Ce n’est bien sûr pas à prendre au pied de la lettre, d’autant que, le 19 juillet, c’est à lever le nez que la Nasa invite le monde entier à une « saturnale » consistant à observer de conserve Saturne, qui se trouvera à 1,44 milliards de kilomètres de la terre (dix fois la distance Terre-Soleil). Mais cela représente quand même un « débordement » (d’observations) mondial. Vendredi 19, vers 23 heures 27 (locales, temps d’Europe centrale CEST), Saturne devrait pouvoir être localisé, sauf temps d’orage, au sud-ouest de Paris et de diverses capitales européennes.

Les Saturnalia romaines célébraient le dieu Saturne à l’approche du solstice d’hiver, et non point en plein été, à l’occasion de fêtes mêlant citoyennes, citoyens de toutes conditions et même esclaves. Caligula étendra ces fêtes jusqu’à cinq jours de débauches alimentaires et autres.
Ce n’est pas tout à fait ce à quoi incite le projet Cassini de la Nasa, lequel consiste plus généralement à scruter Saturne, mais qui, le 19 juillet prochain, photographiera notre planète pendant une quinzaine de minutes à partir de 21:27 UTC.  La Nasa invite donc toutes les habitantes et habitants de notre planète à mettre le nez dehors, lever les bras au ciel, et se faire taper la plaque depuis… 1,44 (à la louche) milliards de kilomètres.

Pour cette opération Wave at Saturn, la Nasa a commencé à diffuser des photos indiquant la position de Saturne cette nuit-là au-dessus des principales villes et capitales mondiales. Pour le moment, dans notre « voisinage », ne figurent encore que Londres et Casablanca. Mais Paris, Bruxelles, Genève… devraient suivre avant la fin du compte à rebours. Ce sera la troisième fois (après Voyager, en 1990, et Cassini, en 2006 et 2012) que la Terre sera ainsi prise en photo dans des conditions optimales. L’idée n’est pas tant que photographier la Terre que les anneaux de Saturne, mais la Nasa, l’Esa européenne et l’agence spatiale italienne (Asi) invitent à se mobiliser.

À l’heure dite, en Afrique du nord et en Europe, Saturne se trouvera juste sous la partie occidentale de la constellation de la Vierge (ou loin à l’est de l’extrémité nord de celle du Scorpion).  Enfin, à ce que j’ai pu comprendre, car je suis nullissime en astronomie.

Le projet s’est donc livré à des simulations infographiques, et pour le moment, qui connaît Casablanca ou Londres comprendra vers où pointer le nez. Les autres photos déjà disponibles sont visibles.

Peu après midi, ce jour, Cassini devait se trouver à quelques 1,5793 milliard de kilomètres de la Terre (enfin, si j’ai bien décrypté la légende de l’image, c’est sans garantie d’exactitude). Autant dire qu’il se rapproche vite afin de se retrouver à quelques cent millions de kilomètre plus bas, le 19.

Le projet est aussi « titanesque » puisque le but est de scruter Titan, l’une des lunes de Saturne, et son atmosphère.

Bref, si, dans la nuit du 19, vous voyez des gens autour de vous pointer le doigt vers le ciel, ne cherchez pas à apercevoir un ovni, ce n’est « que » Saturne qu’ils observent. Et commentez sobrement à qui vous interroge « oh, Cassini nous regarde ». Inutile de lui adresser un « ouistiti-sexe » (pour faire jouer vos zygomatiques et sourire pour la photo), cela ne déclenchera pas une gigantesque saturnale…