqu'il s'agit d'améliorer le sort des démunis – un combat matériel et non spirituel.

Toutes les causes peuvent trouver leurs défenseurs parmi les vedettes. Il se trouvera bien des fans pour suivre celles-ci. Madonna demanderait une modification des lois sur l'adoption au Malawi. Gisele Bündchen exigerait le droit, pour ses gardes du corps, de tirer à vue sur les paparazzi. Etc.

Franchement, est-ce bien raisonnable ?