Le packing … explications

 

C’ est le terme utilisé en psychiatrie pour parler d’une méthode qui consiste à emballer un patient psychotique dans du tissu humide. Les experts parlent de soin, visant à calmer le patient, utilisé dans des cas de psychoses graves (l’autisme fait partie des maladies soignées par packing)

 

Je me pencherais sur le cas de l’autisme, car on commence à mieux cerner cette maladie. L’autisme n’est pas une déficience mentale comme on le croyait il n’y pas si longtemps, mais une maladie neurologique.

 

On sait que certains patients sont violents, et peuvent s’ automutiler, d’où l’expérimentation de cette pratique.

Présenté de cette façon, ça parait sympatoche, mais un petit « bip » résonne dans ma tête et met ma conscience au défi d’approuver de telles pratiques.
J’ai assisté il y a quelques temps à un cours sur les "violences douces". Il s’agissait de dénoncer certains gestes que l’on juge humiliant pour la personne qui les subit, alors qu’ils sont exécutés sans violence. Un exemple : essuyer la bouche d’un bébé (ça marche aussi pour les personnes âgées) avec la cuillère quand ça déborde. Bon chacun pourra faire un commentaire sur l’exemple qu’on nous avait donné, le propos étant surtout de déceler une atteinte à l’intégrité physique de l’ être humain.

 

Le packing est une pratique d’un autre temps, qui utilise la violence comme opposition à la violence. Non il n’y a pas d’erreur dans ma phrase, on voit bien en la lisant l’ ineptie de la méthode. Elle ne permet ni de cerner le problème, ni de le soigner. C’est un aveu d’ impuissance caractérisé, face à des maladies que la recherche, par manque de  moyens, n’arrive pas à maîtriser.

 

Alors comment accepter ensuite que des médecins usent de techniques humiliantes, qu’ils appellent soins, pour calmer leur patient. Un quart des personnes atteintes d’autisme sont des enfants, et je doute fort qu’on puisse soigner avec la théorie de la douche froide.

"L’enfant autiste n’a pas d’image de son corps, c’est ce qui le conduit à se faire mal pour ressentir son corps dans la douleur. Nous utilisons le choc au froid et le serrage pour entrer en relation avec lui."

 

La relation par le son (la parole, la musique, les bruits apaisants), par l’attention, par les caresses ne seraient-ils pas mieux que la relation par la douleur???

Et là vous pensez gentiment (et en toute logique) : elle n’ est pas médecin, donc elle n’y connait rien, qu’elle ferme sa grande….

Bon ok.

Mais, je répondrais à mes détracteurs – outre le fait que la méthode en question s’apparente à de la maltraitance, et qu’un grand nombre d’ associations s’insurgent contre son application – que deux éminents psychologues, Boris Cyrulnik et Marcel Rufo, ont fait une découverte plutôt déconcertante quand à la façon l’esprit peut se soigner.

 

Rappel des faits : dans les années 90, Nicolai Ceaucescu voit sa dictature s’effondrer. Les barrières tombent, et les médias à l’affût filment enfin l’intérieur du pays. Les associations humanitaires découvrent des mouroirs, dans lesquels sont enfermés les enfants mal formés, handicapés ou faibles. Ils sont entassés à 50 dans des cellules sans fenêtre, n’ont quasiment pas de nourriture, vivent dans leurs excréments, et s’entredévorent quand il n’y a plus de rats à chasser.(1)
Boris Cyrulnik, qui étudie la résilience (2), a alors l’idée de suivre quelques enfants sortis de cet enfer, et leur fait passer un scanner du cerveau avant et après leur thérapie (certains d’entre eux ont été adopté). Les résultats sont surprenants, puisqu’il découvre que ceux qui ont bénéficié d’amour et d’attention dans les familles qui les ont recueillis, voient leur état s’arranger, et pour certains dans un laps de temps assez court (un an… quand on sait ce qu’ils ont vécu, on comprend qu’il y ai là matière à réflexion).

Peut-on opposer à cette expérience les résultats de ces centres qui utilisent des méthodes chocs et des médicaments, dans le but de soigner ? Si quelqu’un connait des études qui affirmeraient que le traitement de la violence par la violence est le meilleur remède aux  maux de l’ être humain, qu’il me les présente sur le champ…


Les mentalités doivent évoluer, n’oubliez pas que certains médecins affirmaient encore il y a quelques années que les bébés ne ressentaient pas la douleur et qu’il n’y avait donc pas besoin d’anesthésie avant les actes médicaux. Si vous en rencontrez un, ne vous laissez pas abuser sous prétexte que vous n’y connaissez rien. Rappelez-vous une seule chose : ce qui nous gêne n’est pas bon pour nous. C’est un principe simple et à appliquer sans modération.

 

(1) Cet épisode à fait l’objet d’un reportage qui était disponible sur le site de France5, mais que je ne trouve plus. Je vous donne tout de même le lien qui vous permet de glaner quelques informations sur Boris Cyrulnik :

http://documentaires.france5.fr/search/node/boris%20cyrulnik


(2) La résilience est la faculté du corps et de l’esprit à guérir de traumatismes sévères – "cette faculté à rebondir, à se reconstruire au-delà du malheur"


(3) Pour plus d’informations sur le packing : http://www.psy-desir.com/biblio/spip.php?article870