Le sarkozisme ou le mensonge érigé en système

Même si la chose est surprenante venant d'un journaliste estampillé "gauchiste", voici une défense de Christine Lagarde ! Parce qu'autant nous ne loupons pas notre ministre de l'Economie quand elle ment effrontément, par exemple en prétendant que la défiscalisation des heures supplémentaires va permettre à tous les Français de travailler plus pour gagner plus – affirmation qui ne gêne personne à droite puisque c'est la contre-vérité officielle -, autant nous la soutenons lorsque Lagarde dit la vérité et que tout son camp lui tombe dessus.

De quelle déclaration est-il question ? En annonçant les suppressions d'emploi dans la fonction publique, la pasionaria libérale a parlé de "plan de rigueur". Logique : c'est bien de cela qu'il s'agit, à proprement parler d'un dégraissage.

"Pas du tout !", s'offusquent alors avec une belle unanimité le Premier ministre François Fillon et le Secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant. "Plan de revalorisation", rectifie ce dernier. Rappelons-lui pour commencer l'article 20 de la constitution : "Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation. (…) Il est responsable devant le Parlement". Autrement dit, les élus du peuple disposent du pouvoir de révoquer un gouvernement qui n'aurait plus sa confiance. C'est un mécanisme démocratique, un garde-fou (souvent théorique à cause du phénomène des majorités godillot, mais tout de même). Guéant, lui, n'est pas responsable devant le Parlement. La fonction de Secrétaire général de l'Elysée n'existe même pas dans la constitution ! En se répandant constamment dans les médias pour expliquer la politique menée (comme sur GDF-Suez par exemple), Guéant n'a donc aucune légitimité démocratique. Si, le fait du prince : sa Majesté Sarkozy a décidé que son serviteur – il n'est qu'un fonctionnaire employé au service de la présidence – aurait plus de poids que le Premier ministre qui tient pourtant, lui, ses attributions de la constitution : "Le Premier Ministre dirige l'action du Gouvernement" (article 21). Refermons la parenthèse. "Plan de revalorisation", donc, prétend Guéant. Ce le serait si avait été annoncée une augmentation des moyens accordés à la fonction publique ou du traitement des fonctionnaires. Or, on ne nous a encore parlé que de suppressions de poste. La revalorisation pour ceux qui restent en est au stade des vagues promesses. Il est donc parfaitement inexact de présenter cette mesure comme une revalorisation. Seulement, le mot rigueur est impopulaire. Alors on le remplace par une expression beaucoup plus séduisante. Quitte à tordre le coup à la réalité. Une habitude en Sarkozie.

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