Y a t-il vraiment UN grand méchant Patronnat ?…

 

Le Patronnat connaît tellement de clivages qu’il n’existe en tant qu’entité qu’à travers la voix de ses organisations représentatives, actives dans le lobbying ou dans le syndicalisme.

Hé oui ! N’oublions pas que le MEDEF est bel et bien un syndicat patronal, même si l’expression semble un oxymore tant elle sonne de façon antithétique ! Mais voyez-vous, le Grand Patronnat a beau jeu de le critiquer, le « syndicalisme » (salarié), on voit bien que quand ce sont ses propres intérêts qui sont en jeu, il approuve que l’union fasse la force !

Le patronnat ne se pense comme entité sociale, capable de mobilisation collective que lorsqu’il est confronté à des enjeux politiques importants (le Front Populaire en 1936, l’arrivée de la Gauche au pouvoir en 1981).

C’est en 1936 précisément que les patrons assument pour la première fois le terme de patronnat. A ce moment-là, Eugène Scheller, le fondateur de l’Oréal (oui, oui, le père de qui-l’-on-sait !) crée « l’Action patronale », un journal qui s’adresse à tous les patrons quelle que soit la taille de l’entreprise qu’ils dirigent, et qui leur distille ses bons conseils.

Mais la cohésion patronale n’est pas moins ponctuelle et fragile (oh, les pauvres) car les « petits » se voient souvent obligés de supporter les conséquences d’accords signés au plan national, que les grandes entreprises, elles, savent contourner ou minimiser.

En tout état de cause, ce qui unit le Patronat c’est :

–          d’une part le refus de l’ingérence de l’Etat (sauf quand celui-ci rend service en passant commande publique, en jouant le super VRP à l’étranger, en renflouant une comptabilité catastrophique, en faisant crédit etc.)

 

–          d’autre part l’hostilité aux revendications ouvrières et à la présence syndicale dans l’entreprise. Combien de petits patrons ont créé plusieurs petites entités juridiques pour rester en dessous des seuils de 10 ou 50 salariés ?!

L’objectif le plus partagé est bien globalement (il y a toujours des exceptions), d’assouplir constamment les règles du jeu social. Depuis six ans en particulier, le MEDEF n’a de cesse de revenir sur toutes les réformes du Conseil national de la Résistance…

Méditons pour finir cette phrase :

« La liberté de pensée s’arrête là où commence le Code du travail. »

Laurence Parisot

 

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