Armada 2013, Le Belem !

Comme je vous en informais dans un précédent article, l’Armada 2013 a débuté sur les quais de Rouen. Une merveille occasion de découvrir des bateaux venus de onze destinations ! Tous plus beaux les uns des autres, je dois tout de même avouer avoir quelques préférences…

Quarante-cinq bateaux ont jeté l’encre à Rouen. Parmi lesquels mon favoris, "Le Belem".

Il s’agit d’un trois mâts de cinquante-huit mètres. Classé monument historique en 1984. Le Belem vu le jour à l’initiative de Frenand Crouan, un armateur de Nantes. Il souhaitait un trois mâts barque disposant d’une coque d’acier. Ayant un comptoir commercial dans le port de Belem au Brésil, Fernand Crouan décida de baptiser son bateau du nom de ce port. La principale mission du Belem était de transporter des marchandises, plus particulièrement du cacao pour le compte de Monsieur Menier, un célèbre chocolatier. Un bateau petit, ayant une capacité de stockage de marchandise de 675 tonnes, il était aussi rapide que robuste, un atout non négligeable afin d’honorer au plus vite les commandes. 

La réalisation du trois mâts fut confiée à Monsieur Dubigeon, et les travaux débutèrent le 10 juin 1896. En moins de six mois Le Belem voyait le jour. Lors de sa première sortie en mer, il arborait fièrement l’emblème de la maison Crouan, un pavillon rouge à étoile blanche. L’équipage était composé de treize hommes. 

En mars 1914, Le Belem fut vendu à un britannique, le Duc de Westminster. Il entreprit de lourds travaux de réaménagement afin de le transformer en bateau de plaisance de luxe pouvant accueillir quarante personnes. Néanmoins, lorsque le brasseur anglo-irlandais Sir Arthur Ernest Guinness monta à son bord la première fois, il fut si séduit qu’il mit tout en oeuvre pour en faire l’acquisition. Il en devint propriétaire en 1921 et le baptisa Fantôme II. Entre le brasseur et le trois mâts, une véritable histoire d’amour débuta. Ils partirent à la conquête des mers et océans du monde entier jusqu’en 1939 où Fantôme II allait rester douze ans au port de l’île de Wight du fait de la Seconde Guerre Mondiale. 

Dès lors que Fantôme II fut bombardé et pour partie détruit, le bateau resta à quai dans l’indifférence totale jusqu’en 1951. Cette année, le trois mâts fut acheté par un italien, le Comte Vittorio Cini qui en fit un bateau école baptisé Gorgio Cini pouvant accueillir jusqu’à soixante apprentis marins. Il subit de profonde modifications.

En 1965, jugé trop vieux pour continuer, le Gorgio Cini fut cédé pour une lire symbolique au corps des carabiniers. Ils souhaitaient le restaurer, mais le cout des travaux étant trop élevé, ils le donnèrent aux chantiers navals de Venise en 1976. Restauré dans son état d’origine, le trois mâts devait être vendu au plus offrant. Néanmoins, un français, le Docteur Luc Gosse, touché par l’histoire du bateau et souhaitant qu’il regagne le patrimoine français mit tout en oeuvre pour le racheter. En partenariat avec les Caisses d’Epargne de France, le Belem fut acheté et remorqué jusqu’à Toulon avant de rejoindre son port d’attache de Brest. Depuis, il fut restauré et devint un bateau école.

Voilà toute l’histoire de ce merveilleux trois mâts. Un navire de 117 ans qui a fait le tour du monde, changé de nationalité à plusieurs reprises avant de devenir le fleuron de la marine française. Lors de ma visite à Rouen, le Belem sera le premier bateau sur lequel je monterai !