A vouloir trop réduire les frais, faire des pôles hospitaliers universels et polyvalents, on arrive à dégrader l’ensemble de la santé et mettre en danger les citoyens.

Comment en sont ils arrivés là ? Baisse des aides aux petits hôpitaux qui eux-mêmes pour survivre diminuent la qualité des conditions de travail de leurs employés (médecins, infirmières, aides soignants…). Ces mêmes employés fuient alors ces petits hôpitaux qui sont obligés donc de réduire à nouveaux le flux des patients entrants ainsi que l’investissement dans des appareils performants, et ainsi de suite, ce qui fait que ces hôpitaux sont considérés comme inutiles, incapables d’assurer un suivi des patients.

Les patients se tournant donc vers les grands hôpitaux, le planning d’attente devient long ! Simple exemple pour une banale consultation ophtalmologique, le temps d’attente est de 16 mois.

Bien évidemment concernant la santé, on veut régler les problèmes au plus vite, donc on retourne voir les petits hôpitaux et pour satisfaire la demande des patients, ces hôpitaux en perdition font appel aux « médecins mercenaires » c’est-à-dire un médecin (chirurgien principalement) intérimaire, qui va pratiquer des dépassements d’honoraires absolument faramineux non remboursés, effectuer l’intervention mais avec un suivi et une traçabilité totalement inexistante, mettant en péril la santé du patient.

Et dire que son Altesse Sarkozy, se vantait aux Etats Unis qu’en France on ne présentait pas sa carte bleue avant d’entrer à l’hôpital !

Je répète à nouveau, lisez « Le livre noir des hôpitaux » ; c’est à frémir de peur et d’indignation.

Selon un récent communiqué, je cite : Les services de chirurgie et de maternité dont l’activité est jugée trop faible pour garantir la sécurité des patients – essentiellement basés dans des villes moyennes – sont menacés de fermeture à terme par des décrets gouvernementaux en préparation.

Il faut savoir qu’un hôpital vit surtout avec un service de chirurgie. Si la chirurgie ferme, ce ne sont pas les services de médecines qui vont amortir les frais. L’établissement est donc condamné.

Reprenons un peu cette simple phrase et analysons comment ils essaient de faire passer la pilule : « activité trop faible pour garantir la sécurité des patients ».

La sécurité ? Disons plutôt la rentabilité, ce qu’ils n’osent pas dire.

Car dans le cas d’un accouchement inopiné, la mère est-elle plus en sécurité dans une ambulance ou au domicile assistée par des pompiers faute de maternité proche ? Si une hémorragie se déclenche ou que l’enfant ait besoin d’une réanimation…je doute que l’argument se tienne.

Poursuivons l’analyse :

« essentiellement dans des villes moyennes ». Ce qui veut dire qu’ils fermaient déjà les hôpitaux et les maternités de proximité qui s’avéraient bien utiles dans les cas d’urgence ; désormais même les villes moyennes se verront destitués de leur centre hospitalier, donc des emplois en moins. On devra donc s’attendre à voir s’agrandir des super-hôpitaux déjà implantés dans les villes de taille supérieure.

Dans les cas favorables, on pourra élargir les murs, mais dans d’autres centres, malheureusement les murs ont déjà atteint les enceintes des parkings pour visiteurs.

Mais ces super centres de soins garantiront-ils la sécurité des patients ? Sincèrement je ne crois pas. On pourrait être d’accord sur certains points. A dire vrai, fondamentalement pour une opération programmée 6 mois à l’avance, où est le problème réel hormis l’organisation et l’éloignement familial par exemple ?

Sauf que dans l’urgence d’un Accident vasculaire cérébral où chaque minute passée est une perte irréversible des capacités du cerveau, comment justifier que ce n’est pas si grave si le centre hospitalier adéquat le plus proche est à plus de 120 kilomètres ?

Idem dans le cas d’un infarctus du myocarde, d’un polytraumatisé, d’un grand brûlé, hémorragie post-partum et j’en passe…

L’éloignement de plus en plus important des centres hospitaliers sera fatal à beaucoup de personnes.

Vous savez probablement que des défibrillateurs automatique fleurissent peu à peu sur le territoire et sont utilisables par tous. On se vante de faire des formations de secours, de sensibiliser le grand public à l’utilisation du défibrillateur et d’une chaine de survie où l’évacuation et hospitalisation doit être la plus précoce possible. Cela devient totalement ridicule si aucun centre hospitalier ne se trouve à moins d’une demi-heure de route par l’équipe médicale !

Revenons au sujet, à quoi devrons nous nous attendre ? Un plus grand flux dans des centres qui n’embaucheront certainement pas plus (faut pas rêver) et qui ne sauront gérer le nombre de patients, donc par exemple plus de temps d’attente dans les services d’urgence ou un planning surchargé des interventions chirurgicales.

Cause en conséquences, une dégradation de la prise en charge des patients dans ces super-hôpitaux car surpeuplés.

 Ce qui va se traduire forcément par un « tri sélectif » (ça sonne bien avec le Grenelle de l’environnement). Ce tri des patients se faisait déjà mais on avait un laps de temps encore acceptable. A l’avenir, il y a fort à parier que ce tri par les médecins se fera en fonction des cas les plus graves (normal, mais tant pis pour les autres), et la société devenant de plus en plus cupide, le tri se fera avec l’importance du portefeuille et de la position sociale du patient. Les dépassements d’honoraires seront systématiques et inévitables auquel cas le chantage sera vite-fait : « Vous ne voulez pas ? et bien trouvez un chirurgien qui veut bien vous prendre, moi j’ai une liste d’attente très longue ! ». (Ce qui se fait déjà malgré tout).

Bien sûr que non M.Sarkozy on ne présente jamais sa carte bleue avant une prise en charge (on fait un chèque !) . En bref, la médecine deviendra à deux vitesses, mais cela deviendra officiel.

Mais ne voyons pas tout en noir. Une dernière chance est allouée aux hôpitaux concernés pour ne pas voir fermer leurs portes. L’argument avancé étant que moins le chirurgien fait d’intervention, moins sûr est son geste. Oui et non car pas mal de chirurgiens opèrent dans plusieurs centres hospitaliers.

Les hôpitaux devront en trois ans remonter leurs nombres d’interventions à un minimum. Cette opportunité n’est offerte qu’aux établissements ayant effectué 1050 à 1500 interventions par an (notez, c’est déjà pas mal).

A partir de ce nombre d’interventions, il ne faut pas être dupe, ce n’est pas la sécurité qu’ils recherchent, mais la rentabilité.

L’argument est alors erroné ou du moins il n’est pas suffisant, il fallait aussi prendre en compte le nombre d’interventions effectuées par le chirurgien. En somme, c’est encore le patient qui va devoir subir les mesures.

 Concluons l’analyse de la phrase : « sont menacés de fermeture à terme par des décrets gouvernementaux en préparation ».

Et oui, pour l’instant ces textes ne sont pas encore officiels, mais ils le seront certainement, et dans le feutré. Etrange que ces dispositions soient annoncés justement en pleine période très médiatique en tout point.

Le mondial du foot n’étant plus assez puissant, les scandales des politiques, le tour de France (bof si peu) et enfin les démissions des ministres, tout cela n’était-il pas aussi fait et conjugué pour faire un écran de fumée le plus épais possible et dissimuler ces décisions ?

Mais ce qui peut mettre la puce à l’oreille, c’est que ces décisions ne seraient effectives qu’à partir de 2012…Il aurait été étonnant que cela démarre en 2011. En effet ces mesures ne seraient pas du meilleur effet sur l’opinion des Français sur le Gouvernement et donc Sarkozy.

C’est encore un indice qui prouve que son altesse met tout en branle pour se représenter en 2012 ou laisser la possibilité à son dauphin Fillon de prendre son trône.

Après tout, peu importe si ces décisions seront impopulaires en 2012, dans un cas ce sera son second mandat donc plus de cheveux blancs à se faire quant à un autre mandat présidentiel ; dans le second cas, c’est un cadeau empoisonné pour le suivant qu’il soit de droite ou de gauche ; lui sera au repos avec une bonne retraite. Pour se faire un pécule de plus, il se représentera à Neuilly !

Vous voyez ? On ne nous dit pas tout !