« Un bébé = un contrat » : scandale à la Crèche Les Petits Chaperons rouges !

 

Une crèche d’entreprise, c’est une société, qui est là pour faire des bénéfices… Cependant, et beaucoup de cadres de ces entreprises, beaucoup de directrices de crèches, l’oublient trop souvent, il convient de ne pas penser qu’à la rentabilité, qu’à l’argent, qu’aux bénéfices engendrés grâce aux parents, qui confient leurs enfants ! Car, un bébé n’est pas égal à un contrat ! Un bébé, c’est une personne en devenir… Le monde de la petite enfance, tout comme celui des personnes âgées, est un monde où le facteur humain doit être privilégié par rapport aux questions bassement comptables ou budgétaires !

 

« Il fait bon grandir avec nous », affirme la crèche ‘’Les Petits Chaperons Rouges’’ (LPCR)[1].  Elle va beaucoup plus loin dans ce slogan fort évocateur : « Les Petits Chaperons Rouges… Une passion : la petite enfance ! ». C’est dire si le projet pédagogique de cette crèche est fondé sur « l’éveil et le respect du rythme de l’enfant », puisque son crédo est : « des enfants sereins, des parents heureux »[2]… La qualité n’est pas oubliée pour autant, puisque LPCR, qui prône : « La qualité au cœur de notre métier ! », écrit : « Nous attachons une attention toute particulière au bon respect dans nos crèches de notre processus QSH (qualité-sécurité-hygiène). Notre personnel est formé pour cela et nos directrices sont les garantes de sa bonne application. De plus, nos contrôleurs qualité se rendent régulièrement dans nos crèches. »[3].

 

 

 

Les Petits Chaperons Rouges… Une passion : la petite enfance !

 

Théoriquement, sur le papier !… Car, là où le bât blesse, c’est que côté ‘’coulisses’’, les choses s’avèrent très différentes de ce qui est annoncé sur le site de cette entreprise[4] !

 

Il faut dire que, dans diverses crèches LPCR de la région parisienne, les conditions de travail sont déplorables, à un point tel que le projet pédagogique n’est plus respecté, ce, au détriment des enfants, de leurs parents et des professionnelles pourtant si dévouées… De plus, aux dire des salariées que j’ai rencontrée dans plusieurs crèches de la région parisienne, « la Crèche n’est pas adaptée pour accueillir un nombre important d’enfants… d’où un manque évident de place pour les enfants et un manque de sécurité pour eux et pour les employées qui s’occupent d’eux »

Lorsque des salariées d’une crèche LPCR se retrouvent en arrêt de travail légal et légitime, il leur arrive de subir certaines pressions… On pourrait parler de harcèlement moral, car certaines directrices ne semblent pas apprécier que des salariées de leur crèche se mettent légitimement en arrêt maladie.

C’est dire si les professionnelles de ces crèches sont sous pression, à un point tel qu’ regrettent qu’ « il n’y ait pas assez de personnel, surtout en cas d’arrêts de travail légitimes », s’alarment sur le fait qu’ « il y a trop d’enfants accueillis en même temps », et, avouent qu’ « aucune  solution n’est trouvée par la Direction »…, ce, « au détriment de la sécurité et du bien-être des enfants, mais aussi du bien être et de la santé des professionnelles », ce, au « mépris du projet pédagogique ».

 

Une autre salariée, que j’ai rencontrée, m’a raconté que les personnes en arrêt de maladie, arrêt pourtant légal et légitime, n’étaient pas remplacées ! De ce fait, les professionnelles, qui doivent accueillir une quinzaine d’enfants, chez les bébés, chez les moyens, chez les grands, ne se retrouvent qu’à deux pour faire fonctionner une des sections ! Cela crée, aux dires de celles-ci, des tensions entre les professionnelles, qui, pour des broutilles, peuvent se disputer entre elles…

 « Beaucoup de mes collègues ne sont pas solidaires entre elles : elles se plaignent des conditions de travail, mais ne font strictement rien pour faire jouer la solidarité face à une Direction qui ne veut rien comprendre »…, déplore cette jeune femme, qui se plaint également des heures de pause en m’expliquant très clairement qu’ « elle ne sait jamais à quelle heure, elle va pouvoir prendre sa pause déjeuner ». « De plus, toutes les salariées de cette crèche, qui travaillent dix heures par jour, devraient, en plus du déjeuner, avoir une pause de 10 minutes le matin et une autre pause de 10 minutes l’après-midi », nous précise cette professionnelle, visiblement inquiète des conditions de travail !

 

Il faut dire que les caisses d’allocation familiale estiment que le tarif des crèches, qu’elles soient d’entreprises, qu’elles soient municipales, est de 400 € par mois et par enfant. Il est évident que les embauches, les divers frais de fonctionnement[5] dépendent des budgets alloués par le Siège. Pourtant, certaines directrices de crèche subissent des pressions du Siège qui leur interdit de prévoir des remplaçantes devant intervenir en cas d’arrêt de travail. De ce fait, seules deux professionnelles se retrouvent à gérer une section de 15 enfants, alors, qu’en temps normal, elles sont au nombre de quatre !

 

Dans d’autres crèches LPCR, cela se passe également mal… Des témoignages affluent sur le Forum ‘’Le Social’’[6]… Celui de Lila, en date du 12 février 2009, est effarent, puisqu’elle écrit « Bonjour, ayant travaillé en crèche privée et à LPCR, je peux vous en toucher deux mots! Pour ma part, j’ai été très déçue, voire même dégoutée de mon passage dans une de leur crèche. (Ce n’est que MON avis, dans UNE crèche, peut être qu’ailleurs c’est différent[7]…). En effet, malgré un projet pédagogique très attrayant et hyper motivant, la réalité sur le terrain est tout autre. Le but est de faire de la rentabilité à tout prix, en mettant le plus d’enfants possible avec le moins de personnel ! Le respect de l’enfant, pffff, c’est que pour faire de la pub. Tout est dans le "paraître" auprès des sociétés, des parents. Mais sur le terrain au secours !! Aucun soutien, de la part de la direction et du siège LPCR en cas de difficultés, ou de coup dur. Le personnel malade ou en vacances n’est pas remplacé, et donc on se retrouve à deux pour douze enfants (voire même moins), mais on nous dit qu’on est LARGEMENT dans les normes !! Et qu’on ne doit pas se plaindre car il y a pire ailleurs !! On nous demande clairement de vivre pour la crèche, notre vie privée on s’en fout. (Horaire impossible, dix heures par jour de travail: exténuant dans de telle condition). Et il y a tout les inconvénients du privée : pas de convention collective, pas de possibilité de formation (mensonge à l’embauche), pas d’augmentation de salaire malgré l’ancienneté, pas de CE, pas de jours enfants malade; jours de maladie non payés; seulement 5 semaines de vacances… ».

 

En date du 13 février 2009, toujours sur ce même forum, puisqu’elle répond à Lila avec qui elle est « d’accord à 100 % », Jeanne, qui précise qu’elle travaille aussi dans une crèche LPCR, s’insurge en ces termes : « … Autre point qui a mon avis est discutable : ils ne donnent pas le même salaire à deux personnes pour expérience et diplôme équivalents. C’est lié je pense à ce qui est négocié lors de l’entretien mais pour l’égalité entre pros ou la reconnaissance,  bonjour ! Une journée d’absence dans l’année et on vous sucre une partie de votre prime prétextant que cela joue sur votre assiduité. Si vous passez un diplôme supérieur (genre cap alors que vous étiez non diplômé) on ne le reconnait pas et vous restez en tant que non diplômé. Aucun aménagement de temps de travail ou de droits spécifiques pour les femmes enceintes ; elles continuent de faire 10 heures par jour et si elles s’arrêtent LPCR ne prend pas le relai auprès de la sécu… ».

 

En date du 31 mars 2009, toujours sur ce même forum, puisqu’elle affirme « rejoindre à 200% les témoignages de Lila et Jeanne », Willette nous raconte d’un ton amer son expérience : « Lors de l’ouverture de la crèche il y a un an, et de l’embauche, ils nous ont promis plein de choses… (Formations,  conventions collectives, 36ème heure récupérée, un budget conséquent…), mais sur le terrain, rien de tout cela ne se concrétise.  Le projet pédagogique est ambitieux, motivant, alléchant…mais la réalité est bien différente : directrice a mi-temps pendant 1 an, suivie d’une directrice intérimaire, pas de remplacement de personnel, peu de budget pour le matériel pédagogique, aucun avantage social, pas de convention collective, recrutement sur piston pour la moitié de l’équipe (ces personnes n’avaient aucune expérience auprès de jeunes enfants)…et surtout pas de réel respect du rythme et du stade de développement des enfants. Le siège social impose à ma directrice de remplir la crèche au maximum tous les jours. Le mot d’ordre de ma crèche, c’est le profit, les sous…au détriment du bien être des enfants. Par exemple, passage forcé des enfants d’une section à une autre, personnel tout juste aux normes d’encadrement, dans la section des grands, 2 professionnelles pour 14 enfants au quotidien en cas de vacances d’une collègue, équipe jeune, non professionnelle et pas motivée, pas de directrice qui mène l’équipe… En tant qu’Educateur de Jeunes Enfants (EJE, j’ai beaucoup de responsabilités, réunions, compte rendu de réunion, commandes matériel, être responsable pédagogique de 2 sections, écrire des projets de section, préparer les journées pédagogique…), j’ai même été officieusement adjointe pendant 1 an… Et là, c’est la grosse désillusion quand aux conditions de travail et à la mise en place du projet pédagogique…comment faire de l’éducatif alors qu’on blinde les effectifs des 3 sections ? J’ai souvent l’impression de faire de la garderie…Je ne travaille pas avec l’enfant comme je le voudrais, je suis très déçue de cette société gestionnaire de crèche…Des belles paroles, et sur le terrain, rien.
J’ai appris il y a une semaine que ma collège AP gagne 30 euros de moins que moi…je suis révoltée et dégoutée ! J’ai appris aussi que les non diplômées avaient négocié leur salaire a l’embauche et gagnaient presque autant qu’une AP ! J’ai décidé de demander une augmentation au cours d’un entretien au siège, mais je ne suis pas dupe, je suis certaine qu’ils me diront d’aller voir ailleurs si je veux gagner plus… »
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A l’appui de tous ces témoignages collectés sur le Forum Le Social, à la suite de mes rencontres avec des salariées de la Crèche LPCR de la région parisienne, c’est à se demander où l’on va et si on n’est pas tombé sur la tête… A croire que les enfants ne sont considérés que comme des contrats, puisqu’ils rapportent de l’argent !

Que faudrait-il faire ? Il faudrait que les conditions de travail de ces professionnelles soient améliorées, que les promesses inscrites sur le site de la crèche LPCR soient tenues ! Les réunions, servent-elles à quelque chose ? On en doute, à voir les témoignages…

Malheureusement, que ce soit dans les crèches LPCR, que ce soit dans d’autres crèches, il est regrettable que les métiers de la petite enfance ne soient pas assez valorisés et reconnus ! Est-il normal que les auxiliaires de crèches, que les éducatrices de jeunes enfants (EJE)…, ne soient pas assez payées, alors qu’elles ont la responsabilité du bien être des enfants dont elles s’occupent, tant sur leur développement psychologique, psychique, moral, que physique ? Non ! Ca ne l’est pas… Mais, quelles solutions adopter lorsqu’on sait que les parents paient 400 € par mois et par enfant, le tarif étant le même que celui des crèches municipales ?

 

Il serait temps que le Gouvernement fasse quelque chose, ne serait-ce qu’en faisant tout pour améliorer les conditions de travail des professionnelles de la petite enfance !

 

En effet, une grande majorité de professionnelles de la petite enfance ne semblent pas s’épanouir dans leur travail. Elles ont la nette impression de faire de la garderie dans une ambiance très stressante. Leur travail s’assimile à du travail à la chaîne.

L’enfant ne peut donc pas être serein lui aussi, et, n’est donc pas respecté comme un être humain.

Le projet pédagogique fondé sur l’éveil et le bien-être de l’enfant n’est, par conséquent, pas appliqué !

Et pourtant, Françoise Dolto, ne disait-elle pas : « Un enfant est une personne » et que « l’adulte doit le respecter comme tel » ?

 




[4] Créée en 2000, la crèche LPCR, qui déclare être « acteur des références privées », possède 124 établissements établis sur toute la France… En six ans, 65000 familles ont été accueillies dans ces crèches  LPCR… 1700 professionnels y travaillent. LPCR est en partenariat avec plus de 300 administrations et entreprises.

[5] Achat de mobilier ou autre, réparations diverses…

[7] Nous pouvons lui assurer que NON !

 

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Les images, la première étant le logo de LPCR, sont tirées du site de l’entreprise http://www.lpcr.fr/LPCR.cml