Après les scandales des casseurs, les adultes doivent se remettre en cause!

Hier un article sur un forum déclamant le manque de raison des adolescents m’a exaspéré. Selon le commentaire, l’adolescent n’est en aucun cas autorisé à manifester leur désaccord car ils ne sont ni majeurs ni susceptibles de comprendre le moins du monde la politique. Je fais le lien avec l’article de notre collègue C4Nienne paru récemment.

  Je ne suis pas forcément pour ces manifestations de lycéens contre la réforme des retraites, que ce soit aujourd’hui ou plus tard contre autre chose.

Certes à l’adolescence comme dit on peut le lire dans diverses littératures de psychologues et de psychiatres, ils sont dans une phase de conflit psychique, une période de recherche. Il est vrai aussi que la majeure partie des adolescents ne manifeste aucun but précis de carrière, cela ne veut pas dire qu’il n’en a pas. Car pour cela, le monde des "adultes" ne récolte que ce qu’il a semé.

Cependant il faut arrêter de penser que les lycéens et adolescents sont forcément immatures sur tout y compris sur ce qui concerne sur leur avenir tel que la retraite.

Est-ce parce que à 16 ans on n’a pas son permis, on n’envisage pas ce qu’on aura comme voiture?

Attention les lycéens ados ne sont pas tous forcément au point avec tous les articles d’une loi, mais même sans but définit pour leur métier, ils ne sont pas immatures au point de ne pas avoir compris qu’ils vont devoir trimer de plus en plus pour avoir de moins en moins.

En gros si dans une réforme saugrenue le gouvernement annonçait "L’âge de la retraite est poussé à 120 ans"; l’ado ne comprendrait-il pas qu’une fois sorti des études il n’aura jamais de retraite?

N’a t’il pas droit de manifester son désaccord contre une loi qui va les frapper de plein fouet ?

N’a t’il pas droit de manifester son désaccord contre une loi pondue par des dirigeants qui ont été "élus" par des adultes censés être plus matures pour avoir choisi des dirigeants soi-disant responsables?

Idem si dans 20 ans, le gouvernement annonçait aux lycéens une loi absurde qui supprime tout les congés scolaires dans leur intérêt qu’il faut intégrer toujours plus de connaissances et entrer au même âge moyen sur le marché du travail.

L’adolescent qui construit le raisonnement logique, idéologique, éthique et j’en passe doit-il donc aussi prendre les claques sous l’argument "Tais toi tu es adolescent!" alors que le lendemain il aura 18 ans  et on lui dira "bouge toi t’es adulte maintenant!" ?

Désolé mais son altesse Sarkozy a su lors de sa campagne présidentielle et n’a pas hésité à faire appel à la jeunesse y compris les lycéens pour se dorer une belle image. Quand ça l’arrange il sait dire que les jeunes représentent l’avenir de la France. Il n’a rien dit quand certain lycéen étaient dans les défilés et meeting politiques

Tous les politiciens sans exception savent aller dans les lycées, les collèges en période d’élection pour parler avec les jeunes et présenter des aspects de leurs idées politiques.

Ce n’est pas par hasard que les politiques savent dire que les lycéens n’ont pas la "conscience nécessaire" pour envisager l’avenir et les enjeux économiques ou politiques etc. que leur place est en cours et non dans la rue. Ils savent pertinemment que lorsque ces jeunes se mobilisent, ils deviennent plus mobilisateurs et dangereux qu’un simple défilé de syndiqués ou un sitting à faire griller des saucisses.

Cela commence à dater, mais Daniel Balavoine avait déjà mis en garde Mitterrand !

{youtube}MbDlh28MLFM{/youtube}

Mais ce débat en découle un autre d’importance, à savoir la place et les représentations de l’adolescent dans la société. En politique ou en général :

  • Contre une loi qui concerne tout le monde à plus ou moins long terme, qu’est ce qui rend plus légitime à un adulte de manifester dans la rue qu’à un lycéen susceptible de travailler dans les deux à trois ans à venir ?

  • La société n’utilise t’elle pas la condition des adolescents en bien ou mal, selon la situation du moment de telle sorte à ce qu’elle favorise une idée ?

  • La société ne visualise t’elle pas les adolescents comme des instruments politiques ?

  • L’adolescent aujourd’hui est-il systématiquement considéré comme immature jusqu’à 18 ans, âge auquel il lui est collé le fardeau de la majorité où on lui demande une maturité sans faille ?

  • Qu’appelle t-on exactement « maturité » qui donnerait droit aux adolescents de se mobiliser pour ou contre une idée ?

  • Si les jeunes (donc les adolescents principalement) sont l’avenir de demain, pourquoi la société les empêche t-elle de s’exprimer ou du moins ne tient pas compte de leurs appels pour préparer les bases de la société de demain dans laquelle ils aspirent à évoluer ?

  • L’adolescent est-il considéré comme un individu agaçant, révolutionnaire, contradictoire, conflictuel à un tel point que son point de vue est considéré comme inutile et ses actes comme des irresponsabilités juvéniles et futiles qui vont se corriger à l’âge adulte grâce à cette « maturité » ?

  • Quelle place dans la société l’adulte consacre réellement à l’adolescent?

  • L’adulte a-t-il donc oublié ce qu’il était par le passé lors de son adolescence ? Parmi ces idées, n’y en a-t-il pas beaucoup qui sont finalement avérées ? Etait-il totalement dans l’erreur ?

N’oublions pas que les enfants nous apportent les plus grandes leçons de l’Histoire et souvent bluffent leurs parents par leur clairvoyance et leur force d’esprit. Un aviateur bien connu nous l’a rappelé dans son œuvre :

Pour conclure, en un sens c’est un tacle que les lycéens se mobilisent. Il est facile de dire que les lycéens ne sont pas en âge de raisonner en matière de politique ou d’avenir alors que le gouvernement devient incohérent quand il aimerait baisser l’âge de responsabilité pénale à 13 ans!

13 réflexions sur « Après les scandales des casseurs, les adultes doivent se remettre en cause! »

  1. Encore une fois, je dirais que les ados étaient beaucoup plus responsables avant!
    1981, la crise d’ado qui en a entendu parler ?
    Qui a eu droit de la faire ?
    Aui a osé manqué de respect à son père ou à un prof sous prétecxte qu’il était en pleine crise d’adolescence?

    On veut nous faire coire qu’un ado actuel a une maturuté d’espri( identique à la génération d’avant, je veux bien, mais alors que leur foutue crise d’ado reste dans un tiroir!

    Quand on arrêtra de nous bassiner avec cette crise qui dure de 12 ans à 20 ans, alors OK, on pourra les voir comme responsables!

    je suppose que la C4Nienne c’est moi, et je ne vois pas le forum par contre, c’est où ?
    Suis-je la seule à voir ce qui crève les yeux ?

    J’ai travaillé à 16 ans, et j’ai pratiquement plus travaillé à partir de 18 ans quand j’ai eu mon premier enfant ! hormis 3 ans depuis car j’ai élevé 5 enfants et un autre pendant 9 ans…La retraite ? je n’y pense même pas!

  2. [quote]N’oublions pas que les enfants nous apportent les plus grandes leçons de l’Histoire et souvent bluffent leurs parents par leur clairvoyance et leur force d’esprit. Un aviateur bien connu nous l’a rappelé dans son œuvre :[/quote]

    Très belle réflexion et réaliste!Les parents « se forment » au fur et à mesure que leurs enfants grandissent!
    Les jeunes sont plus responsables qu’avant!Avant,les parents avaient tjs raisons!!

    [quote]Qu’appelle t-on exactement « maturité » qui donnerait droit aux adolescents de se mobiliser pour ou contre une idée ?[/quote]

    [b]la maturité n’est pas l’apanage des « adutes »[/b]!!Il y a des adultes qui restent « adolecent » dans le mauvais sens du terme toute leur vie!

  3. Exact, la C4Nienne c’est vous Sibylle ;D ; en ce qui concerne le forum c’était une réaction a un article publié sur orange.fr

    Je pense en outre que par le passé, tout les adolescent sont passé par ce qu’on appelle « crise d’ado ». Je suis d’accord avec ce fait que certes ce n’est pas pour autant que l’on manquait de respect pour les profs etc.
    Ce qui change à mon avis c’est que la société n’a plus du tout le même axe de vision et de mentalité, le tout alimenté par la société de consommation.

    Par le passé la société était « oedipienne », c’est à dire centrée sur l’ordre, la cellule familiale et principalement l’instauration des règles éducatives et civiques. Et cette vision a ses origines phares sous Pétain « Travail, Famille, Patrie ». Et la crise d’adolescence était inaperçue car « étouffée » sous le poids des remontrances de l’irrespect et des sanctions qui pouvaient tomber en cas de manquement à l’autorité parentale.

    De nos jours la société est plutôt « narcissique ». Tout est axé sur le paraitre, l’image, le « Moi JE »…je suis beau, je dois avoir, je veux, me fiche de toi car moi je, je n’ai pas donc je suis has been, et la société de consommation n’a fait qu’exarcerber les choses.

    Peu importe les valeurs socles d’antant du respect et de la famille car aujourd’hui il faut avoir et ne pas avoir signifie être en souffrance. Comme le respect n’est plus la priorité cette volonté d’avoir toujours plus et de suite s’est montrée, et pour mettre un nom sur cette tendance à l’irrespect, la volonté contradictoire, le côté rebelle etc. les spécialistes l’on appellée « crise d’adolescence ».

    Ce n’est pas encore pour demain, mais si nous passons 2012, nous reviendrons probablement à une société « oedipienne » tot ou tard…Encore une fois regardons l’Histoire elle est passée par plusieurs phases identiques entre guerres et accalmies.

  4. Et bien je pense que le juste milieu ne serait pas de trop!

    Il faut déja arrêter de tout donner aux enfants dès qu’il commencent à faire un caprice, ensuite il faut obliger le respect…mutuel!

  5. Ah, Julien, si je vous disais qu’en cette triste défaite sociale (qui ouvre grand les portes à toutes les réformes les plus réactionnaires!) votre article, qui défend la jeunesse, me fait chaud au coeur ???
    Où placer d’éventuels espoirs futurs ? Chez les retraités tendance Le Pen ? Chez les adultes « tellement matures » qui ont voté Sarko? Et bien AU SECOURS!!!!

  6. Siempre,
    Une révolution ne se fait pas en un jour.
    Les gens sont rentrés chez eux, certes, mais mécontents, près à revenir à la charge à la première occasion.
    Il faut continuer à informer, à argumenter, à remuer le fromage blanc de gens. C’est ca que je fais au quotidien. Sans forcément afficher mes idées, mais en mettant en évidence les dysfonctionnements du système. J’obtiens quelques résultats.
    Les retraités tendance Le Pen, ce ne sont pas eux, de toute manière, qui prendront la bastille. Ils resteront dans leurs chaumières quoi qu’il arrive !
    On s’en fout d’eux. De toute manière, on ne peut rien pour eux : quand on est c… à 70 ans, c’est qu’on ne sera jamais intelligent.
    Ceux qu’il faut convaincre, ce sont les moins de 60 ans. Ceux qui peuvent encore changer d’avis.

  7. Pour en revenir au débat, je ne crois pas que l’on s’assagisse forcément en vieillissant. Certains pourraient vivre deux vies de plus qu’ils n’en seraient pas plus intelligents.
    Les lycéens n’ont pas d’expérience, pas de recul, mais certains ont un cerveau.

    Le bourgeois gentilhomme Sarkozyste de 50 ans a de l’expérience, des relations, mais rien dans la tête. Il est donc moins apte à s’exprimer que certains lycéens.
    Voir mon vieil article : [url]http://www.come4news.com/ces-nouveaux-bourgeois-gentillhommes-666319[/url]

    Les lycéens n’ont en général pas l’aisance verbale nécessaire pour défendre leur cause. Mais quand vous voyez les français interrogés par la télé, ce n’est parfois pas mieux.
    Il faut dire que les médias choisissent leurs cibles et posent des questions auxquelles il est difficile de répondre de manière concise : « pourquoi vous êtes en grève ? » « Que pensez-vous de cette réforme des retraites ? »
    Il est difficile, mais quand on est lycéen avec de vraies idées, de s’expliquer en 5 secondes sur le sujet !
    En revanche, le Sarkozyste, lui, y parviendra : « les grévistes nous emmerdent et nous empêchent de travailler ».
    La limite des 5 secondes n’est pas gênante, puisque le raisonnement du Sarkozyste ne va pas plus loin que ça.

  8. Julien,

    Enfin un article intelligent sur ce sujet; sans parler des forum, j’ai été choquée par la stupidité de certains commentateurs télé sur cette question, répétée et amplifiée ensuite par des causeurs du net peu créatifs.

    Cela m’a fait penser à la chanson de Brassens

    [url]http://www.dailymotion.com/video/xd396_brassens-quand-on-est-con[/url]

    [url][/url]

    J’en ai vu un samedi, à Toulouse, en procession et je les ai trouvé bien sympathiques, humains, enthousiastes, creatifs, ces « petits jeunes », votre avenir.

  9. Poisson rouge: bien sûr que vous avez raison et votre commentaire me remonte (un peu!) le moral… Bien sûr qu’il va falloir continuer, mais mobiliser les gens mécontents, c’est tellement difficile! là, il était intéressant de voir ce système nouveau: manif en semaine pour ceux qui peuvent, manif le samedi pour les travailleurs du Privé et ceux qui sont en situation ne permettant pas la moindre grève.
    Et les manifs du samedi auraient dû mobiliser des millions de mécontents: ce ne fut pas le cas.Je ne renoncerai jamais, mais pour l’instant, je suis énormément déçue!
    Ce qui ne m’empêche pas de penser comme vous que:[quote]je ne crois pas que l’on s’assagisse forcément en vieillissant. Certains pourraient vivre deux vies de plus qu’ils n’en seraient pas plus intelligents.
    Les lycéens n’ont pas d’expérience, pas de recul, mais certains ont un cerveau.
    [/quote]

  10. Siempre,
    Les gens sont rentrés dans le rang parce que ce sont des idiots.
    Et ils sont idiots [b]parce qu’ils sont gavés de propagande à longueur de temps[/b].
    Si vous ne regardez que la télé, vous vous dîtes qu’il n’y a aucun moyen d’améliorer la situation, que la crise économique et la menace des délocalisations nous oblige à des sacrifices…
    Il faut [b]avoir le temps et l’envie de s’informer et de réfléchir[/b] pour s’apercevoir que les pays Asiatiques sont, eux aussi, touchés de plein fouet (on leur dit que ce sont les occidentaux qui ont le pognon), que l’on nous raconte des conneries à longueur de temps, qu’autre chose est possible (même sans aller jusqu’au communisme de Marx), et que, finalement, le bas peuple est tel les esclaves au fond de la caverne de Platon.
    Honnêtement, je n’espérais pas de révolution maintenant.
    J’espérais que le conflit reste existant, malgré son -inévitable- perte d’intensité. Qu’il reste vivant de pas quelques étudiants qui restent en grève. Que les uns reprennent le travail pendant que les autres reprennent la grève, qu’il y ait des périodes fortes et des périodes creuses et que ce soit, finalement un temps de réflexion qui précède la destitution du président de la république par le peuple qui viendrai au moment où le peuple se dirait [i] »finalement, on est assez »[/i].

  11. [quote]Honnêtement, je n’espérais pas de révolution maintenant.[/quote]
    Moi non plus, mais je pensais réellement que les grèves, manifs et le mécontentement populaire en général aurait résisté à une semaine de vacances et au manque évident de conviction de la gauche socialiste (?!) et des syndicats tiédasses…
    J’espère que votre analyse est juste, Poisson rouge ! Vous avez un avantage certain sur moi, et même deux: c’est que votre cerveau fonctionne mieux et que votre éloignement permet plus de recul…(cela fait trois semaines que j’ai le nez dans le guidon!!!)

  12. Siempre,
    Ça peut toujours redémarrer…
    Le problème, c’est que le mouvement est resté dépendant des syndicats et du PS, institutions toutes corrompues. Donc, l’ennemi pouvait arrêter le mouvement quand il le voulait.
    Il nous faut un mouvement indépendant et qui ne s’arrête pas sur simple claquement de doigts sur pouvoir en place.
    Le mouvement n’est pas obligé de commencer par une grève.
    Je pense qu’il faut déjà se compter.
    Le NPA ne peut rassembler assez de monde. Ils faut rassembler les gens autour d’un certain nombre d’objectifs communs, mais pas une révolution prolétarienne. La nécessité d’une révolution, c’est une conclusion qu’ils tireront plus tard et par eux-mêmes, à la suite de la grande période de réflexion que nous allons devoir créer.
    Le plan d’action doit se dérouler par cycle : action -> réflexion -> conclusions -> définitions d’objectifs -> action -> réflexion ….
    La première action doit être modeste Je pensais à lancer un appel pour que tous ceux qui partagent les mêmes objectifs (d’abord modestes) sortent de chez eux 5 min tous les jeudis soirs à la même heure. Ça n’engage à rien. Et si ils voient les voisins faire pareil, ils se diront « tiens, je ne suis pas le seul à en avoir ras le bol »

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