Selon Der Spiegel, qui a bénéficié d’une fuite d’un document officiel, le FESF (Fonds européen de stabilisation financière) pourrait financer l’Espagne jusqu’en 2028.
L’Union européenne (enfin, surtout la zone euro, et surtout les pays solvables et pouvant emprunter à des taux convenables), restera au chevet de l’Espagne jusqu’en 2028. C’est ce qu’il ressort de la consultation d’un document officiel confidentiel que s’est procuré Der Spiegel. Certes, il ne s’agit que d’une proposition, qui stipule aussi que 30 milliards d’euros seront prêtés au secteur bancaire et financier espagnol fin juillet mais qu’au total, c’est cent milliards qui seront nécessaires pour l’empêcher de sombrer.
Cela n’ira pas sans garanties. Le gouvernement finlandais n’abondera le fonds que si le gouvernement espagnol lui donne des garanties que la Finlande sera remboursée.
Certes, l’Espagne a fait savoir que sur les cent milliards, 62 « seulement » suffiront pour recapitaliser ses banques. La différence constituant des « réserves de sécurité ».
Les chômeurs plutôt que les banksters
La « bise », pour ne pas dire la tempête, de l’austérité balaie toute l’Espagne et ses régions autonomes. Outre les hausses de la TVA de deux à trois points (hors produits de toute première nécessité), de nouvelles taxes sur l’énergie vont s’appliquer. Services publics et consommateurs règleront le déficit énergétique de 25 milliards d’euros.
La fonction publique est appelée à se serrer la ceinture et la chasse aux fraudes sur les diverses aides accentuée.
Les chômeurs qui quitteraient le pays temporairement (pour, par exemple, les vendanges en France) ne seraient plus indemnisés. Cela vaudra sans doute aussi pour les petits employés des banques licenciés, car il faudra bien fermer des agences et des points de vente de produits financiers.
Prolifération bancaire
Les banques ont poussé les consommateurs des pays les plus fragiles à emprunter massivement. En Grèce, une politique commerciale très agressive à conduit certains à détenir jusqu’à cinq cartes de crédit. En Espagne, ce sont les collectivités territoriales qui ont été sollicitées pour faire gonfler l’offre de logements neufs : les banques se sont alliées aux promoteurs pour obtenir des permis de construire, faire viabiliser aux frais des contribuables des lotissements, et prêter démesurément. En Roumanie où, souvent, l’un des parents, si ce n’est les deux, doivent travailler à l’étranger, laissant leurs enfants à des proches afin de pouvoir rembourser des emprunts, toutes les banques européennes ont ouvert des agences, parfois les unes à côté des autres tout au long de certaines rues.
Selon un sondage de Pew Research portant sur 26 000 personnes dans 21 pays, seuls les Chinois, les Brésiliens, les Allemands et les Turcs sont confiants pour les perspectives économiques de leur pays. Dans onze pays sur 21, plus de la moitié des répondants considèrent que le libéralisme et le capitalisme peuvent assurer un accroissement du bien-être général ou de leurs revenus.
Pour les pays les plus touchés, comme la Grèce, l’austérité ne semble pas avoir de fin prévisible. Selon un autre rapport confidentiel, la Grèce n’aurait appliqué que 90 mesures d’austérité sur les 300 préconisées par la « troïka ». La Grèce songe à présent à diminuer de moitié les salaires du clergé (10 368 personnes rémunérées par l’État), à faire passer le service militaire de neuf mois à un an, à faire payer les redoublants des universités, &c.
Perte de confiance générale
Évidemment, l’euroscepticisme gagne du terrain un peu partout, mais le plus contraignant reste le poids des mesures de l’OMC (l’organisation mondiale du commerce) qui empêche de subventionner les industries nationales ou de taxer plus lourdement les importations.
La confiance dans la finance a aussi dramatiquement chuté. Elle n’est restaurée qu’en Islande où un poste de procureur général a été créé. Il supervise les enquêtes de près de cent fonctionnaires qui ont désormais accès à tout document interne des banques, ou de leurs filiales étrangères. Deux anciens dirigeants de la banque Byr ont été condamnés à 53 mois d’emprisonnement et l’ancien président de la Bauphting devra rembourser 3,2 millions d’euros. La mission se poursuivra jusqu’en 2015.
En Espagne, comme un peu partout, les banksters ont camouflé l’état réel de leurs avoirs ou créances. Avec souvent, comme ailleurs, la complicité de ceux censés les réguler.
En Irlande, le gouvernement a épongé les dettes des banques nationales, pour l’Espagne, ce sera fait progressivement jusqu’en… 2028. Ce n’est plus la Banque centrale espagnole qui supervise les banques, mais le ministère des Finances (enfin, jusqu’à nouvel ordre de la troïka). Mais point de sanctions. Les banques vont être autorisées à créer des sociétés de gestion d’actifs (SGA) qui seront en fait des « banques sales » (qui regrouperont notamment les actifs immobiliers douteux).
Kap, le caricaturiste d’El Pais, campe des banquiers les poches pleines de billets contemplant un coffre vide avec cette légende : « on ne sait ce qui se passe, mais voici quelques années, le coffre était plein. ». Fatalité ?
Dogme intangible ?
Pour Enrique Gil Calvo, qui signe l’article ainsi illustré, le sauvetage des banques espagnoles ne signifie pas que le pays se retrouve tout juste au bord du précipice, et voit le bout du tunnel, mais qu’il est « dans l’œil du cyclone ». Mais, estime-t-il, toute autre alternative aurait conduit au pire.
En réalité, l’État emprunte, prête aux banques qui sont censées prêter aux entreprises viables en difficulté ou pouvant envisager d’investir. Pourquoi donc passer par ces intermédiaires prélevant leur dû au passage ? Tout simplement parce que le dogme libéral veut que les États soient des incapables, ne comprenant rien à la finance, et que seuls les politiciens soient corrompus, que l’intervention des États fausserait la libre concurrence.
C’est en partie vrai dans la mesure où cela s’est parfois vérifié, en de plus larges ou plus étroites proportions. Imposer qu’aucun fonctionnaire ne puisse jamais, directement ou indirectement, être rétribué par le secteur financier serait un premier pas pour contrer la corruption. Un autre serait de sanctionner, non les banques (toute amende finit par être payée par les déposants), mais les banquiers. Pour le moment, aucun pays, hors l’Islande, n’en prend la voie.
C’est de plus en plus hallucinant . L’Europe si soucieuse de la libre circulation des entreprises et des capitaux est visiblement moins regardante sur celle des hommes , qui sont traités comme des animaux .
En France , ils vont faire la même chose pour les chomeurs et les retraites en 2013 , je suppose puisque en général les mêmes causes provoquent les mêmes effets .
Et l’Espagnol dont les enfants travaillent dans un autre pays Européen , n’aura plus le droit non plus de leur rendre visite, cas assez fréquent en ce moment .
En 34 on a commencé à voir arriver les mêmes grands principes . Différences de traitement (Angleterre Espagne) .. interdiction de circuler .. mais là çà va aller beaucoup plus vite .
L’Etat de « sidération cognitive collective » qui consiste pour une communauté d’individus, toutes intelligences confondues à s’enfermer dans un schéma de pensée et de raisonnement, malgré des signes objectifs évidents d’absurdité vu de l’extérieur parce que cette sidération s’accompagne d’une occultation complète de toute information non compatible avec la pensée admise et une réinterprétation des faits systématiquement dans le renforcement de la dite pensée, s’étend de manière gravissime .
On peut rajouter çà aussi !!!
En plus de ce qui existait déjà !!!: L’Espagne traque les chômeurs marocains
http://www.lesechos.ma/index.php?option=com_content&view=article&id=23661:lespagne-traque-les-chomeurs-marocains&catid=11:maroc
Travailleurs marocains bénéficiaires des allocations de chômage, gare aux absences répétitives de la Péninsule! Selon plusieurs associations de défense des droits des immigrants, le bureau du travail espagnol, le tristement célèbre INEM, organisme en charge de verser les allocations de chômage, mène depuis six mois une campagne, sans répit, pour traquer les bénéficiaires qui désertent le territoire espagnol. Les immigrés sont les premiers concernés par cette chasse menée par les inspecteurs du service espagnol pour l’emploi. À travers des appels téléphoniques, le service convie les bénéficiaires à se présenter à ses locaux, sous peine de les priver de la prestation dans le cas où l’intéressé manque son rendez-vous. Le service procède à la vérification des tampons d’entrée et de sortie sur le document du voyage du concerné pour vérifier la durée de son absence du sol espagnol. En cas d’infraction, le «déserteur» est sommé de rembourser la totalité des allocations perçues depuis son inscription au service et la perte de son droit. Certes, la loi interdit à toute personne touchant ces indemnités de quitter le territoire pour une durée supérieure à 15 jours, avec la condition d’informer le bureau de l’emploi de ce déplacement, mais aucune communication n’a été faite au préalable pour prévenir les concernés.
Bien d’accord avec votre analyse !