Reprenons. À la question "Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l'Europe ?", 54,68% des électeurs français ont répondu "non".

Que décide alors de faire le président avec son traité dit "simplifié" (flagrant foutage de gueule sémantique) : faire rédiger la copie conforme* du TCE, de façon illisible pour qui n'est pas agrégé en droit, ne pas la faire lire aux Français de toutes façons, et la faire adopter vite fait bien fait par le Parlement, puisque le vote du peuple l'a rejetée !

Un véritable coup de force contre la démocratie. Opéré avec un cynisme absolu, puisque Sarkozy avait annoncé thumb_quilesclairement dès mars dernier qu'il n'organiserait pas de référendum justement par crainte que le vote ne soit négatif. "Qui peut avoir peur du peuple dans une démocratie?", l'interpelle l'ancien ministre socialiste Paul Quilès. Un texte qui a été rejeté par référendum doit de nouveau être soumis à référendum". Avec son club Gauche Avenir, il demande aux parlementaires de bloquer la ratification.

Le processus est simple : pour faire voter la modification préalablement nécessaire de la Constitution, puis la ratification du texte de Lisbonne, le Congrès, réunion pléniaire des députés et sénateurs, doit répondre "oui" à la majorité des trois-cinquièmes. Sortons les calculettes : il suffit que 363 parlementaires sur 908 votent "non" pour faire capoter le projet, et ainsi imposer un référendum.

Et ça tombe bien : l'UMP et ses apparentés, même avec l'appui du Nouveau Centre, ne dispose pas cette majorité ! "Maintenant je demande que chacun respecte ses engagements. Ceux qui réclamaient un référendum durant la campagne présidentielle savent lienmannque c'est désormais possible", constate une autre membre de Gauche Avenir, la députée européenne Marie-Noëlle Lienemann.

Comme sur des roulettes : avec 61% des Français (sondage CSA), le PCF, les Verts, le Moudem et le PS sont tous en faveur d'un nouveau référendum. Leurs élus au Congrès n'ont donc qu'à voter "non". Faute de quoi se rendraient-ils complices de cette véritable trahison de la démocratie.

Et vous savez quoi ? Eh bien les "socialistes" s'apprêtent à le faire. "Si Ségolène Royal avait été élue présidente de la République, nous aurions fait un référendum. Nicolas Sarkozy est sur une autre ligne, celle de ne pas organiser un référendum. Je déplore cette position et j'en prends acte", déclare leur Premier secrétaire François Hollande. Ah ? Alors le PS va voter "non" ? Pas du tout ! "Nous laisserons passer ce texte, nous ne nous opposerons pas à ce traité simplifié", annonce Flamby.

On mesure à quel point les "socialistes" sont opposés à une ratification parlementaire : ils ont les moyens de s'y opposer, de contraindre Sarkozy au référendum mais ils y renoncent. Quel mépris pour les millions de Français qui ont rejeté le TCE !

Alors à chacun de faire pression, d'écrire au député de sa circonscription pour exiger un nouveau référendum, en lui rappelant que vous saurez vous souvenir de son vote lors des prochaines échéances électorales. Peu de chance que ça influence un élu sarkoziste. Par contre, si les "socialistes" persistent à voter "oui", qu'ils soient prévenus que leurs électeurs les sanctionneront de façon impitoyable.

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* : Valéry Giscard d'Estaing, ancien président de la commission sur la Constitution européenne: "Dans le traité de Lisbonne, rédigé exclusivement à partir du projet de traité constitutionnel, les outils sont exactement les mêmes. Seul l'ordre a été changé dans la boîte à outils." (Le Monde du 26 octobre 2007)
José Luis Zapatero, Premier ministre espagnol: "Nous n'avons abandonné aucun point essentiel de la Constitution." (discours du 27 juin 2007)

Angela Merkel, chancelière allemande: "La substance de la Constitution est préservée, c'est un fait." (Daily Telegraph du 29 juin 2007)