Vendredi 17 septembre 2010, retenez bien cette date. C’est celle du premier mariage de l’histoire de la télé réalité en France qui a eu lieu en direct à la télévision dans Secret Story sur TF1 devant des millions de téléspectateurs.

Les acteurs privilégiés ou victimes (qui sait ?) de cette mise en scène télévisée grotesque sont Amélie, la Belge sortie tout droit d’une poissonnerie qui crie plus qu’elle ne parle. De l’autre côté, nous avons Senna l’apollon de Secret story métisse calme venant également du plat pays.

 Pauvres téléspectateurs que nous sommes, nous nous laissons entrainer devant ce show à l’américaine juste pour voir comment TF1 et ENDEMOL (la société productrice du jeu) vont aller pour nous montrer le mariage dans le cadre d’une télé réalité. Nous aurions pu penser à une farce montée de toutes pièces entretenant ainsi l’éventuelle rumeur durant toute la semaine avant le jour J afin d’attirer plus de téléspectateurs devant le sacro-saint poste de télévision.

Hélas, il n’en est rien de tout ça. Le mariage a bel et bien eu lieu aux heures de grandes écoutes depuis le loft préfabriqué de la Plaine Saint-Denis. Dans le rôle du prêtre, je demande Laurent (véritable prêtre Anglican) un ancien candidat de l’édition 2008 de Secret Story posté dans le jardin aménagé pour l’occasion en église ouverte avec des fleurs comme on le ferait aux Etats-Unis.

Aux cotés de l’autel, les soi-disant amis habillés bon chic bon genre qui ne sont autres que les candidats concurrents des futurs mariés et qui jouent les figurants en attendant que l’un d’entre décroche le chèque tant convoité des 150 000€ à la fin du jeu le 15 octobre. Au dessus du jardin sur des tribunes suspendues, les familles des deux protagonistes assistent en apparence content et détendues au mariage de leurs progénitures sans pouvoir les approcher, les toucher et les féliciter. On croirait qu’ils les observent comme dans une arène où ils assistent à un spectacle. N’oublions pas que nous sommes dans un jeu télévisé où le principal objectif est de faire de l’audience tout en piétinant la concurrence. Pour cela, rien ne vaut mieux que de choquer avec des mascarades comme celle à laquelle nous venons d’assister vendredi soir. Cela fait partie des codes de la télé réalité mais le téléspectateur n’est pas dupe. Il a préféré regarder au même moment la série NCIS sur M6 qui a été leader des audiences avec 3,68 millions de téléspectateurs contre 3,4 millions pour Secret Story sur TF1. Qu’à cela ne tienne, il faut arrêter de se moquer profondément des téléspectateurs. Mais pour TF1, tout cela n’est pas très grave car de leur côté ils ont atteint un record d’audience sur la saison 2010 de leur jeu estival. Cela leur suffit à remplir les caisses de la première chaine d’Europe grâce aux recettes publicitaires engendrées lors des coupures pub pendant le prime time. Sur ce créneau horaire, les tarifs à la minute sont doublés voir même triplés. Pour terminer sur ce papier, notre maître de cérémonie Benjamin Castaldi était pour l’occasion vêtu d’une redingote, d’un costume avec une cravate blanche et d’un chapeau bien ridicule depuis le plateau. Mais bon comme on dirait « Le ridicule ne tue pas ».

La question principale est « Ce mariage serait il réel ? Les familles seraient elles les vraies ou serait ce des comédiens engagés pour le show ? » En poussant loin la réflexion, on pourrait se poser la question.

Depuis l’arrivée de la télé réalité en France en 2001, nous avons assistés dans Loft Story aux ébats amoureux de Loana et Jean-Edouard dans une piscine devant la France entière, à la formation d’un véritable couple Julie et Christophe aujourd’hui mariés avec des enfants et à l’arrivée du premier bébé de la télé réalité de la chanteuse Jennifer « Lauréate de la première édition de la Star Academy une autre réal TV.

Aujourd’hui, nous assistons à un mariage à la télévision. Qu’est ce que ça va être demain ? La conception d’un enfant dans un lit conjugal ou un divorce ? Jusqu’où va aller la télé pour gonfler ses audiences ? Nous assisterons peut être ou peut être pas à ça dans notre prochaine décennie.