Ramadan à Dakar, tout un cinéma…

 

cela fait trois jours que le mois de Ramadan a été entamé. aux quatres coins du monde, des millions de fidèles s’abstiennent de manger et de boire au nom de Dieu et du prophète.

Jeûner, ce n’est pas que s’abstenir de toute nourriture et boisson. En Islam, tout le corps est censé jeûner, aussi doit-on s’abstenir de regarder ce qu’on ne doit pas voir (retenir nos regards baladeurs), d’écouter aux portes, etc.

mon Oustaz (maitre coranique) dit qu’on devrait considérer le Mois de Ramadan comme un hôte de marque qui loge chez nous pour un mois, et en conséquence nous lui devons attention et considération.

 

à Dakar, entre le Tropique du Cancer et l’équateur, le Ramadan n’est pas toujours le bienvenu…

les musulmans sénégalais ne manquent bas de (bonne) foi, loin de là, mais les priver de leurs "trois normaux" (pti déj, déjeuner, diner) les met un peu sur les nerfs. certains ont recours à des distractions (belote, scrabble, ou télé quand il n’y a pas coupure de courant…), d’autres font des grasses journées (grasses matinées plus rallongées) pour mieux supporter les privations: c’est ce qu’on appelle "Dakh Koor", littéralement "chasser le jeûne". Il y a tout de même quelque "Diambars" (braves) qui bravent les 39° à 16 heures pour aller faire du footing ou s’entrainer, sans compter les nombreux maçons et autres ouvriers (le pays est en chantier).

vers les deux dernières heures avant la rupture du jeûne, embouteillages + chaleur + faim font que les nerfs sont à vifs, et qu’un rien provoque des bagarres (verbales, ils n’ont pas assez de force pour échanger des coups): le chauffeur du Car Rapide (Minicars) qui a dépassé l’arrêt demandé parce que ses freins ont tardé à répondre, un plaisantin qui épuise vos dernières réserves d’eau en vous entrainant dans des discussions à n’en plus finir sous l’arbre à palabre…

 

Dès 7h30, les radios annoncent la rupture et les langues se délient: à cet effet les mères de familles préparent des festins pour la famille proche, distante, éloignée, les amis de la famille, les voisins, etc. Les jeûneurs en profitent pour rattraper les calories perdues pendant la journée (pas étonnant que certains prennent du poids pendant ce mois), puis s’arrosent à gorgées de Bissap, le fameux Vin Rouge Sénégalais avant de se diriger vers la mosquée pour la prière du crépuscule.

 

le jeûne a été rompu (pour cette journée au moins), mais est-ce tout?

il reste un dernier challenge à surmonter pour nos fidèles: les nafilas. ce sont des prières facultatives que le prophète faisait le soir avant de se coucher, elles peuvent durer cinq minutes ou deux heures, selon la forme de l’imam. c’est un challenge pour nos jeûneurs car ils tiennent à peine sur leurs jambes à cause du bissap et du Thiebou Djeun (riz au poisson)…