Réalisateur : Justin Kurzel
Date de sortie : 21 décembre 2016
Pays : USA et France
Genre : Action, SF
Durée : 116 minutes
Budget : 125 millions de dollars
Casting : Michael Fassbender (Callum Lynch/Aguillar), Marion Cotillard (Sophia Rikkin), Jeremy Irons (Alan Rikkin), Brendan Gleeson (Joseph Lynch)
Callum Lynch est homme perdu, désœuvré, vivant de larcins, allant même jusqu’à commettre la faute de trop : tuer un homme. Il faut dire que Callum n’a pas eu un enfance facile, découvrant sa mère morte, son père étant le coupable tout désigné et une étrange organisation derrière tout cela, le forçant à vivre dans la clandestinité. Callum est donc condamné à mort par injection. En réalité il s’agit d’une supercherie organisée par Abstergo, une société secrète, afin de mettre la main sur lui. En effet, Callum serait le descendant d’Aguilar, un Assassin de l’Espagne inquisitrice de la fin du XVème siècle, et par l’utilisation d’une étrange machine appelée Animus, le plus à même à revivre son passé. Une avancée fondamentale pour pouvoir mettre la main sur un artefact millénaire sur puissant nommé : la Pomme d’Eden.
Troisième réalisation pour Justin Kurzel après Les crimes de Snowtown et Mac Beth. Deuxième collaboration avec le duo Fassbender-Cotillard, Assassin’s Creed est l’adaptation de la série éponyme vendue à des millions d’exemplaires tous épisodes et tous supports confondus. Originalité toutefois concernant le scénario car les aventures d’Aguilar n’ont jamais fait l’objet d’un jeu vidéo. Une bonne chose car cela offre des libertés à Justin Kurzel qui, même s’il respecte de nombreux aspects (les lames rétractables dans les manches, les costumes d’une grande finesse ou encore la symbolique de l’aigle dominant les airs), ose des différences de taille (l’Animus devenant une sorte de grosse pince qui agit selon les mouvements de Callum, le saut de la Foi, la disparition de la Pomme d’Eden lors de l’Inquisition or elle est mentionnée à des époques ultérieures).
Tout comme dans le jeu la petite histoire belliqueuse des Assassins et des Templiers, recoupe la Grande Histoire avec un H majuscule. Elle offre par la même occasion une nouvelle vision fantasmée d’événements historiques réels. L’Espagne de la Reconquista n’est pas seulement le terrain de jeu de catholiques illuminés voulant occire du musulmans envahissants mais celui des Assassins soutenant les armées arabes contre les Templiers œuvrant dans l’ombre de la Sainte Inquisition. Nous retrouvons alors des personnages ayant véritablement existé dans ce pays à feu et à sang où la religion permettait les pires exactions à l’image de Torquemada, le moine devenu Inquisiteur Général d’Espagne haranguant la foule lors de procès arbitraires ou Isabelle de Castille. Nous pouvons d’ailleurs saluer le fait que les scènes se passant en Espagne sont en espagnol pour accentuer le réalisme au lieu de les faire en anglais, ce qui aurait été ridicule. Une bonne idée dans une multitude de défauts. Tout d’abord un scénario simple mais qui se paie le luxe de s’inventer des complexités et des longueurs inintéressantes. Par exemple, les tentatives multiples pour que Callum soit synchronisé à 100% avec son illustre ancêtre, le fait de passer sans cesse de la simulation à la réalité lors des scènes d’action, ce qui casse l’immersion et les visions dont souffre Callum, nombreuses et inutiles. [spoiler] A la fin, on se croirait même dans Star Wars après la bataille des ewoks, quand Fassbender aperçoit les spectres de ses aïeux qui lui sourit, un moment complètement niais baigné dans une béatitude crétine.
Malgré un casting de haute volée, jugez plutôt : Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jeremy Iron, Charlotte Rampling, Brendan Gleeson ou encore Denis Ménochet, tout le monde ne brille pas. Parmi ceux qui sont convaincants, il y a Michael Fassbender, son interprétation ultra-physique est parfaite, il saute, il court, se bat, fait des voltiges, parade le torse nu, montrant sa tablette de chocolat à qui veut la voir et pour couronner le tout, il a la tête de l’emploi. Jeremy Iron est le méchant classique, pas trop original, classieux et sophistiqué comme pourrait être le némésis d’un James Bond. Charlotte Rampling, Denis Ménochet et Brendan Gleeson sont trop peu présents pour s’en faire vraiment une idée. Par contre, gros carton rouge et expulsion directe pour Marion Cotillard, son jeu est creux, fade, stoïque, le visage figé, aucune expression ne se dégage d’elle, juste une impression de gâchis de casting. Si personne d’autre ne pouvait incarner Callum, pour le Dr.Sophie Rikkin, une multitude d’actrices aurait été plus apte que Cotillard.
Assassin’s Creed n’est assurément pas la meilleure adaptation d’un jeu video. Ce phénomène est d’ailleurs un cimetière de médiocrités, mais il réside dans la moyenne haute du genre. Il a des faiblesses mais également des qualités dont la principale est son ambiance visuelle. Les combats, les courses de parkour et les poursuites dans les rues ou dans le désert sont parfaitement chorégraphiées. Les affrontements sont puissants, violents et percutants. L’univers semble plus vrai que nature, nous avons l’impression d’être plongé dans cette furieuse fin de XVème siècle qui sent la sueur, le sang, le sable et la poudre de canon, tout comme nous pouvons ressentir la froideur et le gigantisme des couloirs du laboratoire Abstergo. De plus les lumières naturelles apportent une certaine authenticité. Au final nous ressortons de là diverti mais sans réelle envie d’y retourner pour une hypothétique suite.