Anne Roumanoff dirait : « On ne nous dit pas tout ! « 

  A vouloir trop réduire les frais, faire des pôles hospitaliers universels et polyvalents, on arrive à dégrader l’ensemble de la santé et mettre en danger les citoyens.

Comment en sont ils arrivés là ? Baisse des aides aux petits hôpitaux qui eux-mêmes pour survivre diminuent la qualité des conditions de travail de leurs employés (médecins, infirmières, aides soignants…). Ces mêmes employés fuient alors ces petits hôpitaux qui sont obligés donc de réduire à nouveaux le flux des patients entrants ainsi que l’investissement dans des appareils performants, et ainsi de suite, ce qui fait que ces hôpitaux sont considérés comme inutiles, incapables d’assurer un suivi des patients.

Les patients se tournant donc vers les grands hôpitaux, le planning d’attente devient long ! Simple exemple pour une banale consultation ophtalmologique, le temps d’attente est de 16 mois.

Bien évidemment concernant la santé, on veut régler les problèmes au plus vite, donc on retourne voir les petits hôpitaux et pour satisfaire la demande des patients, ces hôpitaux en perdition font appel aux « médecins mercenaires » c’est-à-dire un médecin (chirurgien principalement) intérimaire, qui va pratiquer des dépassements d’honoraires absolument faramineux non remboursés, effectuer l’intervention mais avec un suivi et une traçabilité totalement inexistante, mettant en péril la santé du patient.

Et dire que son Altesse Sarkozy, se vantait aux Etats Unis qu’en France on ne présentait pas sa carte bleue avant d’entrer à l’hôpital !

Je répète à nouveau, lisez « Le livre noir des hôpitaux » ; c’est à frémir de peur et d’indignation.

Selon un récent communiqué, je cite : Les services de chirurgie et de maternité dont l’activité est jugée trop faible pour garantir la sécurité des patients – essentiellement basés dans des villes moyennes – sont menacés de fermeture à terme par des décrets gouvernementaux en préparation.

Il faut savoir qu’un hôpital vit surtout avec un service de chirurgie. Si la chirurgie ferme, ce ne sont pas les services de médecines qui vont amortir les frais. L’établissement est donc condamné.

Reprenons un peu cette simple phrase et analysons comment ils essaient de faire passer la pilule : « activité trop faible pour garantir la sécurité des patients ».

La sécurité ? Disons plutôt la rentabilité, ce qu’ils n’osent pas dire.

Car dans le cas d’un accouchement inopiné, la mère est-elle plus en sécurité dans une ambulance ou au domicile assistée par des pompiers faute de maternité proche ? Si une hémorragie se déclenche ou que l’enfant ait besoin d’une réanimation…je doute que l’argument se tienne.

Poursuivons l’analyse :

« essentiellement dans des villes moyennes ». Ce qui veut dire qu’ils fermaient déjà les hôpitaux et les maternités de proximité qui s’avéraient bien utiles dans les cas d’urgence ; désormais même les villes moyennes se verront destitués de leur centre hospitalier, donc des emplois en moins. On devra donc s’attendre à voir s’agrandir des super-hôpitaux déjà implantés dans les villes de taille supérieure.

Dans les cas favorables, on pourra élargir les murs, mais dans d’autres centres, malheureusement les murs ont déjà atteint les enceintes des parkings pour visiteurs.

Mais ces super centres de soins garantiront-ils la sécurité des patients ? Sincèrement je ne crois pas. On pourrait être d’accord sur certains points. A dire vrai, fondamentalement pour une opération programmée 6 mois à l’avance, où est le problème réel hormis l’organisation et l’éloignement familial par exemple ?

Sauf que dans l’urgence d’un Accident vasculaire cérébral où chaque minute passée est une perte irréversible des capacités du cerveau, comment justifier que ce n’est pas si grave si le centre hospitalier adéquat le plus proche est à plus de 120 kilomètres ?

Idem dans le cas d’un infarctus du myocarde, d’un polytraumatisé, d’un grand brûlé, hémorragie post-partum et j’en passe…

L’éloignement de plus en plus important des centres hospitaliers sera fatal à beaucoup de personnes.

Vous savez probablement que des défibrillateurs automatique fleurissent peu à peu sur le territoire et sont utilisables par tous. On se vante de faire des formations de secours, de sensibiliser le grand public à l’utilisation du défibrillateur et d’une chaine de survie où l’évacuation et hospitalisation doit être la plus précoce possible. Cela devient totalement ridicule si aucun centre hospitalier ne se trouve à moins d’une demi-heure de route par l’équipe médicale !

Revenons au sujet, à quoi devrons nous nous attendre ? Un plus grand flux dans des centres qui n’embaucheront certainement pas plus (faut pas rêver) et qui ne sauront gérer le nombre de patients, donc par exemple plus de temps d’attente dans les services d’urgence ou un planning surchargé des interventions chirurgicales.

Cause en conséquences, une dégradation de la prise en charge des patients dans ces super-hôpitaux car surpeuplés.

 Ce qui va se traduire forcément par un « tri sélectif » (ça sonne bien avec le Grenelle de l’environnement). Ce tri des patients se faisait déjà mais on avait un laps de temps encore acceptable. A l’avenir, il y a fort à parier que ce tri par les médecins se fera en fonction des cas les plus graves (normal, mais tant pis pour les autres), et la société devenant de plus en plus cupide, le tri se fera avec l’importance du portefeuille et de la position sociale du patient. Les dépassements d’honoraires seront systématiques et inévitables auquel cas le chantage sera vite-fait : « Vous ne voulez pas ? et bien trouvez un chirurgien qui veut bien vous prendre, moi j’ai une liste d’attente très longue ! ». (Ce qui se fait déjà malgré tout).

Bien sûr que non M.Sarkozy on ne présente jamais sa carte bleue avant une prise en charge (on fait un chèque !) . En bref, la médecine deviendra à deux vitesses, mais cela deviendra officiel.

Mais ne voyons pas tout en noir. Une dernière chance est allouée aux hôpitaux concernés pour ne pas voir fermer leurs portes. L’argument avancé étant que moins le chirurgien fait d’intervention, moins sûr est son geste. Oui et non car pas mal de chirurgiens opèrent dans plusieurs centres hospitaliers.

Les hôpitaux devront en trois ans remonter leurs nombres d’interventions à un minimum. Cette opportunité n’est offerte qu’aux établissements ayant effectué 1050 à 1500 interventions par an (notez, c’est déjà pas mal).

A partir de ce nombre d’interventions, il ne faut pas être dupe, ce n’est pas la sécurité qu’ils recherchent, mais la rentabilité.

L’argument est alors erroné ou du moins il n’est pas suffisant, il fallait aussi prendre en compte le nombre d’interventions effectuées par le chirurgien. En somme, c’est encore le patient qui va devoir subir les mesures.

 Concluons l’analyse de la phrase : « sont menacés de fermeture à terme par des décrets gouvernementaux en préparation ».

Et oui, pour l’instant ces textes ne sont pas encore officiels, mais ils le seront certainement, et dans le feutré. Etrange que ces dispositions soient annoncés justement en pleine période très médiatique en tout point.

Le mondial du foot n’étant plus assez puissant, les scandales des politiques, le tour de France (bof si peu) et enfin les démissions des ministres, tout cela n’était-il pas aussi fait et conjugué pour faire un écran de fumée le plus épais possible et dissimuler ces décisions ?

Mais ce qui peut mettre la puce à l’oreille, c’est que ces décisions ne seraient effectives qu’à partir de 2012…Il aurait été étonnant que cela démarre en 2011. En effet ces mesures ne seraient pas du meilleur effet sur l’opinion des Français sur le Gouvernement et donc Sarkozy.

C’est encore un indice qui prouve que son altesse met tout en branle pour se représenter en 2012 ou laisser la possibilité à son dauphin Fillon de prendre son trône.

Après tout, peu importe si ces décisions seront impopulaires en 2012, dans un cas ce sera son second mandat donc plus de cheveux blancs à se faire quant à un autre mandat présidentiel ; dans le second cas, c’est un cadeau empoisonné pour le suivant qu’il soit de droite ou de gauche ; lui sera au repos avec une bonne retraite. Pour se faire un pécule de plus, il se représentera à Neuilly !

Vous voyez ? On ne nous dit pas tout !

11 réflexions sur « Anne Roumanoff dirait : « On ne nous dit pas tout ! «  »

  1. La révolte gronde dans les rangs…il est vrai que l’on assiste de plus en plus à ce phénomène de médecine à deux vitesses.
    Cela fait le chou gras des mutuelles qui sont de plus en plus nombreuses et offre de plus en plus de prestations de remboursement pour les médecines alternatives.
    Mon mari Kiné observe un nombre croissant de patients qui repoussent in extremis une opération pour diverses raisons ,certains arguments reviennent comme l’apréhension du dépasement d’honoraires qui ne seraient pas pris en charge par leur mutuelle,le choix de l’établissement qui garantirait des soins optimum et la peur de la non disponibilité du
    personnel infirmier renforce leurs inquiétudes.
    Au final des patients qui se font opérer avec un handicap de plus en plus conséquent.

    Est ce que vous savez si dans nos pays voisins dans l’Europe se retrouvent dans le même
    contexte ou est ce dù essentiellement à la politique française ?
    Merci de nous sensibilisé par votre article à cette problématique.

  2. [b]Bonjour Julien,

    J’ai failli en faire un « cri de guerre » sous forme d’article, mais « tous comptes faits », le manque d’humeurs en ce moment me fait mettre l’information sous votre article :
    J’en ai fait l’expérience cette semaine :

    Le déremboursement de certains médicaments est effectif depuis le 4 juillet. (peut-être même depuis le 1er, mais je n’en ai eu besoin qu’à partir du 4.)
    Je me suis vue refuser 4 remboursements sur 4 médicaments qui sont passés en classe « confort ».

    La Sécurité Sociale ne remboursant que 15% du prix facturé.

    Dans ces « pilules » se trouvent des médicaments pour les bébés, les enfants, les vieillards, certains sont indispensables et améliorent le quotidien de ces personnes « à risques ».
    je ne les citerai pasles noms, mais vous pourrez les retrouver sur le Net.

    Ajoutés à ceux des dernières années, ces remèdes vont bientôt être tous à la charge du malade.

    C’est une HONTE.

    l’avenir des malades est en danger de MORT.
    Les Pharmacies aussi…

    SOPHY[/b]

  3. [b]Bon, je vois qu’aujourd’hui tout le monde préfère chanter plutôt que de déchanter….

    Après tout pourquoi pas !!![/b]

  4. Hello Sophy !
    Après une année dure en émotions :crise économique,catastrophes naturelles,desillution de
    la politique ,de l’intégrité des hommes politiques,les nombreuses réformes du système de santé et autres ,les français aspirent peut-être à évacuer tout ce stress et profiter du beau temps pendant qu’il en est « encore temps » et enfin se mettre les doigts de pieds en éventail et chanter avant de recommencer à déchanter ! 😉

  5. [b]Tu as surement raison mécarryce, jouons les cigales, nous redeviendrons fourmis bien assez tôt, bien avant la bise en tous cas.
    Alors « Gai les coeurs »
    bisou a Toi
    Sophy
    Et Julien dans tout çà, il est OÙ ????[/b]

  6. Sophy,
    Sur la plage où au boulot !peut-être dans une blouse blanche opère t-il à coeur ouvert ?
    Il est bien informé du système de santé !

    Bisous :-*

  7. Oouuups Bonsoir je suis là,
    Désolé de me manifester que si tard, un aléa de santé.

    Mais effectivement certains médicaments se voient déremboursés et la liste va s’allonger de plus en plus chaque année jusqu’au jour où Surprise! Payez vos médicaments en intégralité; on y viendra vous verrez.

    J’ai fait le très désagréable songe qu’à l’avenir, ce seront les infirmières qui vont faire les factures voire même des devis et les donner aux patients avant de sortir.
    Cela aussi, on y viendra, peut être pas sous cette forme précaire, mais on y viendra.

    Je ne sais plus qui l’a écrit, mais à votre avis pourquoi on en vient là: oui refrain habituel, économies, mais aussi par la perversion de faire souffrir des patients notamment agés…et dans la souffrance en faire partir quelques uns plus tôt, ce serais bien pratique!
    On les voit a la TV prévenant: hydratez vous bien, regulièrement etc…mais sous ces airs interressés certaine personne se frottent probablement les mains d’une nouvelle canicule version 2003 !

    Mon article était certes long, mais un autre article paru dans un journal local ce matin me montre que j’avais entres autres choses raison, à savoir que ce n’était pas uniquement sur le nombre d’interventions qui a eu lieu dans l’établissement qu’il fallait prendre en compte mais aussi le nombre fait par le chirurgien…Et en voyant les chiffres effectivement, l’argument de dire que le faible nombre d’intervention d’établissement rend le geste du chirurgien moins sûr tombe automatiquement. En effet un chirurgien opère souvent dans plusieurs centres hospitaliers et pratique donc au minimum jusqu’à 2000 interventions par an.

    Au delà de ça, les responsables veulent rassurer de suite: ce ne sont que les services de chirurgie qui sont concerné, pas les hopitaux!
    Oui mais un service de maternité sans service de chirurgie pour pratiquer par exemple des césariennes, c’est dangereux.
    Pareil un service d’urgence qui ne peut transférer d’urgence un patient qui a besoin d’un intervention chirurgicale en bloc, aucun intérêt.
    Idem pour la pédiatrie, neurologie et cardiologie.
    Donc à un hôpital retirez la chirurgie, il devient obsolète et dangereux; que reste t-il: de la médecine, autant dire un gouffre financier qui ne rapporte rien. donc comme je l’ai signalé l’hopital est condamné.

  8. oups, on voit que j’ai des ratés ce soir…je voulais inclure le nom de l’oeuvre « On achève bien nos vieux »

    autant ajouter une fois de plus « Le livre noir des hôpitaux »

  9. Sinon Sophy, ne vous en faites pas, les pharmaciens tirent bien leurs épingles de notre pelote de soucis.
    En effet même remboursés de moins en moins, il y a des médicaments dont certains patients (tout comme moi) ne pourront se passer sans lesquels ils peuvent risquer leur vie, comme certaines maladies cardiaques, pulmonnaires, neurologiques ou hormonales.

    C’est vers eux le plus souvent que l’on se tourne pour la location par exemple de matériel médical (lit, béquilles, attelles,…); de même certains médicaments courant que l’on se procure et sur lesquels rarement ils proposent du générique (paracétamol par exemple).

    Les pharmaciens sont les points où l’on se fournit les vaccins en tout genre.

    Bref pour avoir travaillé (oh si peu longtemps) en pharmacie et fait un BTS où il y avait la pharmaceutique, il y a pas mal de branches auquelles les pharmaciens sauront se raccrocher!

Les commentaires sont fermés.