Quel grand malheur que la pluie. Cette horrible matière humide qui nous tombe dessus sans prévenir, arrachant à nos gorges enflammées d’horribles cris de surprises ! A la moindre goutte d’eau, les pensées fusent en masse dans nos esprit asséchés : qu’est ce qui pourrait craindre la pluie ? mon portable, mon i-phone, ma montre , mon brushing (le plus important), mes habits ? Et vite, c’est la course à l’abri (pas forcément de bus, vous me suivez), à l’achat compulsif de parapluie, à la voiture.
Et là, c’est la fin de notre bonne humeur.
La journée est fichue, tout ce qu’on a prévu tombe … (non ce serait trop facile) … par terre, comme votre sac à main, au dernier moment avant de monter dans la voiture.
Et c’est quand votre moyen de transport est garé, que vous découvrez en sortant que la perfidie de la pluie est pire que tout. Elle ne s’arrête pas en l’air, cette maligne, mais elle s’insinue également dans vos chaussures, quand les produits chimiques soit disant étanches les recouvrant ont révélé leur vrais natures – de simples polluants non analysable – et qu’ils vous ont lâchement abandonnés. Et si tout semble aller bien, l’eau s’en va recouvrir un mini nid de poule qui saura ravir vos bas de pantalons.
La pluie est une plaie, mais ça, c’est parce que vous l’avez décidez ainsi.
Moi j’aime bien la pluie. En tant que cycliste assidu, pas question de la renier. S’il pleuviote, je peux être sûr d’arriver trempé à destination. Et alors ? C’est sain la pluie qui dégouline le long de vos manches ! C’est agréable de ressentir l’humidité vous imprégner progressivement, jusqu’à vous baigner des pieds à la tête, c’est beau de voir tomber l’eau sur ses cheveux !
Et les flaques, vous ne les avez jamais observées ? Celles, plus tristes, qui stagnent à cause de l’étanchéité du sol, les autres, ahuries, qui se glissent le long des trottoirs pour filer vers la mer !
Et le son ravissant des gouttes d’eau qui tombent sur les toits, s’écoulent dans les gouttières et rejoignent (avec beaucoup d’imagination) nos nappes phréatiques (immaculées de tous polluants bien sûr) ?
Et l’odeur, magnifique odeur !, de l’eau fraîchement tombée qui vient napper nos narine de sa flagrance immuable !
On en vient à oublier tous ses malheurs et à s’imaginer courant nu sous les averses (c’est le principe de la douche !), s’imprégnant de tout ses sens de la beauté pluviale !
Allez, je suis sûr que vos instincts animaux refoulés trouvent écho dans ces paroles…
Sur ce, la pluie tombe, si vous croisez un homme ébahi courant dénudé sous les flaques et poursuivi par l’Autorité, pensez à moi ! Au plaisir de vous y retrouver !
Ouf, il était temps, j’ai enfin trouvé mon semblable, mon frère …quelqu’un de farfelu comme moi qui ose dire tout haut « J’aime la pluie, je hais le soleil , la pluie c’est la vie, le soleil déssèche et apporte la mort … »
Et bien au moins cher Roger on est deux aujourd’hui et je vais me sentis moins seule lorsque je m’aviserai( bêtement, il faut l’avouer) de plomber les échanges des bien pensants louant les bienfaits du « beau temps »..
Comme disait Brassens qui nous a ouvert la voie : » Le beau temps me dégoûte et m’ fait grincer les dents »…
Tout çà pour vous dire que je me suis régalée à lire ce charmant billet , pour lequel je vous dis Bravo et grand merci …
ouiiiiiiiiiiiiiiiiiii !! vive l’eau qui nous rend propre et beau !!!
un homme courant sous la pluie ? c’est Sacha Distel….. 😉 😀 ;D [i] »Toute la pluie tombe sur moi…. »[/i]
Moi j’aime les grosses flaques le long de la rue…. quand il n’y a pas de piéton sur le trottoir… mais quel bonheur de rouler dedans et de voir les milliards de gouttes gicler sous les roues…. un pur bonheur…
pour me faire pardonner une faute de frappe idiote ( sentis au lieu de sentir..) un petit plaisir pour vous
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J’aimais la pluie quand j’étais jeune et lorsque j’ai entendu tomber la première pluie à Dakar après
6 mois…… aucune verdure que de la sécheresse . En pleine nuit je suis sortie pour que cette pluie bienfaitrice me tombe sur le corps.
Merci MUM de votre belle référence à ce grand poète qu’est Brassens, je suis content de vous avoir conquise et accepte volontiers ce lien de parenté que vous me proposez…
Eclabousseuse, River ? Je ne l’aurais pas cru ! Mais oui c’est beau de voir l’eau fuser de toutes parts ! Merci de compléter mon petit article..
eleina, ravi d’avoir pu vous rappeller un tel souvenir qui semble si bon.
Merci à tous ! 😉
Roger S
Je l’avais mis sur mon blog, mais je suppose que ce texte plaira à ces dames:
[i]La pluie, dans la cour où je la regarde tomber, descend à des allures très diverses. Au centre c’est un fin rideau (ou réseau) discontinu, une chute implacable mais relativement lente de gouttes probablement assez légères, une précipitation sempiternelle sans vigueur, une fraction intense du météore pur. A peu de distance des murs de droite et de gauche tombent avec plus de bruit des gouttes plus lourdes, individuées. Ici elles semblent de la grosseur d’un grain de blé, là d’un pois, ailleurs presque d’une bille. Sur des tringles, sur les accoudoirs de la fenêtre la pluie court horizontalement tandis que sur la face inférieure des mêmes obstacles elle se suspend en berlingots convexes. Selon la surface entière d’un petit toit de zinc que le regard surplombe elle ruisselle en nappe très mince, moirée à cause de courants très variés par les imperceptibles ondulations et bosses de la couverture. De la gouttière attenante où elle coule avec la contention d’un ruisseau creux sans grande pente, elle choit tout à coup en un filet parfaitement vertical, assez grossièrement tressé, jusqu’au sol où elle se brise et rejaillit en aiguillettes brillantes.
Chacune de ses formes a une allure particulière: il y répond un bruit particulier. Le tout vit avec intensité comme un mécanisme compliqué, aussi précis que hasardeux, comme une horlogerie dont le ressort est la pesanteur d’une masse donnée de vapeur en précipitation.
La sonnerie au sol des filets verticaux, le glou-glou des gouttières, les minuscules coups de gong se multiplient et résonnent à la fois en un concert sans monotonie, non sans délicatesse.
Lorsque le ressort s’est détendu, certains rouages quelque temps continuent à fonctionner, de plus en plus ralentis, puis toute la machinerie s’arrête. Alors si le soleil reparaît tout s’efface bientôt, le brillant appareil s’évapore : il a plu.
Ponge, Le Parti pris des choses, 1942.[/i]
Tu devrais faire de la pub pour ton blog, allez y, mesdames et monsieur, il est génial !
Un petit mail à river et elle sera ravi de vous montrer le chemin ! 😀